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Pour la Maison Blanche, une offensive sur Rafah serait une erreur, conduirait à plus de victimes innocentes, aggraverait davantage la situation humanitaire, renforcerait l'anarchie à Gaza et isolerait encore plus Israël sur la scène internationaleLes pourparlers entre "équipes techniques" se poursuivent au Qatar, selon une source proche des négociations, après un infléchissement de la position du Hamas qui a ouvert la porte à une pause des combats après avoir exigé sans succès un cessez-le-feu définitif.
Les bombardements israéliens se poursuivent pendant ce temps sans répit et ont fait 104 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas, dont au moins 30 dans la ville de Gaza.
Le chef du mouvement islamiste palestinien, Ismaïl Haniyeh, a accusé mardi Israël de "saboter" les négociations avec l'opération d'envergure menée depuis lundi contre l'hôpital al-Chifa de cette ville, qui abrite des milliers de civils ainsi que des malades et du personnel.
L'armée a déclaré mercredi avoir tué jusqu'à présent 90 combattants du Hamas et du Jihad islamique dans ce complexe hospitalier, le plus grand du territoire, et à ses abords, et avoir arrêté "plus de 300 suspects".
Les ONG et les agences de l'ONU ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur le risque imminent de famine dans le territoire palestinien, en particulier dans le nord, difficilement accessible et où vivent actuellement plus de 300.000 personnes.
"Cent pour cent de la population" de Gaza se trouve "dans une situation d'insécurité alimentaire grave", a affirmé mardi le secrétaire d'Etat américain, qui était attendu mercredi en Arabie saoudite puis jeudi en Egypte.
Antony Blinken a dit qu'il aborderait lors de ses entretiens les "efforts déployés pour parvenir à un accord de cessez-le-feu immédiat garantissant la libération de tous les otages restants", ainsi que "l'intensification des efforts internationaux visant à accroître l'aide humanitaire à Gaza et la coordination de l'après-conflit à Gaza".
Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant doit par ailleurs se rendre la semaine prochaine à Washington, au moment où les Etats-Unis pressent Israël d'éviter une offensive terrestre d'envergure sur la ville de Rafah, dans l'extrême sud de la bande de Gaza, où sont massés près d'1,5 million de Palestiniens, selon l'ONU, en majorité déplacés par la guerre.
Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait annoncé mardi l'envoi d'une délégation "à la demande du président américain Joe Biden", pour discuter de cette opération annoncée par Israël.
Benjamin Netanyahu affirme que cette offensive est nécessaire pour vaincre totalement le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007.
Une offensive sur Rafah serait "une erreur", a affirmé mardi la Maison Blanche, "conduirait à plus de victimes innocentes, aggraverait davantage la situation humanitaire, renforcerait l'anarchie à Gaza et isolerait encore plus Israël" sur la scène internationale.
Le Canada va cesser d'envoyer des armes vers Israël, a par ailleurs annoncé à l'AFP une source gouvernementale canadienne. Le chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz, a qualifié de "malheureuse" cette décision qui "sape le droit d'Israël de se défendre".
La guerre a éclaté le 7 octobre lorsque des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles israéliennes.
Selon Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes.
En représailles, Israël a promis d'anéantir le Hamas. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 31.923 morts à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Selon les agences de l'ONU, plus de 1,1 million de personnes à Gaza, soit environ la moitié de la population, vivent dans une situation alimentaire "catastrophique", proche de la famine.
A Rafah, la situation humanitaire désastreuse est encore aggravée par les pluies diluviennes qui se sont abattues mardi, inondant les campements de déplacés.
"Nous ne faisons plus la différence entre la pluie, le tonnerre et les bombardements. Les enfants criaient de peur. Nous avons été submergés par l'eau de pluie et nos affaires ont été trempées", a raconté à l'AFP Oum Abdoullah Alwan, une femme déplacée de Jabaliya, dans le nord de la bande de Gaza, installée sous une tente avec 14 membres de sa famille.
"En fait, toute la population de Gaza dépend aujourd'hui de l'aide alimentaire, mais plus de la moitié de la population vit aujourd'hui dans ce que l'on appelle un +niveau de faim critique+", a déclaré mardi Philippe Lazzarini, le commissaire général de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).
Le "principal obstacle" à l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza "est l'absence de volonté politique", a-t-il ajouté.
Depuis le début de la guerre, Israël a imposé un siège complet à la bande de Gaza et inspecte toute l'aide, ce qui a pour effet de réduire le nombre de camions entrant dans le territoire, essentiellement par Rafah depuis l'Egypte.
Face à l'urgence humanitaire, plusieurs pays organisent des parachutages et ont ouvert un couloir maritime depuis Chypre, mais tous soulignent que ces voies d'approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres.