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C’est le cas de Hamid Haji, responsable associatif, qui estime qu’Anfgou a pu tourner la page d’un no man's land surgi de nulle part ou l’image d’un lieu macabre au milieu des montagnes du Haut Atlas oriental, à 1.600 mètres d'altitude où l’on assiste à la mort de personnes à cause du froid. « Les habitants d’Anfgou doivent s’estimer heureux par rapport à leurs voisins à Anmazi, Aghdou, Tamalout et Atmarzak qui vivent sans eau ni électricité et coupés du monde puisqu’ils ne sont pas reliés aux routes nationales », nous a-t-il révélé.
Un jugement que partage Khoya Zaid, vice-président de l’Association Arhal, qui pense que ladite localité a largement bénéficié des campagnes médiatiques et de deux visites Royales qui ont permis certains changements dans le quotidien de près de 3.000 habitants de ce village. «Aujourd’hui, Anfgou dispose d’un nouveau dispensaire et d’une école qui ont vu le jour dernièrement. Quant à l'eau, l'électricité et le téléphone, ils ont déjà fait leur entrée depuis peu. Le village a même eu droit à une ambulance », nous a-t-il indiqué. Une situation à l’opposé de ce que vivent d’autres villages voisins qui souffrent de l’exclusion et de la marginalisation. « Vous ne pouvez pas imaginer la vie des gens dans ces bourgades où il n’y a ni eau, ni électricité, ni téléphone, ni dispensaire, ni gendarmes non plus. Bref, ils manquent de tout et vivent dans le démuement total», nous a-t-il confié.
Quant à Mohamed O’Serghin, président de l’Association Aminyan pour les droits et le développement, il va plus loin. Il estime que les dons et les aides acheminés vers Anfgou n’ont pas lieu d’être. Selon lui, la population de ce village bénéficie d’un niveau de vie plus élevé que les autres habitants et dispose de ressources économiques importantes. Ceci d’autant plus que nombreux sont ceux d’entre eux qui ont bénéficié de l’octroi d’agréments.
Pire, poursuit notre interlocuteur, les nombreux changements introduits dans le village d’Anfgou n’ont pas réussi à donner leurs fruits au-delà de la frontière de cette bourgade. « Malgré le fait qu’il y a un dispensaire, une école et une ambulance à Anfgou, les habitants des autres régions ne bénéficient pas de ces infrastructures et doivent se déplacer à des centaines de kilomètres soit pour l’accès aux soins ou l’éducation de leurs enfants», nous a-t-il confié.
D’après lui, cette situation démontre que la région manque encore de politiques de développement intégré et global et que seulement des solutions à l’importe-pièce sont proposées. A ce propos, il n’a pas hésité à afficher son désaccord sur les politiques des dons et des aides initiés par l’Etat et les associations de la société civile. « Combien nous faut-il de campagnes de distribution de nourriture, de vêtements et de couvertures? La population de cette région a besoin d’une vraie politique de développement notamment au niveau des infrastructures de base », nous a-t-il déclaré.
Le président de l’Association Amnyan pense comme beaucoup d’acteurs associatifs que tous les maux de cette région résultent de l'absence de routes et que ces dernières sont la clé du développement de la région. « Il n’y aura pas de développement sans désenclavement de nos villages. L’Etat peut mettre en place des écoles, des dispensaires, des internats, mais ces infrastructures donnant accès à ces villages restent sans vie tant qu’il n’y a pas de routes», a-t-il conclu. Un message que Aziz Rebbah, ministre de l’Equipement et des Transports doit prendre en considération pour que le côté folklorique de l’«opération d’aide aux habitants d’Anfgou» ne se reproduise pas l’année prochaine.