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La dernière sortie de Guéant, «toutes les civilisations ne se valent pas» a animé le paysage politique français et en particulier, les réseaux sociaux. Durant tout le week-end, la France a pu assister à une lapidation en live d'un ministre dont la déclaration n'est pourtant ni surprenante, ni atypique.
Toutefois, l'UMP n'est pas à son coup d'essai et depuis près de cinq ans, son concours de phrases à visée raciste secoue la gauche, ses militants et surtout la galaxie médiatique. De son côté, le PS ne résiste jamais à la tentation d'alimenter les polémiques, avec encore plus de force que ceux qui les ont jetés sur la place publique. Au final, la bataille finit juste par agacer les Français qui trouvent bien dommage que leurs préoccupations ne suscitent pas autant d'agitations.
On sursaute, on s'insurge, on crie au scandale et au passage, période électorale oblige, l'opposition en profite pour se distinguer par la promesse de ne jamais tremper dans le chaudron de la haine, la moindre idée xénophobe ou allusion raciste.
Alors, si l'on suit bien le feuilleton des présidentielles, entre le PS et la droite, plus cette dernière est raciste, et plus la promesse de la première, de mettre fin à tout cela s'accélère. L'espoir d'une société meilleure est clamé comme possible, enfin, accessible, proche de nous, à notre portée. Il suffira donc, pour cela, de voter pour François Hollande, par exemple, pour ne citer que le favori des sondages. Et si l'on se fie à ces mêmes sondages, nous devrions très bientôt passer d'une ère de fachos, incarnée par la droite à une ère de paix, de tolérance, de bien vivre ensemble et de mieux vivre dans notre société que la gauche incarnerait. Pour être dans la caricature et faire court, les méchants sont au pouvoir et les gentils arrivent, il n'y a plus qu'à patienter. Malheureusement les choses ne sont pas aussi simples que cela.
La discrimination n'est certes pas nouvelle dans notre société, le racisme non plus et la xénophobie encore moins. Et si certains considèrent que ces fléaux connaissent une envolée alarmante sous la présidence de Sarkozy, ils n'ont pas tort, mais ce n'est pas pour autant que leur déclin est proche et surviendra comme par enchantement parce que la gauche serait au pouvoir.
Cela dit, la droite mérite d'être saluée pour la bonne action qu'elle mène avec acharnement depuis cinq ans. La droite est transparente dans son idéologie qu'elle exprime sans complexe et en particulier sur les sujets qui fâchent, qui clivent et divisent. La droite est à l'aise pour stigmatiser des pans entiers de la population et ce, sans état d'âme et avec une franchise déconcertante. Mais tout cela est une bonne nouvelle pour notre démocratie, mais aussi un très bon remède pour les défenseurs d'une France diverse et plurielle.
Dire c'est agir, alors si personne ne dit plus rien, comment allons-nous débusquer l'ennemi, celui qui divise, distille la haine et met à mal la diversité des origines d'un peuple résidant d'un même pays?
On peut dire qu'à quelques mois de la présidentielle, la droite excelle au point d'avoir presque rendu plus soft son concurrent, le FN. Mais n'est-il pas préférable de voir le diable en personne, plutôt que de le sentir tout près et invisible, insaisissable et pourtant tout aussi dangereux et menaçant?
Qu'elle continue, cette droite hybride, de distiller son idée, celle qu'un pan de la population française en menacerait une autre parce que les premiers, se qualifiant de «de souche» se verraient devenir sous couche par la faute d'une couche d'immigration. Et qu'elle continue, la gauche de crier au loup et d'aller au front comme des kamikazes prêts à exploser et ainsi réduire à néant sa crédibilité quant à opposer un autre message et sur le même sujet.
Si le meeting du Bourget de François Hollande a permis de lever un espoir d'alternance pour certains électeurs, l'on peut se demander comment le PS, une fois au pouvoir va-t-il s'y prendre pour liquider les discriminations, mettre fin au racisme, faire vivre des noirs, des arabes, des pauvres, des riches, des bobos ensemble ou encore arrêter l'ascension de la lutte des classes?
Après le 6 mai, notre pays s'en trouvera-t-il dépouillé des sujets qui servent à diviser les Français et que les droites usent et utilisent fièrement pour nourrir et entretenir leur idéologie et par la même occasion un fantasme vieux comme le monde: la faute des étrangers?
Notre société assumera-t-elle, d'un coup d'un seul tout ce que les droites portent à la vindicte du peuple comme un fardeau, un boulet (l'immigration, l'islam, les habitants des cités, les Roms, les territoires de banlieue, les homosexuels, les pauvres, les chômeurs etc.)?
