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Si le ton est volontairement ironique, la réalité, elle, est bel et bien présente.
Klaxons, apostrophes et drague en tout genre sont en effet le lot quotidien de nombreuses femmes du Royaume et l’acte le plus banal qui soit (se rendre au travail, faire ses courses ou même marcher dans la rue) peut s’avérer pénible tant il est ponctué de remarques déplacées émanant de nos compatriotes masculins. Les plages bondées de l’été représentent elles aussi une épreuve à surmonter. Le plaisir d’être étendue sur le sable et de profiter des rayons bienfaisants du soleil est très vite terni par les sollicitations permanentes d’hommes en tout genre qui n’ont de cesse de s’approcher toujours plus près, et ce malgré les refus catégoriques d’entamer toute forme de conversation avec eux. Quant à la baignade, elle n’est que peu envisageable si elle ne se fait pas avec un père, un frère, ou toute personne du sexe opposé reconvertie à l’occasion en garde du corps. Qu’on se le dise, les allusions et les apostrophes quotidiennes ne sont ni flatteuses, ni agréables pour la gente féminine surtout à si grande échelle. Quel intérêt y a-t-il en effet de se voir «complimentée» par celui-là même qui a auparavant complimenté toutes les femmes à proximité, et ce quels que soient leurs âges et leurs physiques respectifs? C’est dans cette optique que Mme Nezha Skalli, ministre du Développement social, de la Famille, et de la Solidarité, envisage d’initier un projet de loi sur le «harcèlement sexuel sur la voie publique». D’un point de vue strictement juridique, ce dernier semble être quasi impossible à définir, car la nuance entre drague et harcèlement est infine. Pour Bouchra Abdou, membre de la FLDDF (Fédération de la ligue des droits de la femme), «la drague est une première forme de harcèlement». Celle-ci ajoute : «Si nous n’avons pas une loi pour nous protéger, nous ne serons jamais des êtres humains complets». En outre, les militantes croient dur comme fer à l’aspect dissuasif de la loi. «Aucun homme n’a envie de perdre son travail à cause de quelques jours de prison pour harcèlement». Toutefois, la FLDDF insiste également sur l’importance d’associer tous les ministères à ce projet. «Pas seulement le ministère de la Justice, mais aussi le ministère de l’Intérieur, responsable de l’autorité et celui de la Santé car la violence n’est pas que physique, elle est avant tout psychologique ». Il n’est jamais flatteur en effet de s’entendre appeler « la grande », « la grosse », « la moche » quand il ne s’agit pas d’insultes plus grossières. L’élaboration d’une loi reste-t-elle la solution au problème ? Une fois de plus, les législateurs interviennent sans se poser au préalable la question du « pourquoi et du comment ». La répression ne va-t-elle pas nous mener à l’excès inverse, c’est-à-dire à une société où les actes les plus courants entre hommes et femmes pourraient être réprimés au motif de « harcèlement »?
La culture de l’égalité doit être promue par les médias et surtout par l’éducation, principal vecteur de transmission des valeurs.
Un exemple est à ce titre significatif. La FLDDF intervient lors d’ateliers de sensibilisation dans les écoles. Bouchra Abdou explique qu’au départ tous les jeunes élèves masculins considèrent que la drague est «normale» car, expliquent-ils, «tout le monde le fait». Cependant, quelques heures et quelques ateliers plus tard, les points de vue changent. Entre-temps la situation a été renversée et les petites filles ont pu aborder les garçons par les qualificatifs entendus quotidiennement : «le mignon», «le grand», etc. Au final, garçons et filles s’accordent sur la nécessité d’agir.
Une chose est sûre : le décor est planté, encore faut-il prendre le taureau par les cornes et réfléchir aux meilleurs moyens d’action pour pallier durablement le problème.