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En marge du Forum socioculturel et économique marocco-espagnol qui a clôturé ses travaux dans la soirée de jeudi à vendredi à Dakhla, Libé a rencontré Bachir Dkhil, penseur, membre
fondateur du Polisario ayant
rallié la mère patrie et président de l’Association Alter Forum.
Libé : Quelle appréciation faites-vous du Forum maroco-espagnol de Dakhla?
Bachir Dkhil : Cette rencontre qui s’est déroulée à Dakhla est d’une grande importance car la société civile dans la région Oued Eddahab-Dakhla a commencé à jouer positivement le rôle que lui octroie la Constitution de 2011 qui décharge l’Etat en responsabilisant le citoyen et stipule que la société civile est un partenaire à part entière dans le développement du pays. Ce qui fait qu’elle a son mot à dire. Elle a donc le droit de faire des propositions et d’être consultée sur tout ce qui concerne sa région. Aussi, a-t-elle le devoir de contribuer aux différentes stratégies et aux différents projets de développement du pays. Sachant que la plus longue frontière du Maroc est partagée avec l’Espagne. Partant de là, la société civile est appelée à jouer un rôle plus efficient en tissant des liens avec son homologue espagnole en initiant des programmes d’intérêt commun entre les deux pays.
L’Espagne a beaucoup de choses à nous apprendre et nous devons tenir compte des erreurs, particulièrement, au niveau de l’architecture, de l’environnement et de l’écologique que les Canaries ont commises, notamment au lendemain de l’entrée de l’Espagne dans la communauté européenne. Ces erreurs doivent nous servir de leçons pour ne pas commettre les mêmes chez nous. Pour revenir au colloque qui doit inspirer la société civile dans les autres régions du pays et auquel je souhaite la pérennité, je dirai qu’il est très important, non seulement parce que c’est le premier du genre, mais aussi parce qu’il a réuni un grand nombre d’hommes d’affaires, de décideurs, d’intellectuels et de médias qui se sont frottés aux composantes de la société civile locale.
Quelles sont vos recommandations pour les organisateurs de ce forum et pour les composantes de la société civile locale?
La société civile doit comprendre que la Constitution de 2011 qui en fait un partenaire incontournable pour le développement, l’a mise devant ses responsabilités en lui conférant le droit de trouver des partenaires et des investisseurs à même de contribuer à l’essor de sa région. Elle ne doit plus attendre les décisions ni les rentes dont l’Etat-providence l’a gavée jusque-là. Qu’elle se démène et trouve d’autres sources légales de financement. Elle doit prendre l’initiative et ne plus dépendre de la décision d’un responsable national ou local. La société civile est, aujourd’hui, devenue une institution constitutionnelle comprenant un certain nombre de citoyens qui cherchent leurs intérêts et ceux de leur région et qui doivent compter sur leurs propres efforts. Il est naturellement du rôle des autorités locales, notamment dans le Sud, de comprendre que la société civile a atteint ou doit atteindre la maturité et voler de ses propres ailes et que la paix sociale et le développement font partie de la responsabilité, non seulement des autorités, mais de tout le monde. Par conséquent, le rôle de la société civile est prépondérant pour la sauvegarde de l’intérêt général et la contribution au développement.
Certains partis politiques de gauche sont sur le point d’organiser un forum à Marrakech auquel ils auraient invité Mohamed Abdelaziz. Qu’en pensez-vous?
Nous sommes dans un pays démocratique où la Constitution garantit la liberté d’expression, de rassemblement et de circulation. Seulement, les partis politiques de gauche ou tout autre doivent comprendre que Mohamed Abdelaziz n’est pas le représentant de tous les Sahraouis. Il y a, certes, certains Sahraouis qui sont sous les fourches caudines de celui-ci. Mais il y a d’autres idées, d’autres penseurs et d’autres élites que celles que Mohamed Abdelaziz prétend représenter et que la solution du problème du Sahara n’est pas entre les mains de celui-ci.
La solution du problème du Sahara relève de la volonté de l’Algérie qui, à travers des négociations directes avec le Maroc, peut mettre fin à ce conflit artificiel. Parmi le grand nombre de partis politiques que compte le Maroc, il n’y a pas un seul où vous ne trouvez pas un Sahraoui occupant un poste de responsabilité. Donc, tout débat visant une solution du problème doit être mené avec les autorités algériennes.
