Création d'une section de l'ADMEA à Madrid : Les Marocains expulsés d'Algérie saisissent l'Audience nationale espagnole


M'Hamed Hamrouch
Mardi 3 Août 2010

L'affaire des 45.000 familles marocaines expulsées d'Algérie en décembre 1975 prendra désormais une tournure judiciaire. Et c'est devant l'Audience nationale, la plus haute autorité judiciaire en Espagne, qu'elles se préparent à porter leur combat. Contacté hier par "Libé", le président de l'Association de défense des Marocains expulsés d'Algérie, Mohamed Harouachi, a annoncé que cette décision sera précédée par la création d'une section de l'ADMEA à Madrid vers la fin 2010. "Plusieurs Marocains portant la nationalité espagnole, dont le militant associatif Ahmed Yahyaoui, lui-même victime de l'expulsion, ont manifesté leur volonté de militer au sein de la section madrilène de l'ADMEA ", a assuré son président. Sur le choix de l'Espagne, le premier responsable de l'ADMEA a apporté la précision suivante : "Pour pouvoir saisir l'Audience nationale espagnole, il faut d'abord être de nationalité espagnole. Or, nombre des victimes marocaines de l'expulsion se trouvent être en Espagne et plusieurs d'entre elles portent la nationalité espagnole". "L'ouverture d'une section de l'ADMEA à Madrid se veut une étape préliminaire pour faire valoir notre plainte devant la justice espagnole", a-t-il argumenté, ajoutant que cette initiative a été adoptée le 3 juillet 2010, lors du sit-in organisé par l'ADMEA devant le consulat algérien à Oujda. "Ce sit-in, qui a suscité un intérêt international non négligeable, marque une nouvelle tournure dans notre combat pour faire aboutir nos revendications somme toute légitimes", se félicite M. Harouachi. "Notre objectif final est d'obtenir justice pour plusieurs centaines de milliers de Marocains expropriés de leurs biens et traduire les responsables de notre calvaire devant un tribunal ayant la prérogative de poursuivre et juger des criminels où qu'ils se trouvent", a-t-il souligné, en revendiquant des dédommagements à la fois matériels et moraux pour les victimes et pour leurs familles.
Pour rappel, l'ADMEA avait tenté auparavant de porter son affaire devant le Tribunal pénal international, mais aucune suite n'a été donnée à cette initiative en raison, explique M. Harouachi, du fait que "ni le Maroc ni l'Algérie n'ont jusqu'ici adopté le statut de juridiction internationale". La saisine du Conseil des droits de l'Homme n'a pas été conséquente non plus, d'autant moins que les résolutions de ce mécanisme onusien ne sont pas contraignantes.
Cela étant, l'ADMEA fonde maintenant de grands espoirs sur l'Audience nationale espagnole pour obtenir gain de cause. Ce recours à la plus haute autorité judiciaire en Espagne aura du moins le mérite d'éclairer l'opinion publique espagnole, européenne plus globalement, sur la détresse des familles marocaines dépossédées injustement de leurs biens par le régime de Houari Boumediene, au lendemain de la glorieuse Marche Verte.
Selon le président de l'ADMEA, le recours de son ONG à la justice espagnole pourrait révéler d'autres crimes du régime algérien. M. Harouachi en veut pour exemple le carnage perpétré par ce régime en 1962 contre plusieurs centaines de milliers d'étrangers d'Algérie, les pieds-noirs, ensevelis à proximité d'Oran, dont le plus grand nombre sont de nationalité française, espagnole, portugaise et marocaine. "Pas moins de 15.000 victimes gisent encore et toujours dans un immense bourbier situé aux environs d'Oran", a-t-il certifié, en appelant à une enquête internationale sur les crimes horribles commis par le régime algérien contre des victimes dont "le tort", paraît-il, est d'avoir seulement choisi de s'établir en Algérie. Le voisin de l'est n'a pas jugé bon de tourner cette page sombre de son histoire, au contraire. Alors que l'on s'attendait à un geste de bonne volonté du régime du président Abdelaziz Bouteflika, c'est l'inverse qui s'est produit. Le gouvernement algérien avait adopté, dans sa dernière loi de Finances, une clause autorisant l'expropriation des 45.000 familles marocaines. Ce qui revient à dire que le régime algérien actuel a cautionné les crimes de ses prédécesseurs.


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