Benkirane renvoie la représentation parlementaire des MRE aux calendes grecques

L’Exécutif s’obstine dans son refus de donner suite aux propositions de loi sur l’éligibilité et le vote des Marocains du monde déposées par l’USFP et l’Istiqlal


Hassan Bentaleb
Mardi 12 Août 2014

Benkirane renvoie la représentation parlementaire des MRE aux calendes grecques
Si Abdelilah Benkirane nous a habitués à quelque chose depuis son investiture en tant que chef du gouvernement, c’est bien à ses indicibles contradictions. En effet, l’homme dit tout et son contraire à la fois, et ce à l’instar de ce qu’il a fait lors de son dernier discours adressé aux MRE réunis avant-hier à Rabat à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de la communauté marocaine de l’étranger. Car s’il leur a promis d’être représentés au Parlement, il a tenu à préciser que ce ne sera ni dans un futur proche ni à long terme. Ils le seront quand la conjoncture le permettra, a-t-il affirmé.
Le chef du gouvernement a même creusé davantage ses contradictions car malgré ses pouvoirs constitutionnels, il ne semble pas être sûr de tenir ses promesses puisqu’il a lancé à l’audience que les MRE ne doivent pas trop compter sur lui et qu’il allait faire ce qu’il pouvait. En effet, et comme l’a bien  dit   Antoine Loisel, jurisconsulte français, «promettre et tenir sont deux» choses différentes.
Pourtant, les actuelles promesses du chef du gouvernement n’ont rien de  nouveau. Elles font écho à celles données par lui-même lors d’une intervention le 20 mai 2012 à Barcelone devant un parterre d’associations de MRE installées en Espagne lors de laquelle il avait, entre autres, promis que les MRE seront représentés au prochain Parlement  sans toutefois préciser les modalités de leur représentation. 
Que s’est-il passé entre 2012 et 2014? Rien du tout. L’Exécutif semble renvoyer  aux calendes grecques le droit constitutionnel des MRE de participer à la gestion des affaires publiques et de jouir pleinement de leur citoyenneté. Pis, le gouvernement n’a pas donné suite aux propositions de loi présentées par l’USFP, début février, et l’Istiqlal en mars dernier à la commission de l’Intérieur de la Chambre des représentants. Des propositions qui ont pour objectif de réformer la loi organique relative à la Chambre des représentants, afin d’introduire certaines mesures telles que l’éligibilité et le vote des MRE. Une mesure qui permettra de concrétiser les droits constitutionnels, prévus par l’article 17 de la Loi fondamentale qui stipule que «les Marocains résidant à l’étranger jouissent des droits de pleine citoyenneté, y compris le droit d’être électeurs et éligibles. Ils peuvent se porter candidats aux élections au niveau des listes et des circonscriptions électorales locales, régionales et nationales».
Abdelilah Benkirane semble encore enfermé dans sa vision étriquée de la question migratoire. Pour lui, les MRE ne sont que des contributeurs aux transferts de devises vers la mère patrie. Et ils sont obligés, selon lui, de remplir ce devoir sans contrepartie aucune.  En d’autres termes, oui pour l’argent des Marocains du monde et non à la satisfaction de leurs revendications ou à la solution de leurs problèmes ! Ainsi, le chef du gouvernement ne veut rien entendre   de ces Marocains d’Espagne ou d’Italie qui souffrent du chômage; des problèmes d’intégration des MRE retournés vivre au Maroc notamment au niveau de l’éducation de leurs enfants qui se retrouvent souvent en décalage dans des écoles publiques où ils n’arrivent pas à suivre les cours à cause de la question linguistique; des harcèlements et des contrôles discriminatoires , en France,  des lieux de résidence des vieux migrants dirigés par certains organismes de sécurité sociale; de la suppression progressive des pensions de retraite de reversion aux enfants et épouses de MRE de Hollande résidant au Maroc, des MRE de Syrie ou de Libye qui souffrent le martyre et la liste est longue.
Le chef du gouvernement n’est pas prêt à affronter ces problèmes puisque son bilan au niveau de la promotion et de la défense de cette communauté à l’étranger est nul. Une évaluation que partagent beaucoup de MRE qui ne croient plus aux discours officiels maintes fois ressassés. Ils estiment que la négligence et l’indifférence à leur égard continueront à être de mise tant que les pouvoirs publics s’évertueront à les traiter comme de simples statistiques et non comme des citoyens devant jouir de tous leurs droits. 


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