S’agissant de Mohamed Abdelaziz, on peut dire que cela fait 43 ans qu’il est opposé à lui-même. Il n’est permis à personne d’autre de se porter candidat contre lui. On doit également prendre en considération le fait que les dirigeants des trois régions sahariennes, leurs élus et leurs décideurs sont des Sahraouis élus par la majorité des Sahraouis. Aussi, tout le monde, et l’Etat marocain en premier, doit comprendre et faire comprendre que Mohamed Abdelaziz n’est pas, contrairement à ce qu’il prétend, le seul et unique représentant des Sahraouis. D’ailleurs, ce concept est mort avec la guerre froide et celui qui se qualifie d’unique et légitime représentant reconnaît, de facto, qu’il n’est qu’un dictateur appartenant à une époque révolue. Les partis politiques de gauche ou autre ne sont pas sans savoir que les Sahraouis sont nombreux dont les avis divergent sur bon nombre de points et que celui qui veut se réunir avec des Sahraouis n’a pas besoin de chercher Mohamed Abdelaziz. Les Sahraouis qu’il ne représente pas sont plus nombreux que ceux qu’il représente et sont chez eux au Maroc.
Que peut-on attendre de la visite de Ban Ki-moon dans la région ?
Les différents Secrétaires généraux de l’ONU nous ont toujours habitués à effectuer, au terme de leurs mandats, une visite dans la région. Ban Ki-moon nous a déjà envoyé Ross. Ce dernier poursuit ses périples dans la région, parlant de négociations durant les huit rencontres qu’il a organisées. Or, nous savons qu’il n’y a pas de négociations, car le Polisario fait du référendum, qui est impossible et nous, comme le Polisario, savons qu’il est impossible, sa condition sine qua non. Pour sa part, le Maroc a fait une proposition qui est une des trois interprétations proposées dans le cadre de la résolution onusienne 1514. Cette proposition est celle de l’autonomie interne qui permet aux populations de s’autogérer. Dans ce sens, le Maroc a plusieurs longueurs d’avance sur le Polisario quand on sait que les trois régions sahariennes sont dirigées par des élus sahraouis qui jouent un rôle essentiel dans la gestion de leur région respective. Il est donc impossible que Ban Ki-moon, Ross ou tout autre négociateur parvienne à faire évoluer le dossier sans un tête-à-tête entre l’Algérie et le Maroc qui sont les parties à même de résoudre le problème.
Vous avez animé une conférence sur la présence de la langue espagnole dans la culture et le dialecte de la région.
La conférence que j’ai animée a traité de la formation et du savoir-faire dans le cadre de la coopération entre les deux parties. Nous avons abordé, également, le grand tapage fait autour de l’exclusion des Sahraouis des richesses de leur région. Cette prétention mensongère, comme nos visiteurs l’ont constaté, a démontré que c’est une propagande qui vise à affamer les Sahraouis marocains et les amener à se soulever pour que le dictateur du Polisario se maintienne pour 40 nouvelles années.
Nos visiteurs espagnols ont donc constaté que la plupart des unités industrielles de la région appartiennent à des Sahraouis et qu’elles emploient des centaines voire des milliers de Sahraouis, tout comme dans les fermes agricoles. Ils ont également constaté que plusieurs jeunes de la région sont porteurs de projets prometteurs et que la propagande selon laquelle les Sahraouis sont privés des richesses de leur région est sans fondement. Nous avons également abordé les relations culturelles particulières que ces régions ont toujours entretenues avec l’Espagne en général et les Canaries en particulier. Nous avons fait le constat que l’Etat qui a soutenu la création de plusieurs instituts Cervantès pour l’apprentissage de la langue espagnole dans les régions du Nord, n’a ni initié, ni créé un seul institut dans les provinces du Sud. L’apprentissage de la langue espagnole est une condition incontournable pour le développement des relations avec nos voisins espagnols qui constituent, d’ailleurs, un relais pour notre ouverture sur l’Union européenne.
