"C'est fini! Nous sommes en finale de la coupe du Monde! C'est un jour historique! Quelle joie!", s'est égosillé le commentateur de la chaîne La Cuatro.
Pétards et klaxons ont vite retenti dans le centre de la capitale espagnole. Voitures et piétons convergeaient en masse vers la fontaine de Cibeles, où les fans du Real Madrid célèbrent habituellement leurs triomphes. Des jeunes torse-nu, drapeau espagnol autour de la taille, toréaient aux feux rouges des voitures remplies de supporteurs en délire.
"Oui, Oui, Oui, cette année oui!", se sont époumonés plus de 30.000 fans de la Roja, surtout des jeunes portant le maillot de la Seleccion ou enveloppés dans des drapeaux espagnols, devant les écrans géants du fan park installé aux portes du stade Santiago Bernabeu du Real Madrid.
"Je suis espagnol! Espagnol! Espagnol!", reprenaient-ils en cœur. "Nous sommes euphoriques, pleins de joie, nous méritions de gagner", exultaient Julia et Nuria, deux jeunes Espagnoles de 18 ans.
L'Espagne, pavoisée de drapeaux espagnols, aux balcons, sur les toits des taxis, aux devantures des cafés, avait retenu son souffle toute la journée, chauffée à blanc par des températures caniculaires.
C'est "Le match de notre vie", avait clamé dès l'aube le quotidien sportif AS.
Peu avant le coup d'envoi, les rues se sont vidées. Les derniers usagers du métro de Madrid, se ruaient à la maison ou dans les cafés.
Déception pour les Allemands de Majorque. Sur la place Dos de Mayo, berceau de la rébellion des Madrilènes contre les troupes napoléoniennes, les terrasses d'habitude prises d'assaut, étaient presque vides.
Un vendeur ambulant africain, en maillot de la Seleccion, proposait éventails et fanions de l'Espagne à la place des habituels CD pirates.
Presque toutes les villes du pays avaient installé des écrans géants à ciel ouvert.
A l'exception notable de la capitale catalane Barcelone, où le succès s'est fêté timidement, surtout par des touristes, immigrés sud-américains, et Espagnols originaires d'autres régions.
Pourtant, la majorité des joueurs de la "Seleccion" évoluent au Barça et le buteur du match fut le Catalan Carles Puyol.
Sur l'île de Majorque, surnommée "le 17e land allemand" pour son tourisme de masse germanique, c'était en revanche une amère déception pour la colonie d'outre-Rhin.
"Nous avions déjà perdu contre l'Espagne en finale de l'Euro-2008. Maintenant nous perdons contre eux au Mondial: deux fois dans des matches si importants, c'est trop!", se lamentait Judith, 18 ans. Le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, absorbé par la profonde crise économique dans laquelle se débat l'Espagne, a suivi le match en famille. Un casino de Madrid avait installé une salle spéciale baptisée "La Roja", où une majorité de parieurs a eu raison en misant sur une victoire de l'Espagne 1-0.
Mais ce sont les rares audacieux ayant misé sur un but victorieux du défenseur Puyol, et non du "goleador" David Villa, qui ont décroché le gros lot.