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Flash-back pour mieux comprendre le désarroi des professeurs universitaires et des intellectuels. L’Université Mohammed V a rendu hommage, le 8 juin courant, à Mme Halima Assali. Pour ceux et celles qui ne la connaissent pas et ils sont très nombreux- Mme Assali est membre du bureau politique du Mouvement populaire. Ancienne députée, elle a siégé sous la Coupole pendant deux législatures à la faveur de la liste nationale des femmes. La chronique politique la présente volontiers comme la «dame de fer» de la galaxie harakie où on la dit aussi et surtout faiseuse de ministres. On a beau chercher dans les maigres informations de la biographie de Mme Halima Assali, il n’y a nulle trace de thèses, d’écrits, d’études, de livres qu’elle aurait signés.
Alors, et comme pour mieux se justifier, les organisateurs de l’événement en question -c'est-à-dire l’Université Mohammed V et plus précisément la Faculté des sciences- présentent l’hommage comme «un signe de reconnaissance envers une personnalité féminine forte d’une quarantaine d'années d'engagement politique et d'action associative».
Depuis l’organisation de cet hommage, la stupeur des professeurs et autres maîtres assistants s’est transformée en colère sourde, mettant en avant le délabrement universitaire. «C’est l’université marocaine qu’on pousse un peu plus dans le gouffre», commente ce professeur de la Faculté de droit de Rabat avant de rappeler que «le philosophe Abdallah Laroui n’a pas eu droit à ce même hommage et que le père de la sociologie marocaine, Mohamed Guessous, ne l’a reçu qu’après son décès».
La question est sur toutes les lèvres. Qui a décidé d’un tel hommage rendu à une femme politique qui a peu à voir avec le savoir académique? L’ancien doyen de la Faculté de droit le Haraki Berjaoui, devenu ministre délégué à la Formation professionnelle lors du dernier remaniement ministériel, serait à l’origine de la proposition. Probablement une manière de remercier la faiseuse de ministres. Vraie information ou intox? Aucune confirmation n’a été possible sachant que personne à l’Université Mohammed V ne semble assumer aujourd’hui l’hommage rendu à Mme Assali.
«Après Mahjoubi Aherdane, je suis la deuxième harakie à recevoir un hommage de l’Université Mohammed V», a déclaré sans coup férir Mme Assali à nos confrères du site d’information « 360.ma».
Comme partout dans le monde, l’université marocaine a longtemps été une pépinière politique, un théâtre d’affrontements idéologiques avant de devenir un récipiendaire de l’indigence de la réflexion politique. Les mouvements islamistes ont fini par faire de cet antre du savoir un espace dédié à la médiocrité.
«Avec l’hommage rendu à cette politicienne dont le seul fait d’armes est d’être influente dans son parti, on a touché le fond. Nous assistons aujourd’hui au délabrement académique, scientifique, linguistique, éthique de l’université. C’est le temps de la décrépitude tel que défini par Ibn Khaldoun!», s’exclame cet universitaire et auteur prolifique.
Au ministère de l’Enseignement supérieur, le malaise est palpable. Lahcen Daoudi, le ministre en charge de ce département, aurait demandé des explications au président de l’Université Mohammed V. Le courant réformateur du Mouvement populaire a lui, déjà, saisi celui qui préside aux destinées de l’université de Rabat pour condamner un hommage décidé sur des critères ni scientifiques ni académiques et qui se situe au cœur d’enjeux politiciens.
A quelques mois des élections communales et régionales, tous les coups semblent permis. Et tant pis si c’est l’université marocaine que l’on assassine.