On peut en douter parce que si l'on fait un retour en arrière, même en période de croissance et de plein emploi, les racistes, les intolérants, les xénophobes existaient et partout sur le territoire.
Sauf que sous une ère de gauche, les tabous explosent, le vocabulaire se fait en tri sélectif et certaines idées passent sous les tapis. Liberté, égalité, fraternité sont à l'honneur pour tous et pour ceux que ça dérange, ils n'ont qu'à crier au loup en lieu et place de ceux qui criaient aussi au loup avant eux, mais pour d'autres raisons.
Alors quand l'invisibilité et le silence règnent dans la société, comment savoir où en est le thermomètre du vivre ensemble? Et bien on ne prend tout simplement pas la température et il devient ainsi plus facile d'affirmer que tout va bien, que l'air est plus sain pendant que les «méchants», planqués sous les planchers de la République, se préparent à ressurgir dès que l'atmosphère leur sera plus favorable.
Pourtant, n'en déplaisent à certains, fragiles militants, ceux dont la gauche est sensible, ou encore ceux qui craignent de voir malmenée leur bonne conscience, il n'y a rien de plus rassurant que de savoir ce que pensent les gens et où ils en sont dans leur appréhension d'une société qui évolue et c'est plutôt sain que tous les sujets émergent et suscitent ainsi le débat.
Combattre les idéologies racistes ne revient pas à taire, fuir les sujets qui traversent notre société mais les laisser à des artificiers rendent responsables ceux qui pensent que ne rien dire, c'est s'assurer la paix.
Guéant, dans son rôle d'agitateur du paysage politique français, a donc été, une fois de plus, l'idiot utile du PS. Et il n'y avait nul besoin de se rendre dans les égouts pour des joutes verbales parce qu'au final, tout le monde a fini dans la boue!
Alors que l'UMP court à pas de Guéant sur ceux de Marine le Pen qui, cette dernière, court derrière ceux des Français qui souffrent, l'important est que nous sachions tous, en temps réel et régulièrement, ce que ces deux là fabriquent pour mieux lutter contre leur fabrique à division.
On ne préserve pas et l'on ne prend pas soin d'une démocratie en lui épargnant ce qui pourrait l'égratigner mais en l'égratignant des sujets qui pourraient au contraire, la solidifier.
* Militante du Parti socialiste français
Toutefois, l'UMP n'est pas à son coup d'essai et depuis près de cinq ans, son concours de phrases à visée raciste secoue la gauche, ses militants et surtout la galaxie médiatique. De son côté, le PS ne résiste jamais à la tentation d'alimenter les polémiques, avec encore plus de force que ceux qui les ont jetés sur la place publique. Au final, la bataille finit juste par agacer les Français qui trouvent bien dommage que leurs préoccupations ne suscitent pas autant d'agitations.
On sursaute, on s'insurge, on crie au scandale et au passage, période électorale oblige, l'opposition en profite pour se distinguer par la promesse de ne jamais tremper dans le chaudron de la haine, la moindre idée xénophobe ou allusion raciste.
Alors, si l'on suit bien le feuilleton des présidentielles, entre le PS et la droite, plus cette dernière est raciste, et plus la promesse de la première, de mettre fin à tout cela s'accélère. L'espoir d'une société meilleure est clamé comme possible, enfin, accessible, proche de nous, à notre portée. Il suffira donc, pour cela, de voter pour François Hollande, par exemple, pour ne citer que le favori des sondages. Et si l'on se fie à ces mêmes sondages, nous devrions très bientôt passer d'une ère de fachos, incarnée par la droite à une ère de paix, de tolérance, de bien vivre ensemble et de mieux vivre dans notre société que la gauche incarnerait. Pour être dans la caricature et faire court, les méchants sont au pouvoir et les gentils arrivent, il n'y a plus qu'à patienter. Malheureusement les choses ne sont pas aussi simples que cela.
La discrimination n'est certes pas nouvelle dans notre société, le racisme non plus et la xénophobie encore moins. Et si certains considèrent que ces fléaux connaissent une envolée alarmante sous la présidence de Sarkozy, ils n'ont pas tort, mais ce n'est pas pour autant que leur déclin est proche et surviendra comme par enchantement parce que la gauche serait au pouvoir.
