Et le gouvernement dans tout ça ?
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Niveaux record
Selon ces analystes, les prix atteindront des niveaux record avec 103 millions de barils/jour (mb/j), ce qui explique le maintien des cours autour de 80 dollars le baril de référence (le Brent) et, par ricochet, des prix à la pompe élevés.
Cette hausse sera-t-elle due à une pénurie des ressources en carburants ? « Non, puisque de nouveaux gisements ont été découverts dernièrement en Amérique du Sud (Guyana, Brésil), à titre d’exemple », répondent les experts. Pour ces derniers, la hausse s’explique par « la décision des 23 pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep, 55 % de la production mondiale en comptant les pays associés, dont la Russie) de plafonner la production, 5 mb/j ayant été retirés du marché depuis fin 2022 ».
Selon le site Sud Ouest, plusieurs pays de l’Opep (l’Arabie Saoudite, les Emirats, le Koweït, l’Irak, l’Algérie, le Kazakhstan et Oman), ont décidé de ralentir intentionnellement leur production de pétrole depuis près d’un an afin d’accroître davantage la tension sur les marchés et maintenir des tarifs élevés. En effet, et depuis novembre dernier, ces pays ont accentué leur mouvement qui sera suivi par un retrait du marché en janvier de 700.000 barils par jour (b/j) jusqu’à fin mars, tandis que la Russie baissera sa production de 500.000 b/j. A souligner, en outre, le départ de l’Angola de l’Opep qui pourrait être suivi par celui du Mexique, du Nigeria, et de l’Azerbaïdjan. Ce qui pourrait structurellement maintenir des prix élevés. A cela, il faut ajouter deux autres facteurs : le ralentissement modéré de la croissance économique mondiale et la relance économique chinoise qui tarde à venir.
Russie et Arabie Saoudite, maîtres du jeu
Ainsi, plusieurs experts estiment que le prix du baril de pétrole a peu de chance de reculer. Selon eux, "le marché pétrolier est tout sauf en situation d’équilibre pour de longues périodes de temps." Tout en constatant qu’en 2023, le monde n’a jamais consommé autant de pétrole, 102 millions de barils par jour, un record historique qui pourrait encore être battu cette année.
La question qui demeure sur toutes les lèvres est de savoir ce que décideront la Russie et l’Arabie Saoudite en 2024. « La position actuelle de Moscou permet surtout de réduire l’offre de pétrole sur les marchés afin de stimuler les prix, un moyen pour la Russie de tenter d’augmenter ses recettes issues de la vente des hydrocarbures, au moment où le rouble s’est largement affaibli face au dollar et à l’euro. Quant à l’OPEP, ses membres ont préconisé de poursuivre la réduction de la production jusqu’à…fin 2024. Ces tensions géopolitiques semblent donc encore loin de s’estomper, tout comme l’envolée des prix des carburants », explique le site ellisphere.com.
La cherté de la vie appelée à durer
Et qu’en est-il de l’impact de cette situation au Maroc ? Pour plusieurs spécialistes, les hausses attendues auront davantage d’impact sur de nombreuses entreprises. En premier lieu, les prestataires de transport qui subissent directement l’augmentation et doivent l’inclure dans leurs charges. Mais également les entreprises qui expédient des marchandises, que ces entreprises disposent d’ailleurs de leurs propres moyens de transport ou qu’elles dépendent d’un prestataire logistique. Les professionnels de la pêche sont également impactés de plein fouet par cette explosion des prix. Ce qui veut dire, in fine, des hausses des prix des produits de consommation pour les consommateurs, qui durent depuis des années.
Certains experts considèrent que le vrai problème des prix des carburants réside dans les structures des prix au Maroc et non pas dans le contexte international, sans oublier les pratiques anticoncurrentielles. Selon eux, il n’y a pas une corrélation étroite entre le marché international et le contexte national comme en attestent certaines hausses qui restent ambiguës au vu du contexte mondial. D’autant qu’il n’y a pas de contrôle des conditions d'un fonctionnement équilibré et transparent des marchés. En effet, la libéralisation du secteur n’écarte pas sa régulation puisque l’ouverture des marchés ne signifie pas naturellement une disparition de l’autorité publique.
A ce propos, plusieurs experts soutiennent que la responsabilité du gouvernement est engagée, dans la mesure où l’Exécutif a plusieurs pistes pour agir et les moyens pour faire baisser les prix. Ainsi, concernant les carburants (et pas uniquement le gaz), l’Exécutif peut intervenir à deux niveaux. D’abord par la régulation du marché en agissant non pas sur l’offre et la demande mais plutôt sur la concurrence. Ensuite, il peut opérer via les marges commerciales des entreprises chargées de la distribution des carburants. Les dépenses fiscales en tant que mécanisme de soutien indirect s’imposent également comme solution. Reste à savoir si le gouvernement a la volonté de réagir ou s’il préfère plutôt se contenter de jouer le rôle de spectateur passif. Affaire à suivre.
Hassan Bentaleb