Débat national sur la presse au Parlement : Vers une refonte totale du secteur des médias


Anouar JIHAD
Samedi 30 Janvier 2010

Débat national sur la presse au Parlement : Vers une refonte totale du secteur des médias
Un quart d’heure de vérité passionné et passionnant sous la coupole du Parlement. C’est ce que nous a servi Ahmed Zaidi, chef du groupe socialiste, sur « le plus beau métier du monde » : le journalisme. « Le métier de la presse est devenu un fourre-tout », a-t-il lancé. Reprenant à l’occasion sa casquette de vieux routier de la presse, le député socialiste a créé l’événement ce jeudi soir, lors de l’ouverture du débat national « Médias et société ».
Il a dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. « L’ennemi est d’abord parmi nous », pour paraphraser M. Zaidi. Et cet ennemi s’appelle simplement l’amateurisme. Le salut de la presse passe donc par un travail de remise en question, auquel les professionnels de ce métier sont invités. 
C’est à ce prix-là que le métier pourra sortir de « la zone de turbulences », exhorte M. Zeïdi, qui a regretté que la presse d’aujourd’hui n’ait pas su accompagner les changements structurels que connaît la société, notamment sur le plan politique. « Où en est la presse des dernières mutations politiques?», s’est-il demandé, avec une pointe d’amertume. Mais il y a plus grave. Rappelant les sacrifices consentis par la presse partisane, notamment son rôle dans la lutte pour la liberté d’expression, le député socialiste a dénoncé « l’instrumentalisation » de certains organes de presse par ce qu’il a appelé les « lobbyies » économiques, transformant diverses tribunes en espaces privilégiés pour les règlements de comptes. L’exigence de vérité, un principe de base pour tout journaliste qui se respecte, a fait place à l’affabulation, la délation, la diffamation et autres pratiques qui ne font pas honneur au noble métier d’informer. Les médias audiovisuels n’ont pas échappé à cette volée de bois vert administrée par M. Zeïdi, qui a soulevé la question problématique sur l’absence de qualité dans des médias publics non-attractifs et restés en rade par rapport à l’évolution galopante des chaînes satellitaires arabes. Mais ce réquisitoire, si accablant qu’il puisse paraître, ne devrait pas porter à croire que tout a été perdu pour la presse. « Nous inaugurons au jour d’aujourd’hui un chantier qui jettera les bases d’une presse libre et professionnelle », a affirmé M. Zeïdi, estimant qu’il existe une conscience chez tous les acteurs concernés quant à l’importance de « promouvoir davantage la liberté de la presse ». Revenant sur les procès en série intentés aux journalistes, le député socialiste a déploré les lourdes peines qui leur ont été infligées, indiquant que « l’arme juridique » devrait être sortie en dernier recours. Le même son de cloche a été relevé chez la présidente du groupe istiqlalien pour l’unité et l’égalitarisme, Latifa Bennani Smires.
Lors de son intervention, la député istiqlalienne a   affirmé que les dossiers de la presse devraient avoir un traitement juridique différent. Elle a appelé à la création d’une justice spécialisée, chargée de statuer uniquement sur les affaires impliquant les médias. Un vaste chantier de réformes s’annonce donc pour remettre en selle le métier.  C’est ce qu’a confirmé le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri. « La réforme de la presse est partie et ne s’arrêtera pas », a-t-il dit, annonçant par la même occasion la volonté de l’Etat de revoir à la hausse le montant de l’aide octroyée par l’Etat à la presse. « Les médias sont nos partenaires dans le processus d’animation du processus démocratique », a précisé le ministre Naciri, qui a invité les institutions représentatives du métier à s’associer à l’élan de la réforme qui s’annonce. Le débat, lancé jeudi sur l’avenir de la presse, constitue un premier jalon sur ce chemin-là. C’est ce qu’a indiqué le coordinateur de ce débat, Jamal Eddine Naji. « Ce chantier, initié par des groupes parlementaires des deux Chambres, obéit à une approche moderniste qui permettra de développer la relation entre les médias et la société », a dit M. Naji. Un vœu partagé par les  présidents des chambres des représentants et des conseillers, Mustapha Mansouri et Mohamed Cheikh Biadillah. Ce dernier a appelé à un débat serein, responsable et cadré pour atteindre cet objectif. Mustapha Mansouri a souhaité pour sa part  que ce débat puisse favoriser l’émergence d’un paysage médiatique nouveau. La même tonalité a été relevée chez le président du Syndicat national de la presse marocaine, Younès Moujahid. « Le lancement de ce débat est fort à propos dans la mesure où le Maroc a besoin d’une stratégie bien définie en matière de communication, de presse et d’information », a affirmé M. Moujahid.
Une stratégie dont les contours commencent à se dessiner.   


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