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L’intervention du chef de l’Etat qui a sollicité le 16 mars dernier un avis au Conseil national des droits de l’Homme et aux ministères de la Justice et des Habous et des Affaires islamiques a coupé court à toute surenchère. Driss Yazami, Mostafa Ramid et Ahmed Taoufik ont eu un mois pour remettre, chacun de son côté, leur copie. La consigne selon laquelle« on ne peut légaliser l’interdit ni prohiber le licite » a-t-elle été respectée ? L’histoire en jugera. En attendant, les trois hauts responsables ont déposé leurs recommandations au Cabinet Royal dans les délais prévus. Les premières fuites sur le contenu des propositions faites au Roi ont commencé.
Selon le quotidien arabophone «Al Ahdath Al Maghribya», l’avortement pourrait être autorisé dans six cas précis : l’inceste, le viol, la mère handicapée mentale, la mère mineure, la grossesse présentant un danger pour la santé de la mère, la malformation fœtale après avis médical. Rien de très exceptionnel, hormis le cas -s’il est toutefois retenu- de la fille mineure enceinte et qui pourrait interrompre sa grossesse.
Plusieurs voix de la société civile s’élèvent déjà pour fustiger un «SMIG de revendications», des propositions en deçà des attentes, des recommandations minimalistes. La révolution n’a pas eu lieu ou presque sachant que d’autres rites comme le hanafisme autorise l’avortement en cas de viol, d’inceste, de handicap mental, de malformation du fœtus «Il faut démalikiser la représentation sociale de l’avortement et libérer le Code pénal de la doctrine malékite. On ne peut pas réduire l’islam à la seule école malékite. Force est de constater qu’il y a un caractère doctrinaire malékite des articles antiavortement du Code pénal marocain. Un caractère qui ne prend pas en considération les causes et circonstances de la grossesse (viol, inceste, handicap mental) ni le statut du fœtus. Plus encore, ces articles ignorent le pluralisme juridique islamique», expliquait il y a quelques semaines le sociologue Abdessamad Dialmy à l’occasion d’une journée d’études organisée au Parlement par le Groupe parlementaire de l’USFP.
La tentation conservatrice ambiante
Le cas de la fille mineure qui tombe enceinte dans le cadre de relations sexuelles hors mariage –toujours sanctionnées par le projet de Code pénal élaboré par le ministre de la Justice islamiste- résistera-t-il jusqu’au bout à la tentation conservatrice ambiante? Difficile de le croire au regard de l’avant-projet de Code pénal liberticide actuellement en débat et qui continuera d’envoyer en prison deux adultes consentants et non mariés qui ont des rapports sexuels ou encore ceux qui n’observent pas le jeûne pendant le mois de Ramadan.
Force est de le reconnaître, le débat sur l’avortement ne saurait se tenir valablement si la société continue de porter des œillères et de tenir un discours hypocrite. La société marocaine évolue, s’adapte à l’air du temps, bref elle se sécularise. Chez les jeunes, et tous les sociologues s’accordent à le reconnaître, il n’y a pas d’illégalité sexuelle juridique ou religieuse. Selon une enquête effectuée par le ministère de la Santé, 56% des jeunes marocains (filles et garçons) ont des relations sexuelles superficielles avant le mariage. Ils sont 25% à déclarer à avoir de tels rapports avec pénétration. La fréquence des relations sexuelles avant le mariage est désormais un indicateur sociologique fort surtout lorsque l’on sait que l’âge moyen du premier rapport est de 16,5 ans pour le Marocain et de 17, 8 pour la Marocaine.
«Au Maroc, on se marie plus tardivement. L’âge moyen de mariage est de 26 ans pour les filles et 31 ans pour les hommes. Soit 15 années de plus de célibat. 15 années nouvelles qui donnent à voir l’établissement de relations nouvelles en dehors de la loi. De telles relations sont considérées comme de la débauche et sont punies par la loi au même titre que l’avortement. Ce qui me fait dire qu’il est temps de faire de la loi une passerelle pour que la société aille de l’avant», fait valoir le sociologue Driss Bensaïd.