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A partir du mardi 18 octobre, chaque matin, ils tiennent sit-in dans la cour de récréation, jusqu'à 16h de l'après-midi. Histoire de mettre davantage de pression sur les responsables, ils ont rédigé une pétition -dont Libé détient une copie- qui a déjà recueilli 470 signatures d'élèves (soit 98% de l'effectif total). Dans leur point de mire, le directeur du lycée dont ils réclament la destitution immédiate. Voilà qui est dit ! Au-dessus du local abritant les bureaux de l'administration, les élèves ont déployé une large banderole affichant en gros : «Dégage Si Hassan ». Une condition sine qua non de la reprise des études. Mais le brandon de la discorde alimentant cette contestation se trouve ailleurs. Au premier jour de la manifestation, les langues se sont déliées. «Nous en avons ras-le-bol de cette attitude hautaine dont fait preuve à notre égard le directeur en se plaisant à jouer le maître absolu ; nous en avons assez du ton intimidant et despotique avec lequel il se plaît à s'adresser aux apprenants. C'est de la provocation!. A tel point qu'on ne cesse de s'interroger : sommes-nous bien dans un lycée ou une maison de correction?», tonne un élève du Tronc commun en sit-in dans la cour ce premier jour de manif. « Ces méthodes qu'on croyait révolues, ont-elles jamais contribué à l'épanouissement de l'élève ? Elles incitent plutôt à l'agressivité ! Ne dit-on pas que la pression engendre l'explosion? », s'exclame Saïd, son camarade. « Ce genre de méthode éducative cultive la violence. Il y a de quoi s'alarmer», renchérit, indignée, une lycéens, en brandissant une banderole sur laquelle est inscrit : "Halte à l'humiliation! Haro sur l'oppression".
Pour les lycéens, le directeur a tort de voir en tous les élèves des ennemis, des subversifs, des effrontés et des chahuteurs bons à terroriser pour mieux les mater. «Comment peut-on travailler dans une telle atmosphère conflictuelle démotivante », s'écrie un autre élève en 1ère année du bac. Il reproche également au directeur son refus d'ouvrir les portes de la salle informatique aux élèves pour leur pemettre d’accéder à l'Internet dont l'usage est désormais d'une nécessité absolue pour les apprenants. Idem pour la bibliothèque qui est si vitale pour le développement de la lecture.
Pis, ajoutent les protestataires, ledit directeur semble non seulement hostile à la lecture, mais aussi au théâtre …et à toutes les autres activités d'animation parascolaires. Bref, ironisent les élèves, c’est une illustration d'une gestion parfaitement au diapason de « l'école de réussite » lancée par les initiateurs du programme d'urgence.
Voulant recueillir la version du directeur, nous avons trouvé porte close. Toutefois, selon une source proche de la délégation, le responsable en question nie en bloc toutes les accusations des élèves. Et pour expliquer sa décision de fermer la bibliothèque et la salle informatique, il argue le manque de personnel chargé de leur gestion.
Les élèves ayant multiplié leurs sit-in et demandé l'intervention du délégué, une commission a été diligentée par la délégation du MEN de Tiznit vendredi 22 octobre. Sa première mission a été de faire en sorte que les deux parties en conflit cessent de souffler sur les braises de la discorde.
Après une journée d'enquête et d'écoute, un deal a été trouvé. La commission a convaincu les lycéens de sursoir temporairement à leur requête relative à la destitution du directeur de ses fonctions. Elle leur a demandé de patienter deux semaines, le temps de soumettre le résultat de son enquête à la hiérarchie au niveau de l'Académie du MEN à Agadir. Entre-temps, les attributions du directeur seront transférées provisoirement au censeur ou à la personne qui en tient lieu. Pour leur part, les élèves ont pris la décision de reprendre leurs cours mais de rester vigilants. Mieux, « des réunions seront incessamment tenues entre les élèves et leurs enseignants pour préparer des activités culturelles. Des professeurs se porteront volontaires pour assurer la gestion des espaces fermés. En plus, une large campagne de ramassage de sacs en plastique et autres ordures sera organisée dans les prochains jours par tous les lycéens », nous a annoncé une élève ayant participé à la réunion avec la commission de la délégation de Tiznit. Affaire à suivre.