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Les groupes d'opposition, composés du Groupe socialiste-Opposition ittihadie, du Groupe Haraki, du Groupe du Progrès et du Socialisme et du Groupement parlementaire du PJD, ont pris cette décision après avoir constaté le refus systématique du gouvernement de répondre à leurs demandes de discussion sur des sujets d'intérêt public vital. Les récents examens des facultés de médecine et de pharmacie, une question cruciale pour des milliers d'étudiants et leurs familles, ont été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. En refusant de traiter cette question, le gouvernement a montré une fois de plus son mépris pour le processus démocratique et le rôle essentiel du Parlement.
Loin d’être un acte de défiance gratuite, le retrait des groupes d'opposition est donc un geste profondément ancré dans la défense des principes démocratiques. Il rappelle également que l'institution législative doit être un espace de débat sérieux et constructif, et non un simple théâtre pour la validation passive des décisions gouvernementales.
Le refus du gouvernement de répondre aux demandes de prise de parole sur un sujet aussi important que les examens des facultés de médecine est non seulement un affront aux représentants de la Nation, mais également à l'ensemble des citoyens marocains. Ce rejet de tout débat sur des questions urgentes est symptomatique d'une volonté de contourner la transparence et de réduire au silence toute opposition légitime. C’est également le signe d’une inquiétante déconnexion avec les réalités et les préoccupations des citoyens.
Dans un communiqué parvenu à Libé, les groupes d'opposition soulignent «qu'ils ont, à maintes reprises, soumis des demandes de prise de parole sur des sujets urgents qu'ils estiment cruciaux et bénéfiques pour éclairer et informer l'opinion publique. Cependant, leurs requêtes ont été systématiquement écartées par le bureau de la Chambre, qui ne les a même pas transmises au gouvernement».
Cette posture, relayée également par le président de la session, révèle un profond mépris pour les processus démocratiques et un manque de transparence qui ne peuvent être tolérés dans une démocratie digne de ce nom.
L'absence flagrante de cinq ministres sur neuf attendus à cette session est une autre preuve du manque de sérieux du gouvernement et témoigne du peu de considération qu’il accorde aux mécanismes de contrôle parlementaire. Cette absence non justifiée est aussi un signe clair de désengagement et de manque de respect envers l'institution législative. Les groupes d'opposition ont raison de dénoncer cet état de fait et de refuser de participer à une session où les règles de base du respect mutuel et de la responsabilité sont violées et où les fondements mêmes de notre démocratie sont sapés.
Face à ces défis, les groupes d'opposition ont fait preuve d’une unité et d’une détermination exemplaires. En agissant de la sorte, ils ont montré qu'ils ne se contenteraient pas de jouer un rôle secondaire et qu'ils étaient prêts à défendre bec et ongles les principes de la démocratie. Leur action est un sévère rappel que le Parlement n'est pas une Chambre d'enregistrement pour les décisions de l'exécutif, mais un espace de débat et de contrôle essentiels au bon fonctionnement de notre démocratie et où le gouvernement est tenu de rendre des comptes.
Dans leur communiqué, les groupes d'opposition appellent à une réévaluation urgente de l'attitude du gouvernement envers le Parlement. Ils exigent que les ministres respectent leurs obligations constitutionnelles et légales et qu'ils se présentent devant les représentants de la Nation pour répondre aux questions et participer à des débats ouverts.
Ce n'est qu'en respectant ces principes que la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques pourra être restaurée. «Les groupes d'opposition réaffirment leur rejet catégorique de toute violation des dispositions constitutionnelles et des règlements intérieurs de la Chambre des représentants, lesquels régissent les relations entre le Parlement, particulièrement l'opposition, et le gouvernement en matière de contrôle», lit-on dans ledit communiqué. «Ils insistent sur la nécessité impérative de leur permettre d'exercer pleinement leurs rôles politiques et institutionnels conformément aux articles du règlement intérieur de la Chambre des représentants», ajoute le document. «Ils exhortent, par ailleurs, le gouvernement à respecter scrupuleusement les dispositions constitutionnelles et légales, à interagir de manière appropriée avec le Parlement et à élever le niveau du discours et des pratiques politiques afin de renforcer la confiance des citoyens dans le Parlement et dans la vie politique en général», conclut le communiqué.
Il faut dire que la transformation du Parlement, censé être le cœur du débat démocratique, en un espace où les questions essentielles restent sans réponse et où les représentants du peuple sont réduits au silence ne peut qu'alimenter la méfiance publique et affaiblir les fondements mêmes de notre démocratie. Il est impératif que le gouvernement rectifie cette posture, respecte les règles constitutionnelles et engage un dialogue constructif avec l'opposition.
Il est primordial que le gouvernement prenne conscience de l'importance de cette dynamique parlementaire, où chaque voix, qu'elle soit en accord ou en opposition, contribue à l'enrichissement du débat public et au progrès de notre société. Ignorer les préoccupations légitimes de l'opposition revient à nier une partie fondamentale du processus démocratique, où la diversité des opinions et la confrontation des idées permettent de forger des politiques plus justes et équilibrées.
Le mépris affiché envers les groupes d'opposition et l'absentéisme des ministres ne sont pas seulement des manquements protocolaires, mais des atteintes graves à l'intégrité de nos institutions. En évitant le dialogue et en refusant de répondre aux questions essentielles, le gouvernement se prive de l’opportunité d’expliquer et de défendre ses actions devant le peuple. Cette absence de transparence risque de miner la confiance des citoyens, qui se sentent déjà souvent éloignés des centres de décision.
Un Parlement vibrant et actif est la pierre angulaire d’une démocratie en bonne santé. Les échanges vigoureux sont indispensables pour garantir que toutes les voix soient entendues et que les politiques publiques reflètent les véritables besoins et aspirations de la population. En réprimant ces échanges, le gouvernement ne fait que renforcer les sentiments de frustration et d’aliénation parmi les citoyens, ce qui peut conduire à une désaffection dangereuse envers le système démocratique lui-même.
L’Exécutif doit donc non seulement écouter, mais aussi intégrer les préoccupations de l'opposition, car c'est de cette interaction que naît une gouvernance plus transparente, plus responsable et plus réceptive aux besoins de tous. Il est temps de renouer avec les principes fondamentaux de notre Constitution et de nos règlements parlementaires. Seule une volonté sincère de collaboration et de respect mutuel permettra de surmonter les défis et d’assurer un avenir politique stable et prospère pour le Maroc.
Mehdi Ouassat