Cela dit, la droite mérite d'être saluée pour la bonne action qu'elle mène avec acharnement depuis cinq ans. La droite est transparente dans son idéologie qu'elle exprime sans complexe et en particulier sur les sujets qui fâchent, qui clivent et divisent. La droite est à l'aise pour stigmatiser des pans entiers de la population et ce, sans état d'âme et avec une franchise déconcertante. Mais tout cela est une bonne nouvelle pour notre démocratie, mais aussi un très bon remède pour les défenseurs d'une France diverse et plurielle.
Dire c'est agir, alors si personne ne dit plus rien, comment allons-nous débusquer l'ennemi, celui qui divise, distille la haine et met à mal la diversité des origines d'un peuple résidant d'un même pays?
On peut dire qu'à quelques mois de la présidentielle, la droite excelle au point d'avoir presque rendu plus soft son concurrent, le FN. Mais n'est-il pas préférable de voir le diable en personne, plutôt que de le sentir tout près et invisible, insaisissable et pourtant tout aussi dangereux et menaçant?
Qu'elle continue, cette droite hybride, de distiller son idée, celle qu'un pan de la population française en menacerait une autre parce que les premiers, se qualifiant de «de souche» se verraient devenir sous couche par la faute d'une couche d'immigration. Et qu'elle continue, la gauche de crier au loup et d'aller au front comme des kamikazes prêts à exploser et ainsi réduire à néant sa crédibilité quant à opposer un autre message et sur le même sujet.
Si le meeting du Bourget de François Hollande a permis de lever un espoir d'alternance pour certains électeurs, l'on peut se demander comment le PS, une fois au pouvoir va-t-il s'y prendre pour liquider les discriminations, mettre fin au racisme, faire vivre des noirs, des arabes, des pauvres, des riches, des bobos ensemble ou encore arrêter l'ascension de la lutte des classes?
Après le 6 mai, notre pays s'en trouvera-t-il dépouillé des sujets qui servent à diviser les Français et que les droites usent et utilisent fièrement pour nourrir et entretenir leur idéologie et par la même occasion un fantasme vieux comme le monde: la faute des étrangers?
Notre société assumera-t-elle, d'un coup d'un seul tout ce que les droites portent à la vindicte du peuple comme un fardeau, un boulet (l'immigration, l'islam, les habitants des cités, les Roms, les territoires de banlieue, les homosexuels, les pauvres, les chômeurs etc.)?
On peut en douter parce que si l'on fait un retour en arrière, même en période de croissance et de plein emploi, les racistes, les intolérants, les xénophobes existaient et partout sur le territoire.
Sauf que sous une ère de gauche, les tabous explosent, le vocabulaire se fait en tri sélectif et certaines idées passent sous les tapis. Liberté, égalité, fraternité sont à l'honneur pour tous et pour ceux que ça dérange, ils n'ont qu'à crier au loup en lieu et place de ceux qui criaient aussi au loup avant eux, mais pour d'autres raisons.
Alors quand l'invisibilité et le silence règnent dans la société, comment savoir où en est le thermomètre du vivre ensemble? Et bien on ne prend tout simplement pas la température et il devient ainsi plus facile d'affirmer que tout va bien, que l'air est plus sain pendant que les «méchants», planqués sous les planchers de la République, se préparent à ressurgir dès que l'atmosphère leur sera plus favorable.
Pourtant, n'en déplaisent à certains, fragiles militants, ceux dont la gauche est sensible, ou encore ceux qui craignent de voir malmenée leur bonne conscience, il n'y a rien de plus rassurant que de savoir ce que pensent les gens et où ils en sont dans leur appréhension d'une société qui évolue et c'est plutôt sain que tous les sujets émergent et suscitent ainsi le débat.
Combattre les idéologies racistes ne revient pas à taire, fuir les sujets qui traversent notre société mais les laisser à des artificiers rendent responsables ceux qui pensent que ne rien dire, c'est s'assurer la paix.
Guéant, dans son rôle d'agitateur du paysage politique français, a donc été, une fois de plus, l'idiot utile du PS. Et il n'y avait nul besoin de se rendre dans les égouts pour des joutes verbales parce qu'au final, tout le monde a fini dans la boue!
Alors que l'UMP court à pas de Guéant sur ceux de Marine le Pen qui, cette dernière, court derrière ceux des Français qui souffrent, l'important est que nous sachions tous, en temps réel et régulièrement, ce que ces deux là fabriquent pour mieux lutter contre leur fabrique à division.
On ne préserve pas et l'on ne prend pas soin d'une démocratie en lui épargnant ce qui pourrait l'égratigner mais en l'égratignant des sujets qui pourraient au contraire, la solidifier.
* Militante du Parti socialiste français