Nous avons suggéré la création d’un Office de liaisons entre l’Espagne et la région de Dakhla-Oued Eddahab. Cet office coordonnera les activités culturelles, commerciales et sociales entre l’Espagne et nos régions. Il est appelé à avoir des extensions dans les autres régions du Royaume.
fondateur du Polisario ayant
rallié la mère patrie et président de l’Association Alter Forum.
Libé : Quelle appréciation faites-vous du Forum maroco-espagnol de Dakhla?
Bachir Dkhil : Cette rencontre qui s’est déroulée à Dakhla est d’une grande importance car la société civile dans la région Oued Eddahab-Dakhla a commencé à jouer positivement le rôle que lui octroie la Constitution de 2011 qui décharge l’Etat en responsabilisant le citoyen et stipule que la société civile est un partenaire à part entière dans le développement du pays. Ce qui fait qu’elle a son mot à dire. Elle a donc le droit de faire des propositions et d’être consultée sur tout ce qui concerne sa région. Aussi, a-t-elle le devoir de contribuer aux différentes stratégies et aux différents projets de développement du pays. Sachant que la plus longue frontière du Maroc est partagée avec l’Espagne. Partant de là, la société civile est appelée à jouer un rôle plus efficient en tissant des liens avec son homologue espagnole en initiant des programmes d’intérêt commun entre les deux pays.
L’Espagne a beaucoup de choses à nous apprendre et nous devons tenir compte des erreurs, particulièrement, au niveau de l’architecture, de l’environnement et de l’écologique que les Canaries ont commises, notamment au lendemain de l’entrée de l’Espagne dans la communauté européenne. Ces erreurs doivent nous servir de leçons pour ne pas commettre les mêmes chez nous. Pour revenir au colloque qui doit inspirer la société civile dans les autres régions du pays et auquel je souhaite la pérennité, je dirai qu’il est très important, non seulement parce que c’est le premier du genre, mais aussi parce qu’il a réuni un grand nombre d’hommes d’affaires, de décideurs, d’intellectuels et de médias qui se sont frottés aux composantes de la société civile locale.
Quelles sont vos recommandations pour les organisateurs de ce forum et pour les composantes de la société civile locale?
La société civile doit comprendre que la Constitution de 2011 qui en fait un partenaire incontournable pour le développement, l’a mise devant ses responsabilités en lui conférant le droit de trouver des partenaires et des investisseurs à même de contribuer à l’essor de sa région. Elle ne doit plus attendre les décisions ni les rentes dont l’Etat-providence l’a gavée jusque-là. Qu’elle se démène et trouve d’autres sources légales de financement. Elle doit prendre l’initiative et ne plus dépendre de la décision d’un responsable national ou local. La société civile est, aujourd’hui, devenue une institution constitutionnelle comprenant un certain nombre de citoyens qui cherchent leurs intérêts et ceux de leur région et qui doivent compter sur leurs propres efforts. Il est naturellement du rôle des autorités locales, notamment dans le Sud, de comprendre que la société civile a atteint ou doit atteindre la maturité et voler de ses propres ailes et que la paix sociale et le développement font partie de la responsabilité, non seulement des autorités, mais de tout le monde. Par conséquent, le rôle de la société civile est prépondérant pour la sauvegarde de l’intérêt général et la contribution au développement.
Certains partis politiques de gauche sont sur le point d’organiser un forum à Marrakech auquel ils auraient invité Mohamed Abdelaziz. Qu’en pensez-vous?
Nous sommes dans un pays démocratique où la Constitution garantit la liberté d’expression, de rassemblement et de circulation. Seulement, les partis politiques de gauche ou tout autre doivent comprendre que Mohamed Abdelaziz n’est pas le représentant de tous les Sahraouis. Il y a, certes, certains Sahraouis qui sont sous les fourches caudines de celui-ci. Mais il y a d’autres idées, d’autres penseurs et d’autres élites que celles que Mohamed Abdelaziz prétend représenter et que la solution du problème du Sahara n’est pas entre les mains de celui-ci.
La solution du problème du Sahara relève de la volonté de l’Algérie qui, à travers des négociations directes avec le Maroc, peut mettre fin à ce conflit artificiel. Parmi le grand nombre de partis politiques que compte le Maroc, il n’y a pas un seul où vous ne trouvez pas un Sahraoui occupant un poste de responsabilité. Donc, tout débat visant une solution du problème doit être mené avec les autorités algériennes.
