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Boussaïd rame à contre-courantLe nouveau ministre des Finances défend le modèle économique basé sur la demande intérieure comme moteur de la croissanceMardi 7 Janvier 2014
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Alors qu’il y a un quasi consensus chez les économistes marocains sur l’essoufflement du modèle de développement économique et sur la nécessité d’une refonte de ce modèle, le nouveau ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaid, est d’un autre avis. Il affirme que ce modèle «n’a pas encore épuisé tout son potentiel». Défendant ce modèle basé sur la demande intérieure comme moteur de croissance, le ministre a estimé que la consommation des ménages, étant l’une des composantes essentielles de la demande intérieure, et qui représente 60% du PIB, est en passe de se développer. Et pourtant, il s’est contredit en notant que la «part de la consommation des ménages dans le PIB a progressé de 2,58% entre 2000 et 2012. Un taux qui reste, toutefois, inférieur par rapport à d’autres pays tels que la Tunisie (9,6%), la Turquie (5,7%) et la Jordanie (3,8%). Concernant la deuxième composante de cette demande, à savoir l’investissement, il a affirmé qu’il a connu également une mutation qualitative en enregistrant des taux de développement dépassant celui de la consommation des ménages avec respectivement 6,5% et 5% en 2006 et 2011, ce qui représente un indicateur positif prouvant qu’il existe encore une marge pour consolider la consommation. Contrairement aux affirmations du ministre, et dans la foulée du débat autour de cette problématique, aucune des institutions économiques, officielles ou non, qui ont donné leur avis sur cette question éminemment importante, n’a été pour la continuation sur les mêmes fondements. Que cela émane du Centre marocain de conjoncture (CMC) ou du Haut-commissariat au plan (HCP), les appels à une refonte de ce modèle se sont multipliés ces dernières années. En ce qui concerne le conjoncturiste du Royaume, à savoir le CMC, son président, Habib El Malki, avait souligné qu’ «il faut revoir le modèle de croissance économique suivi par le Maroc depuis près de 15 ans», et ce pour, d’une part accélérer le rythme de croissance économique et, d’autre part, renforcer la cohésion sociale. Ce modèle triptyque basé sur le développement sectoriel, la libéralisation du marché et l’ouverture commerciale montre des signes d’essoufflement, avait-il dit, donnant dans ce sens l’exemple du faible impact de l’investissement public sur l’emploi, le pouvoir d’achat et la croissance économique. Pour remédier à cette situation, le CMC avait proposé de «jeter les bases d’un modèle de croissance inclusive pour élargir le marché et la demande intérieurs ainsi que revoir la stratégie de l’investissement public pour accroitre sa productivité et son efficience». S’agissant du HCP, il y a lieu de rappeler que le Haut-commissariat au plan avait organisé en avril dernier, une rencontre sous le thème «La contribution au débat sur une nouvelle politique économique dans le contexte actuel des déséquilibres macroéconomiques au Maroc», dont la conclusion principale était « la nécessité de changer le modèle de développement». En effet, tout en reconnaissant que le modèle de développement adopté par le Maroc, fondé sur la demande intérieure comme moteur de croissance, durant la dernière décennie, a permis, entre autres, d’augmenter les revenus et la consommation et de réduire le chômage et la pauvreté.
Le Haut-commissaire, Ahmed Lahlimi, avait précisé que dans le contexte de la crise économique actuelle, le modèle de croissance tiré par la consommation a montré ses limites à l’échelle internationale, ce qui a poussé les pays développés à s’engager dans une stratégie de rupture progressive. Et d’ajouter qu’il faut accepter une récession dans le court terme, pour pouvoir rehausser le potentiel de croissance du Maroc. Rappelant que ce potentiel tourne autour de 4 à 5 %, Lahlimi a précisé qu’avec des réformes structurelles, on peut dans le moyen terme être capable de réaliser des taux de croissance entre 7 et 8%. Apparemment, l’actuel Exécutif qui adopte à chaque fois que c’est possible le slogan des réformes, ne veut pas courir ce risque, ou n’a pas le courage de le faire.
Mohammed Taleb
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