Efficace contre la polyarthrite chronique et recommandé par l’OMS contre les cas graves du Covid
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La santé est un droit humain fondamental auquel est associé l'accès aux médicaments et aux soins abordables. Et pourtant, pour des millions de personnes dans le monde, ce droit reste hors de portée en raison de déficiences politiques associées à de mauvaises pratiques bien établies.
Dans ce sens, ITPC Mena, une organisation internationale qui lutte pour la réduction des prix des médicaments coûteux, et la fabrication et l’importation de génériques de médicaments à bas prix, a engagé une requête en invalidation auprès du tribunal de commerce de Casablanca pour contester le brevet déposé par la société pharmaceutique américaine Eli Lilly sur le Baricitinib. Une molécule efficace contre la polyarthrite chronique, également recommandée par l’OMS pour le traitement des cas graves du Covid-19 mais qui n'a pas de générique disponible au Maroc.
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie débilitante qui peut causer de la douleur et de l'inflammation dans les articulations, ainsi qu'une perte de mobilité et une diminution de la qualité de vie. Baricitinib, qui appartient à la classe des médicaments appelés inhibiteurs de la janus kinase (JAK), peut aider à contrôler les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde en réduisant l'inflammation.
Déposé en 2009, le brevet pour ce médicament a été accordé en 2010 par l'Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC) à Eli Lilly. Cela signifie que sans l'autorisation de ce laboratoire américain, aucun générique ne peut être produit ou importé par un autre laboratoire jusqu'en 2029, et que ce médicament est vendu à des prix fixes élevés déterminés par le fabricant. En plus, il n'est même pas vendu au Maroc et doit être acheté à l’étranger à un coût très élevé. Le prix d’une boîte de 30 comprimés varie entre 1.000 $ en moyenne en Europe et 2.400 $ aux États-Unis.
Selon ITPC Mena, «ce brevet constitue un obstacle à l'accès aux soins et menace la souveraineté du Maroc en matière de production locale de médicaments essentiels». «Le but de cette procédure d'opposition est d'encourager la production locale en priorité ou d'importer cette molécule à des prix abordables», explique l’organisation.
Pour Dr Redoine.O, médecin anesthésiste-réanimateur, «le coût élevé de certains médicaments peut rendre leur utilisation impossible pour de nombreuses personnes, ce qui peut avoir des conséquences graves sur leur santé». «C'est pourquoi je soutiens fermement le droit de fabriquer des médicaments génériques qui offrent une alternative abordable pour les patients, sans compromettre la qualité ou l'efficacité du traitement», explique-t-il. «En permettant la production de médicaments génériques, nous pouvons garantir que les patients aient accès à des traitements nécessaires sans avoir à se soucier des coûts», ajoute notre interlocuteur. «En tant que médecin, je vois quotidiennement l'impact que les coûts élevés des médicaments peuvent avoir sur la santé des patients. C'est pourquoi je suis convaincu que la protection du droit de fabriquer des médicaments génériques est une question de santé publique importante», précise l’anesthésiste-réanimateur, avant de préciser que «les enjeux clés liés à l'accès aux médicaments incluent le manque de volonté politique, l'économie de la santé, l'éthique de l'industrie pharmaceutique, en plus de la responsabilité des prestataires de soins et des professionnels de la santé».
Le spécialiste estime, par ailleurs, que «nous devons nous assurer que les médicaments génériques sont produits de manière sûre et efficace». «Il est crucial de suivre les protocoles de qualité rigoureux et de s'assurer que les ingrédients actifs et les dosages sont identiques aux médicaments de marque originaux», explique-t-il. Et de conclure : «cela garantira que les patients reçoivent le même niveau de soins, indépendamment de leur choix de médicament».
Il faut dire qu’outre la facilité de l’accès aux soins, la fabrication de médicaments génériques, peut également stimuler la concurrence dans le secteur pharmaceutique. Cela peut conduire à des prix plus bas pour les patients, mais également à une meilleure utilisation des ressources publiques consacrées à l'achat de médicaments.
Malheureusement, certaines entreprises pharmaceutiques peuvent tenter de bloquer la production de médicaments génériques en utilisant des tactiques telles que les brevets secondaires ou en introduisant de nouveaux produits sur le marché avant l'expiration du brevet original. Cela peut rendre difficile l'accès aux médicaments génériques pour les patients qui en ont besoin.
La décision du tribunal de commerce de Casablanca aura certainement des répercussions sur les politiques de santé publique et de protection de la propriété intellectuelle dans le pays, ainsi que sur l'avenir de la production locale de médicaments essentiels.
Le brevet sur le Baricitinib est l'un des nombreux exemples de la manière dont les brevets de médicaments peuvent entraver l'accès aux soins, surtout dans les pays en développement. Cependant, dans ce cas précis, le monopole d'Eli Lilly sur le Baricitinib représente un défi particulier, car il s'agit d'une molécule importante pour le traitement de la polyarthrite chronique et du Covid-19.
Ce cas montre également la nécessité d'une réflexion plus approfondie sur les politiques de protection de la propriété intellectuelle et sur les moyens d'assurer l'accès aux médicaments essentiels pour tous. Reste à voir comment le tribunal de commerce de Casablanca traitera cette requête en invalidation, et quelles seront les conséquences pour la production locale de médicaments, la politique de santé publique, et l'accès aux soins au Maroc.