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«On s’est réveillé le 11 mars dernier sur le bruit des marteaux-piqueurs et les cris d’ouvriers en train d’entamer des opérations d’excavation. Pour nous, cela a été une vraie surprise parce qu’on n’a pas été informés à l’avance qu’il y aura un projet de construction d’un rond-point en plein centre du quartier et que les travaux le concernant seront entamés le dimanche», nous a confié un habitant. Même stupéfaction du côté de cet autre habitant : «Notre surprise a été totale puisque sur le chantier rien n’indiquait la nature des travaux en cours et la partie chargée de leur exécution et de leur suivi».
En effet, et selon certaines sources, le garagiste en question qui fut gendarme et qui est actuellement à la retraite a fait appel aux services d’une entreprise privée pour effectuer les travaux et a bénéficié de la complicité de certains élus de la commune qui lui auraient procuré les matériaux nécessaires.
Pour les habitants, cette affaire suscite beaucoup d’interrogations et cache certaines zones d’ombre. D’abord, comment un simple mécanicien a-t-il pu avoir l’audace d’entreprendre un tel projet? Comment a-t-il pu se procurer les matériaux y afférents ? Et comment se fait-il que les travaux aient été entamés sans que les autorités locales n’en aient été informées en temps opportun?
«Tout laisse supposer qu’il y a une éventuelle complicité des autorités locales avec notre homme. Tout indique qu’il pourrait être protégé par quelqu’un. D’ailleurs, lui-même ne cesse de proclamer haut et fort qu’il a le bras long et qu’il a ses entrées partout. On se demande donc si on vit dans un Etat de droit ou dans une zone de non-droit», nous a déclaré un acteur associatif, habitant également au même quartier.
D’après lui, les personnes de droit privé sont interdites par la loi d’intervenir dans l’organisation de la circulation et du roulage sur la voie publique. «C’est du ressort des autorités locales d’intervenir conformément à une procédure bien précise», nous a expliqué Abdelghni Marhani, élu au Conseil de la ville de Casablanca.
Selon lui, les citoyens peuvent intervenir mais uniquement via une demande écrite adressée au président de la commune qui la défère à son tour aux responsables des services techniques. «La construction d’un rond-point à titre d’exemple demande la mise en place d’une commission technique qui sera chargée de vérifier certains critères techniques et scientifiques avant de donner son aval ou pas à un tel projet», nous a-t-il précisé avant de poursuivre : «Et même si la Charte communale a donné plus de pouvoirs au président de la commune, ce dernier est contraint de préserver la voie publique de toute occupation illicite».
Pour l’édile de la ville, cette affaire révèle l’absence de tout contrôle des autorités compétentes et l’anarchie dans laquelle vit la capitale économique depuis des années. «Ce qui s’est passé au quartier Mansour n’est que la partie visible de l’iceberg. En effet, on remarque çà et là, à Casablanca, que les citoyens s’adonnent volontiers à l’incivilité».
L’élu du Conseil de la ville sait de quoi il parle. En effet, il donne l’exemple de ces milliers de ralentisseurs de type dos d'âne qui sont installés sur la voie publique par de simples citoyens sans tenir compte des normes en vigueur et sans que les modalités techniques d'implantation et de signalisation ne soient respectées.
Notre source donne également l’exemple de certains habitants qui ont osé dresser des barrières à l’entrée de leurs quartiers et mis des agents de sécurité pour entraver le droit de circulation d’autres citoyens. «Je crois qu’on vit dans l’anarchie totale puisqu’il y a défaillance ou plutôt absence de mécanismes de contrôle».