Dans les îles du Pacifique Sud, diabète et obésité font des ravages


Mercredi 24 Décembre 2014

Dans les îles du Pacifique Sud, diabète et obésité font des ravages
L'obésité et le diabète frappent les populations des îles du Pacifique Sud dans des proportions parmi les plus élevées au monde, en raison du changement des habitudes alimentaires, des modes de vie et des prédispositions génétiques.
Plus de la moitié de la population calédonienne (54,2%) est en surpoids ou obèse, contre environ 30% en France métropolitaine, tandis que les enfants calédoniens sont touchés de plus en plus précocement.
"Ce sont de véritables fléaux sanitaires, une réelle épidémie même s'il s'agit de maladies non transmissibles", s'inquiète Bernard Deladrière, en charge de la santé au sein du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, collectivité française en Océanie.
"Chaque année, le nombre de diabétiques augmente de 6% et le pourcentage de la population atteinte de surpoids ou d'obésité a une tendance lourde à s'accroître", poursuit-il.
Dans cet archipel de 265.000 habitants, les données officielles font état de 20.000 personnes diabétiques, soit un adulte sur dix, dont près de la moitié ignore son état puisque seuls 12.000 diabétiques sont suivis.
"Tant que le surpoids ne reculera pas, il n'y aura pas d'amélioration", insiste Dominique Mégraoua, pilote du programme diabète à l'Agence sanitaire et sociale.
"Le baromètre Santé réalisé en 2012 a révélé que 42% des enfants de 12 ans étaient atteints par l'obésité", indique M. Deladrière, précisant que la communauté polynésienne est de loin la plus concernée, en raison de prédispositions génétiques.
Deuxième diagnostic pris en charge, le diabète et les multiples affections qui lui sont associées (insuffisance rénale, hypertension, maladies cardiovasculaires...), coûtent 5,5 milliards de francs Pacifique (46 millions euros) par an à la Cafat, caisse locale d'assurance maladie.
La "malbouffe" et la sédentarité sont désignées comme les principales causes de ce "drame sanitaire".
"Les gens mangent trop gras et trop sucré. Avec l'urbanisation et l'occidentalisation des communautés océaniennes, les gens ne vont plus aux champs, ils ne cultivent plus et achètent des aliments manufacturés", explique M. Deladrière.
Dans ce territoire, aux inégalités sociales profondes, les familles modestes peinent en outre à acheter régulièrement fruits et légumes, largement plus onéreux que dans l'Hexagone.
Face à ces phénomènes, le gouvernement mise "sur une politique transversale", visant à changer les habitudes alimentaires et à inciter à l'activité physique. Il compte aussi sur l'aide des industriels et des importateurs, même s'ils sont peu coopératifs. A Wallis et Futuna, deux minuscules îles polynésiennes de 12.187 âmes, collectivité française d'outre-mer, la situation est encore plus dramatique.
Un rapport de la Cour des Comptes française de juin 2014 sur "La santé dans les outre-mer" a révélé qu'en trente ans, entre 1980 et 2010, le diabète et l'obésité avaient doublé et la prévalence de l'hypertension, triplé. 60% des habitants de l'archipel sont obèses.
La Cour avait parallèlement mis en exergue "la prise en charge défaillante de ces risques, au point que l'espérance de vie recule, un cas de figure unique en France".
"Le problème est venu progressivement, l'ouverture de supermarchés y a contribué. On recommande par exemple aux gens de chauffer les boîtes de corned beef importées de Nouvelle-Zélande pour enlever le gras", explique Serge Pruneau, directeur de la coordination des soins à l'hôpital de Wallis.
Dans les micros Etats polynésiens de la zone, l'ampleur de cette catastrophe sanitaire atteint des records.
"Sur les dix pays où l'on recense proportionnellement le plus d'obèses dans le monde, neuf se situent dans le Pacifique Sud", constate Paula Vivili, directeur par intérim de la Santé publique à la Communauté du Pacifique (CPS).
A Nauru, Tonga, Niue, Samoa ou aux îles Cook, le taux de personnes en surpoids ou obèses est compris entre 80 et 92%. Le poids moyen des femmes est ainsi passé de 73,9 kilos en 1973 à 95 kilos en 2004, dans le petit royaume de Tonga.


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