-
Le régime syrien perd la ville d'Alep
-
L'Etat belge condamné pour le placement forcé d'enfants métis au Congo pendant la colonisation
-
Gaza compte le plus grand nombre d'enfants amputés par habitant au monde
-
L'Unrwa annonce suspendre la livraison d'aide par un point de passage clé depuis Israël
-
Biden en Angola pour tenir in extremis une promesse à l'Afrique
La base désaffectée de la Royal Air Force, située dans l'est de l'Angleterre, peut héberger jusqu'à 1.700 migrants, selon le ministère de l'Intérieur. Les premiers sont arrivés en juillet et ils seraient environ 700 actuellement, des hommes de plus de 18 ans, à vivre dans ce centre.
"C'est clairement inadapté surtout pour des gens aussi vulnérables", critique Simon Tyler, directeur de Médecins du Monde pour le Royaume-Uni.
Les hommes viennent pour la plupart d'Afghanistan, de Syrie, d'Irak, d'Erythrée. La traversée de la Manche a été la dernière étape de leur long voyage. Ils sont logés sur la base de Wethersfield en attendant que leur demande d'asile soit traitée.
L'entrée sur le site est strictement surveillée. "Cela ressemble à un centre de détention", dit Simon Tyler. "Ils peuvent sortir mais n'ont nulle part où aller". La base est à plusieurs kilomètres du petit village de Wethersfield, et la première ville est à près d'une demi-heure en voiture.
Il y a encore quelques mois, ces demandeurs d'asile auraient été hébergés dans des hôtels, dans des villes aux quatre coins du pays, mais selon le gouvernement, le coût était trop élevé.
D'autres hommes sont logés sur une barge à quai, dans le sud de l'Angleterre, elle aussi très controversée, et sur une autre base militaire.
Le gouvernement conservateur britannique ne cesse de durcir sa politique contre l'immigration illégale, voulant dissuader les migrants de venir. L'an dernier, 30.000 ont traversé la Manche sur des embarcations de fortune.
Le gouvernement veut expulser au Rwanda les migrants arrivés illégalement pour qu'y soient examinées leurs demandes d'asile, sans possibilité de retour, un projet qualifié de "priorité nationale urgente" jeudi par le Premier ministre Rishi Sunak, sous pression à l'approche des élections législatives.
En 2023, cependant, 67% des demandes d'asile ont reçu une réponse positive.
L'ONG Médecins du Monde, en partenariat avec Médecins sans frontières (MSF), a installé début décembre une clinique ambulante devant l'entrée de la caserne de Wethersfield. C'est une camionnette dans laquelle peuvent être réalisés des soins de base. Chaque semaine, la petite équipe, composée d'un médecin, d'un assistant, en présence souvent de Simon Tyler, vient trois jours et reçoit environ 25 personnes.
Le bouche à oreille a fait son effet parmi les demandeurs d'asile et les rendez-vous s'enchaînent. Certains tentent leur chance en frappant à la porte, même sans avoir réservé de créneau.
Un Erythréen, d'une vingtaine d'années mais visiblement affaibli, arrive pile à l'heure. "C'est dur là-bas", dit-il dans un anglais hésitant, en montrant la base.
Des patients consultent pour diverses douleurs, notamment intestinales, explique Simon Tyler. "Mais le problème numéro un, et de loin, c'est la santé mentale et les problèmes psychologiques", poursuit-il.
Très peu de demandeurs d'asile à Wethersfield parlent anglais, ce qui complique les consultations. L'ONG utilise un service de traduction par téléphone. Les rendez-vous durent jusqu'à une heure, pour que les patients aient le temps d'expliquer leur situation.
"Ils sont désespérés et leurs conditions de vie ici aggravent cela. (...) Certains ont des tendances suicidaires", raconte Simon Tyler.
"Ils ne nous parlent pas de leur terrible voyage jusqu'ici, mais ils nous parlent de leur vie ici. Leur plus grande inquiétude est d'être enfermé dans cet endroit isolé et d'avoir l'impression d'être en prison", poursuit-il.
Régulièrement, les migrants parlent des bagarres dans la base, de la difficulté à dormir. "Certaines personnes vulnérables se sentent constamment en insécurité", raconte-t-il.
L'ONG signale à l'équipe médicale sur la base les personnes à tendance suicidaire: "Mais ils se sentent plus à l'aise avec nous pour parler. Il y a un niveau de confiance élevé. Ils savent que ce qu'ils nous disent n'aura pas d'impact" sur leur demande d'asile.