Chema Gil Garre, analyste espagnol


Les paramètres "obsolètes" des années 70 ne peuvent pas être appliqués actuellement pour le règlement de la question du Sahara

Par Abdelkrim Kninah (MAP)
Jeudi 7 Mars 2013

Chema Gil Garre, analyste espagnol
Les paramètres "obsolètes" qui ont été appliqués à la fin des années 70 ne peuvent plus fonctionner dans le contexte actuel pour le règlement de la question du Sahara, a affirmé l'écrivain et journaliste espagnol, Chema Gil Garre.
"Nous devons résoudre ce conflit en tenant compte de ce qu'on appelle +le réalisme + (realidad-real), a déclaré l'analyste espagnol dans un entretien à MAP-Madrid.
"Aujourd'hui, l'expression +autodétermination+, dans une région comme le Sahara, trouve sa véritable signification dans la proposition d'autonomie", qui avait été présentée par le Maroc, a souligné l'expert espagnol, mettant en relief le fait que des représentants de la population sahraouie ont participé à l'élaboration et la rédaction de l'initiative d'autonomie.
"L'organisation des Nations unies, en tant qu'institution, et comme l'avaient fait les diplomaties et les puissances mondiales, devrait abandonner le principe selon lequel le seul représentant des Sahraouis est le Polisario", puisque "la réalité n'est pas ainsi", a encore noté l'expert espagnol dans les relations maroco-espagnoles.
"Il faut vraiment se demander si le Polisario représente l'ensemble des Sahraouis", a dit M. Gil, relevant que "si l'ONU soutient un mouvement antidémocratique, elle serait accusée d'ostracisme et d'indifférence à l'égard des milliers de Sahraouis, pacifiques, qui ont toujours exprimé leur attachement au Maroc".
"Aussi, l'ONU ne devrait-elle pas se permettre de négliger les Sahraouis qui appuient le plan d'autonomie proposé par le Maroc", observe-t-il, soulignant que "si les Nations unies ne changent pas cette attitude, nous devons dénoncer l'organisation elle-même, car elle apporte un soutien à un mouvement dictatorial, dirigé par la même personne depuis près de 40 ans".
M. Gil a, d'autre part, dénoncé le fait que les dirigeants du Polisario, qui ne représente pas toute la population sahraouie, continuent d'interdire aux personnes qui croupissent dans la misère, de quitter les camps de Tindouf (sud d'Algérie) et poursuivent les arrestations et les exactions contre celles qui "expriment des opinions différentes" à leur thèse.
L'ONU avait été informée de la position du Royaume du Maroc, selon laquelle les éléments du Polisario" sont devenus de simples gardiens "des Sahraouis séquestrés dans les camps de Tindouf, dans l'objectif de continuer de recevoir les aides humanitaires internationales qui ne parviennent pas aux véritables bénéficiaires, a encore indiqué le journaliste espagnol, appelant l'ONU et certains de ses représentants spéciaux à "réfléchir davantage à la recherche d'une solution à ce différend, au lieu de servir certains intérêts", qui, dit-il, sont "peu clairs".
M. Gil a souligné, dans ce cadre, que le plan d'autonomie marocain constitue la solution "la plus réaliste" puisqu'il "garantit à travers un processus d'organisation territoriale -qui a facilité la transition espagnole ou celle qu'avait vécue le centre de l'Europe-, les ambitions de milliers de Sahraouis ".
A une question sur de supposées menaces de certains dirigeants des séparatistes de retourner aux armes, M. Gil a répliqué que l'initiative marocaine d'autonomie représente "une grande opportunité pour la paix et l'avenir " de la population sahraouie, du fait qu'elle permet aux habitants de cette région de gérer leurs propres affaires.
Il a, à cet égard, mis en garde contre l'instabilité dans la région, qui est à même "d'ouvrir la porte" à une avancée du terrorisme d'Al-Qaïda et des autres groupes terroristes opérant dans la région du Sahel notamment dans le Nord du Mali.
Le journaliste, auteur de l'ouvrage "Lo que el Frente Polisario esconde" (Ce que cache le polisario) dans lequel il dévoile la réalité de ce mouvement et celle du différend autour du Sahara marocain, a rappelé avoir mis en garde depuis de longues années contre  des éléments du Polisario sous influnce et leur lien avec des organisations criminelles et des terroristes sévissant dans la zone.
"Le meilleur exemple éloquent fut l'enlèvement dans les camps de Tindouf de deux humanitaires espagnols et d'un Italien", dans lequel l'implication des éléments du Polisario a été confirmée, a-t-il dit, notant que devant les risques et la gravité de la situation sécuritaire dans ces camps, le gouvernement espagnol avait alerté du risque d'autres enlèvements de coopérants se trouvant dans ces camps.
Le journaliste espagnol a fait rappeler que récemment le ministre malien des Affaires étrangères, Tieman Coulibaly, a confirmé la présence d'éléments du Polisario dans les rangs des groupes terroristes agissant dans le Nord du Mali.
Pour M. Gil, "le lien du Polisario avec le terrorisme n'est pas quelque chose de nouveau", rappelant dans ce cadre l'assassinat par le Polisario d'une centaine de pêcheurs canariens dans les années 70 et 80, et dont les familles ont obtenu une reconnaissance en tant que victimes du terrorisme par le gouvernement de Madrid.
Les responsables politiques espagnols "doivent avoir honte de la façon dont ils ont traité les victimes du terrorisme", a-t-il déploré faisant allusion à ceux qui épousent la thèse des séparatistes du Polisario en Espagne.
A signaler que dans son ouvrage "Ce que cache le Polisario", Gil met à nu la politique propagandiste du Polisario et de ses pratiques inhumaines dans les camps de Tindouf et met aussi en évidence ses activités douteuses et l'implication de certains de ses éléments dans des activités terroristes au Sahel.
Dans cet ouvrage, Gil livre aux lecteurs une conception claire du différend sur le Sahara marocain, à travers la présentation de "preuves concrètes et historiques qui démontrent l'appartenance du Sahara au Maroc" et les liens pérennes d'allégeance liant les habitants du Sahara aux souverains du Maroc.
Pour l'écrivain espagnol, les dirigeants du Polisario, une entité non démocratique, ne représentent ni le Sahara ni les Sahraouis, mais plutôt l'Algérie et ne prêtent aucune attention aux intérêts et aux conditions de vie des Sahraouis. "Leur souci majeur réside dans leurs propres intérêts", conclut-il dans cet ouvrage.


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