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Benkirane semble, en effet, perdre de vue que de nombreux rapports ont démontré la gravité de ce terrible fléau, notamment celui de la Fondation Ytto qui précise que 83% des femmes des douars ciblés par son étude se sont mariées avant l'âge de 18 ans. Quant au livret de famille, il n’existe même pas dans 85% des cas et 91% des mariages sont coutumiers et non authentifiés.
Selon ladite Fondation, de nombreux malaises d'ordre gynécologique ont également été constatés chez ces femmes. Notamment chez celles qui sont âgées de 12, 13 ou 14 ans et qui sont tombées enceintes dès leur puberté ainsi que parmi celles qui souffrent de violences sexuelles. Alors que pour Benky, «il n’existe pas de mariage de mineures au Maroc. Ce ne sont pas toujours des mineures qu’on marie malgré elles, mais il existe des jeunes filles de 16 et 17 ans qui veulent se marier et c’est bien elles qui le désirent», a-t-il souligné dans ledit entretien. «L’âge de mariage au Maroc est de 18 ans, comme en Espagne», a-t-il précisé avant d’ajouter: «Mais on a donné la possibilité aux magistrats d’accorder des autorisations spéciales pour les filles qui veulent se marier». Comment un chef de gouvernement peut-il tenir de pareils propos ? Ne sait-il pas que le mariage d'une mineure est un viol même s'il existe des textes qui le légitiment ? Ne sait-il pas non plus que la place d'une mineure est bien évidemment sur les bancs de l'école ? N’est-il pas au courant du fait qu’à 16 ou 17 ans, on n’est toujours pas assez mâture pour se donner en mariage ? Non, il n’est vraisemblablement pas au courant de tout cela et c’est aux Espagnols qu’il a tenu à le faire comprendre. Quel malheur pour l’image de notre pays !
Il faut dire que ces propos parfaitement absurdes de Benkirane nous rappellent qu’il n’a jamais porté les femmes dans son cœur. D’ailleurs, pas plus loin que le 17 juin 2014, il avait livré sa vision de la femme active marocaine devant des centaines de parlementaires. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que celle-ci n'est pas du tout dans la logique du respect de l'égalité des genres. «Les femmes qui travaillent ne trouvent plus le temps de se consacrer à leurs enfants et à leur famille», avait-il dit. Et d'ajouter : «C'est une faute», non sans avoir dénoncé le modèle européen. «Les foyers marocains se sont éteints lorsque les femmes sont sorties pour travailler. (...) Vous qui êtes là, vous avez été éduqués dans des maisons où il y avait des lustres. Ces lustres étaient vos mères. (...) Nous sommes fiers, car Dieu nous a honorés pour défendre cette dimension», avait-t-il poursuivi sans scrupules.
Des propos scandaleux qui en disent long sur sa conception rétrograde et moyenâgeuse du rôle des femmes, et qui violent l'esprit et la lettre de l'article 19 de la Constitution consacrant l'égalité des droits entre les sexes et exhortant l'Etat à œuvrer pour la réalisation de la parité. Sauf que Benky a, paraît-il, une Constitution bien à lui.
C'est donc l'occasion de lui rappeler qu'au Maroc, les femmes restent fortement discriminées sur les plans juridique, éducatif et professionnel.