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"Les bergers et les populations nous ont dit qu'ils se sentent livrés à eux-mêmes", a déclaré Baaba Maal à la presse à Wodobéré, à une vingtaine de kilomètres de Matam-ville (proche de la Mauritanie), dans la vallée du fleuve Sénégal - la région naturelle du Fouta, d'où il est originaire.
Wodobéré (6.000 à 7.000 habitants) est une des localités de la zone que Baaba Maal a visitées en tant qu'ambassadeur de l'ONG Oxfam contre la crise alimentaire. Il y a également donné des concerts, dont une partie des recettes servira à la lutte contre l'insécurité alimentaire. Partout, il a écouté avec attention les préoccupations des habitants, après avoir reçu un accueil festif.
A Mbelogne, "il y a des problèmes d'eau et de nourriture à la fois pour les hommes et pour le bétail", lui a dit Ely Hamady Diallo, chef de cette bourgade d'environ 450 âmes vivant essentiellement de l'élevage.
Ici, une carcasse de bovin gît sur le sol craquelé. Des animaux aux os saillants couchés à l'ombre d'un épineux sont trop faibles et ne peuvent se lever par eux-mêmes. L'unique puits du village, à environ 2 km, est proche du tarissement.
"On ne peut même pas respecter la tradition" du Fouta, peuplé en majorité de Peuls et Toucouleurs, "et vous offrir du lait frais. Ma vache est morte parce qu'elle n'avait plus à manger ni à boire", explique à l'AFP Yacine Diallo, une fillette dans ses bras.
"Nous n'avons plus rien", ajoute cette grande femme entre deux âges, ayant accouru en apprenant la présence du chanteur à Mbelogne. Elle assure que la situation est similaire dans son village de Ndouloumadji, tout proche.
"Le pire peut se passer"
A Dolel, le chef du village Mamadou Gaye ne se plaint pas de la sécheresse mais réclame des pompes, des machines pour l'irrigation des terres et des infrastructures de santé.
Selon Patrick Ezeala, un des responsables d'Oxfam, cette crise alimentaire affecte 800.000 personnes au Sénégal. D'après l'ONG, ce pays peine à nourrir ses quelque 13 millions d'habitants et importe de nombreuses denrées alimentaires comme le riz, qui coûte désormais plus cher.
Au Sahel, environ "20 millions de personnes sont menacées de famine à cause du manque de pluie, des aléas climatiques, mais aussi à cause de la flambée des prix des denrées alimentaires", a déclaré Baaba Maal lors de son concert à Wodobéré, qui a attiré entre 600 et 800 personnes venues des localités voisines.
"D'ici à quelques mois, le pire (...) peut se passer ici sous nos yeux", et "il est vraiment urgent d'agir", a lancé le chanteur, appelant les autorités sénégalaises, les Sénégalais de la diaspora, les organisations internationales à intervenir "pour que le pire soit évité".
Selon lui, il faut de la nourriture pour les populations et le bétail, des engrais, semences, équipements agricoles. Mais surtout "des solutions durables pour une souveraineté alimentaire des pays du Sahel".
Fatouma Sow et Penda Ndiaye, vêtues de beaux vêtements, sont venues ensemble au concert à Wodobéré. Elles ont dansé, chanté, applaudi, en assurant avoir bien entendu le message du chanteur. "Il a parlé de crise alimentaire, ça nous concerne aussi. Avant, on achetait le kilo de riz à 250 FCFA, maintenant, c'est 350 FCFA (de 38 à 53 centimes d'euro). Ici, c'est dur pour tout le monde", soupire Fatouma.