Benkirane n’a jamais répondu au mémorandum d’Amnesty International : Inquiétudes sur le rétrécissement des libertés


Narjis Rerhaye
Mercredi 6 Juin 2012

Quelques semaines après la nomination d’Abdelilah Benkirane et l’investiture de son Exécutif, la section marocaine d’Amnesty International a pris sa plus belle plume pour écrire au nouveau chef de gouvernement et lui soumettre ses principales recommandations en matière de respect des droits humains au Maroc. « Cinq mois plus tard, nous n’avons toujours pas reçu de réponse de M. Benkirane. Ce silence nous a d’autant plus choqués que nous pensions que de telles pratiques, celles qui font en sorte d’ignorer et de ne pas avoir entendu des revendications en rapport avec la dignité, n’avaient plus cours, que le Maroc avait changé ! » s’exclame Mohamed Sektaoui, le directeur général d’Amnesty Maroc.
Mais la surprise des activistes marocains d’Amnesty sera encore plus grande quand ils recevront une lettre manuscrite du président tunisien, Moncef Merzouki, à qui ils avaient adressé aussi leurs attentes en matière d’amélioration des droits humains dans une Tunisie qui venait de rompre avec l’autoritarisme. «Oui, M. Merzouki nous a répondu, dans une lettre écrite de sa main, mais pas M. Benkirane», a révélé Mohamed Sektaoui au cours d’une conférence de presse donnée mardi 5 juin à Rabat à l’occasion de la présentation du rapport annuel d’Amnesty International.
En attendant la réponse du chef de gouvernement islamiste, la section marocaine d’Amnesty International n’a pas tu ses inquiétudes relatives à la situation des droits de l’Homme au Maroc. Depuis l’installation du nouveau gouvernement,  l’impunité et les  obstacles faits à la liberté d’expression et celle de rassemblement sont toujours une réalité au quotidien. « Nous ne jugeons pas sur les déclarations de bonne volonté. Les slogans mielleux n’ont pas encore cédé la place aux actes concrets. Et les actions concrètes qu’Amnesty International attend ainsi que de nombreuses ONG de défense des droits humains  résident dans l’abolition de la peine de mort, l’adhésion du Maroc au Tribunal pénal international, la fin de l’impunité–que certains tentent aujourd’hui d’institutionnaliser- la réelle reddition des comptes,  la levée de toutes les réserves marocaines concernant la CEDAW, le respect total de la liberté d’expression, d’opinion et de culte. C’est à l’aune de ces actions que le changement peut se mesurer», soutient M. Sektaoui avant d’appeler le gouvernement Benkirane «à écouter le pouls de la rue».

Le rapport 2012 épingle le Maroc sur fond de «20 février»

Dans son rapport 2012, Amnesty International épingle Rabat sur la répression de la dissidence en faisant état de l’intervention brutale des forces de sécurité contre les rassemblements effectués dans le sillage du 20 février. La question de la liberté d’expression et de presse apparaît également comme l’un des points faibles du Maroc.
Les cas du journaliste Rachid Nini, de l’activiste Chakib Khyari, de l’ancien militaire Kaddour Terhzaz, du rappeur Mouad Belrouate sont autant d’exemples  qui viennent alimenter la chronique d’une liberté bafouée ou sous surveillance. Des actes de torture et de mauvais traitements dans des centres de détention  sont également évoqués dans le  chapitre marocain du  rapport d’Amnesty International. Et si la situation des droits de l’Homme au Sahara a été également passée à la loupe par les activistes de cette ONG, les violations commises dans les camps de Tindouf n’ont pas été passées sous silence. « Nous n’avons de cesse de réclamer le jugement des responsables du Polisario qui se sont rendus coupables d’exactions et de violations des droits humains dans les camps de Tindouf. A chaque fois l’accès à ces camps nous est refusé. Ce qui est loin de signifier qu’à Tindouf les droits de l’Homme se portent bien », affirme Mohamed Sektaoui
Cette année, le rapport d’Amnesty International intervient dans un contexte historique pour les droits de l’Homme. «Une année pas comme les autres qui a commencé par le Printemps arabe, qui a vu les soulèvements populaires, la mobilisation pour la dignité, les cris pour la liberté et les droits», rappelle Driss Haidar, le président de la commission exécutive de la section marocaine d’A.I. Un rapport dédié à ceux qui écrivent l’histoire avec leur sang et leurs larmes, comme le dit avec beaucoup d’émotion le directeur général d’Amnesty, et qui, surtout, interpelle les grandes puissances qui siègent au Conseil de sécurité et usent de leur droit de veto au nom de leurs intérêts.
En 2011, des mouvements de protestation ont eu lieu dans le monde entier. Malgré toutes les entraves faites à la liberté d’expression dans plus de 90 pays, des hommes et des femmes ont investi les rues et les places pour réclamer liberté, dignité, démocratie et justice. «De nombreux gouvernements ont réagi avec violence. Des personnes ont subi des tortures et d’autres mauvais traitements dans au moins 101 pays, souvent pour avoir participé à des manifestations anti-gouvernementales », conclut Fatiha Darif, la vice-présidente de la commission exécutive d’Amnesty International.


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1.Posté par farid le 06/06/2012 12:33
vous exagerez un peu avec votre opposition qui prend des couleurs anti-patriotiques:

rencontre avec polisario
encouragement dh chaos populaire
contrarier les decisions du maroc quand a sa cause nationale
etc etc..


attention,comme ca vous ne ferez que perdre le reste de crédebilité qui vous reste.

2.Posté par BEHRI ABDELAAZIZ le 06/06/2012 19:50
Je me joins à Farid pour crier haro sur Narjis. Qu'a fait l'USFP de mieux que le PJD?
Pourtant, ce dernier vient directement des urnes. Le peuple l'a choisi et c'est à lui de le stigmatiser. Ce n'est pas en cassant du sucre sur son dos que vous allez prendre sa place. Votre image est ternie et vous devez d'abord nettoyer devant chez vous et retrousser vos manches si vous tenez à reprendre le gouvernail. Mais vous devez changer le fusil d'épaule car notre bateau sera mené à bon port par le PJD.

3.Posté par Said le 06/06/2012 21:43
Wow mais c'est la fin du monde alors !!!! Vous avez raison au moins sur une chose, Mr Benkirane aurait dû aussi prendre sa plus belle plume pour écrire pouahaha




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