S’agissant de Mohamed Abdelaziz, on peut dire que cela fait 43 ans qu’il est opposé à lui-même. Il n’est permis à personne d’autre de se porter candidat contre lui. On doit également prendre en considération le fait que les dirigeants des trois régions sahariennes, leurs élus et leurs décideurs sont des Sahraouis élus par la majorité des Sahraouis. Aussi, tout le monde, et l’Etat marocain en premier, doit comprendre et faire comprendre que Mohamed Abdelaziz n’est pas, contrairement à ce qu’il prétend, le seul et unique représentant des Sahraouis. D’ailleurs, ce concept est mort avec la guerre froide et celui qui se qualifie d’unique et légitime représentant reconnaît, de facto, qu’il n’est qu’un dictateur appartenant à une époque révolue. Les partis politiques de gauche ou autre ne sont pas sans savoir que les Sahraouis sont nombreux dont les avis divergent sur bon nombre de points et que celui qui veut se réunir avec des Sahraouis n’a pas besoin de chercher Mohamed Abdelaziz. Les Sahraouis qu’il ne représente pas sont plus nombreux que ceux qu’il représente et sont chez eux au Maroc.
Que peut-on attendre de la visite de Ban Ki-moon dans la région ?
Les différents Secrétaires généraux de l’ONU nous ont toujours habitués à effectuer, au terme de leurs mandats, une visite dans la région. Ban Ki-moon nous a déjà envoyé Ross. Ce dernier poursuit ses périples dans la région, parlant de négociations durant les huit rencontres qu’il a organisées. Or, nous savons qu’il n’y a pas de négociations, car le Polisario fait du référendum, qui est impossible et nous, comme le Polisario, savons qu’il est impossible, sa condition sine qua non. Pour sa part, le Maroc a fait une proposition qui est une des trois interprétations proposées dans le cadre de la résolution onusienne 1514. Cette proposition est celle de l’autonomie interne qui permet aux populations de s’autogérer. Dans ce sens, le Maroc a plusieurs longueurs d’avance sur le Polisario quand on sait que les trois régions sahariennes sont dirigées par des élus sahraouis qui jouent un rôle essentiel dans la gestion de leur région respective. Il est donc impossible que Ban Ki-moon, Ross ou tout autre négociateur parvienne à faire évoluer le dossier sans un tête-à-tête entre l’Algérie et le Maroc qui sont les parties à même de résoudre le problème.
Vous avez animé une conférence sur la présence de la langue espagnole dans la culture et le dialecte de la région.
La conférence que j’ai animée a traité de la formation et du savoir-faire dans le cadre de la coopération entre les deux parties. Nous avons abordé, également, le grand tapage fait autour de l’exclusion des Sahraouis des richesses de leur région. Cette prétention mensongère, comme nos visiteurs l’ont constaté, a démontré que c’est une propagande qui vise à affamer les Sahraouis marocains et les amener à se soulever pour que le dictateur du Polisario se maintienne pour 40 nouvelles années.
Nos visiteurs espagnols ont donc constaté que la plupart des unités industrielles de la région appartiennent à des Sahraouis et qu’elles emploient des centaines voire des milliers de Sahraouis, tout comme dans les fermes agricoles. Ils ont également constaté que plusieurs jeunes de la région sont porteurs de projets prometteurs et que la propagande selon laquelle les Sahraouis sont privés des richesses de leur région est sans fondement. Nous avons également abordé les relations culturelles particulières que ces régions ont toujours entretenues avec l’Espagne en général et les Canaries en particulier. Nous avons fait le constat que l’Etat qui a soutenu la création de plusieurs instituts Cervantès pour l’apprentissage de la langue espagnole dans les régions du Nord, n’a ni initié, ni créé un seul institut dans les provinces du Sud. L’apprentissage de la langue espagnole est une condition incontournable pour le développement des relations avec nos voisins espagnols qui constituent, d’ailleurs, un relais pour notre ouverture sur l’Union européenne.
Nous avons suggéré la création d’un Office de liaisons entre l’Espagne et la région de Dakhla-Oued Eddahab. Cet office coordonnera les activités culturelles, commerciales et sociales entre l’Espagne et nos régions. Il est appelé à avoir des extensions dans les autres régions du Royaume.