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Les pouvoirs publics au Maroc manifestent une ferme volonté de lutter contre le tabagisme. Une loi existe bel et bien mais elle n’est pas pour autant respectée par les citoyens. La première loi anti-tabac 91-15 date de 1996, et elle a depuis été considérablement renforcée en juillet 2008. Des amendements qui maintenant interdisent strictement de fumer dans tous les lieux publics clos, à savoir les bâtiments administratifs, les écoles ou bien encore les transports en commun. Interdiction aussi de faire de la publicité pour le tabac. Et enfin interdiction aux buralistes de vendre des cigarettes aux mineurs. Des dispositions apparemment strictes mais qui demeurent lettre morte car les faits nous montrent qu’il y a encore une distorsion très forte entre le texte et son application. Quoique des sanctions pénales et des contraventions soient prévues, personne n’est verbalisé. Et ce sont les non fumeurs qui deviennent les victimes du tabagisme passif.
La situation est réellement dramatique au Maroc. Les chiffres font froid dans le dos. Le Royaume est l'un des principaux marchés d'Afrique pour les cigarettes avec une consommation qui dépasse les 15 milliards d'unités par an. Incroyable et pourtant vrai. Les Marocains s’adonnent de plus en plus à la cigarette. Les jeunes s’y initient très tôt. Une enquête réalisée en 2011 auprès des collégiens révèle que 13,5 % des élèves ont déjà essayé de fumer des cigarettes. Il va sans dire que ce « baptême » ouvre la voie à tous les dangers que représentent d’autres drogues. Toujours d’après cette enquête, 4,2% sont des fumeurs réguliers et 13,7% utilisent le tabac sous d’autres formes (cigarettes, chicha). Plus effarant encore, le sondage montre que 24,3% des élèves ont commencé à fumer avant l’âge de 10 ans. En termes d’espérance de vie, 22 ans sont perdus par les fumeurs de 35 à 69 ans. Rien que ce chiffre devrait en dissuader plus d’un et l’inciter à écraser sa dernière cigarette.
Quid de la société civile ? Elle renforce les actions des pouvoirs publics. Nul doute que l’Association Lalla Salma de lutte contre le cancer demeure très présente et active sur le terrain. Ses nombreuses initiatives la créditent d’une position d’avant-garde dans la prévention de ce fléau au sujet duquel nombre d’études dressent aujourd’hui des tableaux accablants. «Nos programmes « collèges, lycées et entreprises sans tabac » et « hôpitaux sans tabac » s’inspirent de la loi marocaine et de la convention cadre de l’OMS. Les mesures proposées traduisent parfaitement le contenu des articles de la loi et sont proposées sous forme d’actions de la santé publique », nous a confié Youssef Chami Khazraji, médecin, coordinateur de la détection précoce des cancers du sein et du col utérin et de la lutte antitabac au sein de l’ALSC qui insiste sur le fait que ces programmes ont eu un écho favorable. Ils ont été complètement adoptés par les deux ministères de tutelle et le nombre d’entreprises demandant à y adhérer va grandissant. D’ailleurs depuis 2007, quatre entreprises sont certifiées « labels or entreprises sans tabac ». D’autres sont programmées pour cette année, ajoute-t-il fièrement.
Toutes ces initiatives doivent être bien saluées. Mais la lutte contre ce fléau demeure l’affaire de tous. Tout un chacun devrait se sentir responsable, note avec insistance Youssef Chami. Il pointe du doigt particulièrement les médias : « Ils doivent communiquer plus souvent sur le sujet et non pas attendre la Journée mondiale. L’industrie du tabac, elle, communique tout le temps et saisit toutes les opportunités pour promouvoir ses produits et partant attirer d’autres consommateurs. Il va falloir la battre sur son propre terrain à travers une contre-publicité et sensibiliser la population sur les méfaits du tabac et mettre en exergue surtout les bienfaits économiques, sanitaires et environnementaux que génère l’arrêt du tabac ».
Le docteur Chami lance un appel à toutes les administrations publiques marocaines afin qu’elles interdisent la consommation du tabac « intra muros » et mettent une signalétique appropriée. Des propos qui ne devraient pas tomber dans l’oreille d’un sourd.
En attendant des lendemains plus propres et plus sains, elle court…elle court…. la maladie du tabac dans le corps des enfants de 7 à 77 ans, comme dirait la chanson !