“Cachez ces femmes que l’on ne saurait voir”

Les compétences féminines écartées des hautes fonctions


Narjis Rerhaye
Jeudi 16 Mai 2013

“Cachez ces femmes que l’on ne saurait voir”
«Où sont les femmes?». Les défenseures des droits des Marocaines n’en finissent pas de se poser la question. « C’est la question qui fâche. Le gouvernement Benkirane n’est pas près de mettre en œuvre les dispositions de la Constitution adoptée en 2011 portant sur l’égalité et la parité. D’ailleurs, le péché est originel. Dès sa formation, cet Exécutif conservateur a annoncé la couleur en ne comptant qu’une seule femme. Et ce n’est pas n’importe quelle femme. Elle est voilée, pjdiste et aux valeurs universelles, elle préfère la spécificité ! », s’exclame cette activiste de la Ligue démocratique des droits des femmes. «C’est  l’article 19 de la Constitution qui est sans cesse baoué», poursuit-elle
Féministes, démocrates et défenseurs des droits humains brandissent haut  justement l’article 19 de la Constitution et s’y accrochent comme à une bouée de sauvetage.  Ses dispositions sont claires, porteuses d’égalité et de justice rendue aux Marocaines. « L’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental, énoncés dans le présent titre et dans les autres dispositions de la Constitution, ainsi que dans les conventions et pactes internationaux dûment ratifiés par le Royaume et ce, dans le respect des dispositions de la Constitution, des constantes et des lois du Royaume. L’Etat marocain œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes. Il est créé, à cet effet, une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination», stipule-t-il.
Selon les chiffres officiels rendus publics en mars dernier, le gouvernement que conduit Abdelilah Benkirane a procédé à 140 nominations à de hautes fonctions. 16 femmes seulement en font partie et accèdent enfin au cénacle de la décision. «Un nombre dérisoire qui montre bien que nous sommes très loin de tendre à la parité alors même que l’égalité  est encore une chimère. A chaque nomination, nos décideurs le confirment», soupire cette cadre supérieure, l’œil rivé sur un plan de carrière pas forcément égalitaire «malgré les garanties constitutionnelles»
Au ministère de la Santé, c’est le même sentiment d’inquiétude qui s’est installé. Des postes de directeurs sont à pourvoir. Des appels à candidatures ont bien été effectués. Pour la  seule direction de l’épidémiologie, trois femmes ont fait acte de candidature.  Des profils à valeur ajoutée et qui sont chefs de service et chefs de division. « Qu’il y ait autant de femmes qui présentent leurs candidatures est tout à fait normal au regard de la féminisation du corps médical. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si les candidatures féminines vont être examinées à l’aune des compétences et du mérite ou si le clientélisme va l’emporter comme d’habitude », soutient cet ancien  haut fonctionnaire du ministère de la Santé.
Dans les couloirs du département aux destinées duquel préside le PPS Houcine Louardi, les rumeurs vont bon train. Les candidatures féminines n’auraient pas donné satisfaction. «On parle même de compétences féminines écartées sans autre forme de procès», croit savoir cette professeure de médecine.
En attendant la mise en place de l’Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination, le non-respect des principes de l’égalité continuera d’être la règle non écrite mais convenue. Une proposition de loi portant sur l’égalité dans le travail y compris en ce qui concerne l’accès aux postes de responsabilité a bien été déposée  en 2010 par le Groupe socialiste de la Chambre des conseillers, et ce à l’initiative de la parlementaire usfpéiste Zoubida Bouayad. La proposition de loi n’a pas pris une ride tant les discriminations à l’encontre des femmes ont la vie dure en terre marocaine.


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