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« Il y a eu dernièrement l’arrestation de plusieurs femmes qui étaient sur le point d’embarquer sur un bateau de fortune pour aller de Nador vers l’Espagne. Deux bus transportant des migrants subsahariens ont quitté la ville avant-hier. Pourtant, la cadence des arrestations et des déplacements vers l’intérieur du pays s’est beaucoup ralentie dernièrement. En effet, la ville semble avoir été désertée par les migrants », nous a indiqué Omar Naji, président d’AMDH-section Nador. Et de poursuivre : « C’est à Tanger qu’il est devenu de plus en plus difficile d’être un migrant subsaharien. Pas plus tard que ces derniers jours, plus de 100 personnes ont été arrêtées et enfermées dans un commissariat du quartier Ouamate durant trois jours sans passer devant le Parquet et sans être jugées. Selon nos sources, ces migrants auraient reçu la visite des représentants de leurs ambassades et ils auraient signé quelques documents dans l’attente de leur refoulement vers leurs pays d’origine ».
Du côté de l’OIM-Maroc, il n’y a eu ni préparation ni lancement effectif d’opérations de retour collectif de ces migrants vers leurs pays. « Nous n’avons pas été contactés concernant ce sujet. D’ailleurs, nous n’avons pas été présents à la dernière réunion de haut niveau organisée il y a quelques semaines entre le corps diplomatique africain et des ministres marocains. Nous travaillons normalement dans le cadre du programme de retours volontaires et d’aide à la réintégration avec nos partenaires (gouvernementaux et ONG) », nous a confié une source de l’OIM.
En attendant la fin de ces opérations de déplacements vers le Sud du pays, les migrants éloignés sont appelés à s’armer de beaucoup de patience et de résignation. En fait, ils sont contraints d’endurer des conditions de vie inhumaines. Sara Jmgyah, membre de l’AMDH-Tiznit, en sait quelque chose. « Les migrants sont installés à l’entrée de ville. Des centaines d’entre eux passent la nuit dans un espace étroit dépourvu des conditions minimales pour une vie digne. Ils n’ont pas d’eau potable ni électricité ni toilettes », nous a-t-elle déclaré. Et d’ajouter : « Ils ne sont pris en charge par aucune partie et vivent uniquement de la charité de la population locale ».
Face à cette situation, un grand nombre de femmes migrantes déplacées quittent Tiznit trois ou quatre jours après leur arrivée sur place. « Le campement est à forte majorité masculin. Les femmes n’arrivent pas à supporter leurs nouvelles conditions de vie », nous a indiqué Sara Jmgyah. Et d’affirmer : « Cet état de fait est appelé à se dégrader davantage avec l’arrivée de l’automne et l’augmentation du nombre de déplacés. On a observé qu’un nombre important de personnes toussent et on craint qu’il y ait propagation des maladies parmi les migrants ».
Concernant la position des autorités locales et de la population, notre source nous a fait savoir que les premières n’accordent aucune importance à ces migrants comme si le sujet ne les concernait pas. Du côté de la population, les relations sont cordiales malgré les tensions observées au mois d’août avec l’arrivée de 700 migrants d’un seul coup. « Les migrants louent cette relation avec la population locale et reconnaissent que c’est grâce à elle qu’ils ont pu se procurer de la nourriture et des vêtements », a noté Sara Jmgyah.
Pour sa part, Omar Naji s’interroge à propos de la poursuite de ces arrestations et éloignements dont la raison d’être ne tient plus. Selon lui, les tentatives de passage vers l’Europe continuent et les trafiquants d’êtres humains poursuivent paisiblement leur business. «Aujourd’hui, un migrant rêvant de passer de l’autre côté de la Méditerranée, n’a pas besoin de s’installer à Nador ou à Tanger. Il passe directement au point de départ suite aux coups de fil des passeurs qui organisent ces opérations de loin via des intermédiaires», nous a précisé notre source. Et de conclure : « Du coup, les autorités attrapent les petits poissons et laissent les grands faire ce qu’ils veulent».