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C’est une nouvelle image et une autre voix qui s’invitent, avec l’arrivée légitimée d’Abdelilah Benkirane, chez les Marocains. Rompant avec les protocoles liés aux discours, boudant la crispation de la lecture orthodoxe des textes rédigés en arabe, trop classique, ayant encore un certain pouvoir sur certains esprits, libéré des rythmes incontrôlés de la respiration politique, s’offrant une aisance discursive que nul «makhzanisé » n’a pu s’offrir avant lui, et donnant sarcastiquement la réplique à ses détracteurs, Benkirane a innové en matière de communication et a désormais pris place dans l’espace audiovisuel marocain. Le spectacle est attrayant et le sensationnel est assuré. C’est la raideur des acteurs politiques de notre scène et leur déficit flagrant en matière d’expression orale qui augmente la soif des Marocains pour les discours de Benkirane. L’appétit du nouveau maître de la scène pour la communication pousse certaines catégories sociales à vouloir faire entendre leurs voix. Le phénomène s’amplifie et n’est plus sous contrôle.
Nulle peur et pas de trac, le chef du gouvernement prend finalement une place dans la mémoire auditive des Marocains. Sa voix est désormais reconnaissable et ses intonations captables. En un mois, il s’est publiquement exprimé plus que tous les autres Premiers ministres durant plusieurs législatures. L’expérience des Marocains avec les voix des personnalités enregistre un penchant naturel vers les voix relevant du domaine artistique. Doukkali, Belkhiat, et autres chanteurs du chaabi et du rap sont reconnaissables à travers toutes les stations de notre paysage radiophonique pluriel. Seul un concours pour la meilleure acuité auditive peut nous faire redécouvrir les voix des prédécesseurs de Benkirane. Ce n’est ni l’amnésie, ni le manque d’intérêt pour la politique qui rend la reconnaissance des voix de nos responsables politiques très difficile. Le manque d’autonomie, le respect des styles protocolaires et «le trop de pâte (aajina) dans le ventre» (référence aux actes délictueux commis par certains communicants) contribuent à ranger méticuleusement la voix dans les tiroirs de l’oubli.
Les Marocains, comme d’autres peuples, ont toujours une attirance pour les discours bien prononcés et pour les dons exceptionnels des orateurs. Les sites Internet enregistrent toujours un nombre impressionnant de visites portant sur la voix et les discours d’Hassan II. Les voix graves et aiguës des leaders historiques tels Ben Barka, Allal El Fassi, Ali Yata et Abderrahim Bouabid étaient familières aux Marocains et reconnaissables bien que portées par les ondes souvent brouillées. La rhétorique portée par la voix à l’occasion d’événements politiques graves était empreinte de rigueur, d’enthousiasme et de nette expression des positions et des antagonismes. Les années soixante et soixante-dix ont marqué les esprits par des choix politiques exprimés dans la douleur et dans les couloirs sombres de derb Moulay Chrif et autres lieux sinistres liés aux années de plomb. La voix a été au centre de la contestation, elle a dérangé et fini par porter l’espoir du changement pour l’introniser sur le piédestal du nouveau millénaire. La voix est toujours là pour injecter la dose nécessaire au corps marocain pour qu’il puisse reprendre le pouvoir du changement et rendre l’avenir plus perceptible au commun des Marocains. Une équipe canadienne du département de psychologie, neurosciences et sciences comportementales de l’Université McMaster (Hamilton, Ontario) s’est intéressée aux indices aidant à choisir le leader naturel et sa relation avec la voix. Elle a conclu qu’une voix désagréable réduisait l’attractivité des politiciens. Certaines études faisant référence à la théorie de l’évolution ont montré que les indices aidant à choisir le leader naturel résidaient dans la hauteur de sa voix. Cette hauteur a certainement une influence sur la manière dont le public percevait les hommes politiques. Quelles qualités attribue-t-on à un baryton et à un ténor et lequel des deux a le plus de chances d’être élu, si l’on ne se fie qu’à sa voix ? La recherche de l’impact politique des voix est prometteuse. Elle dépassera sûrement les champs de la sociologie politique pour inviter les physiciens à la prospection des secrets des cordes vocales et de leur relation avec l’itinéraire plus au moins réussi de certains leaders politiques. La voix grave promet, selon certaines expériences aux Etats-Unis. Elle permet le plus de succès à son détenteur en matière politique.
L’âge est souvent lié à la politique et à la voix. Les régimes totalitaires ont souvent sacralisé la vieillesse en la dotant du pouvoir de la sagesse. Les septuagénaires ont souvent meublé les cabinets de notre Primature. L’âge de Benkirane est peut-être un atout susceptible de lui permettre une certaine ardeur vocale et politique dans le traitement des dossiers. Il a exprimé une volonté incomparable en matière de liquidation des normes de mauvaise gestion, de corruption et de situations de rente. Ces prédécesseurs et notamment Abderrahmane El Youssoufi ont parlé de moralisation sans se doter de moyens pour la traduire en actes crédibles aux yeux des Marocains. La jeunesse à elle seule ne peut, hélas, permettre l’aisance discursive du chef du gouvernement. L’itinéraire de la personne et les conditions liées au contexte sont un facteur de différenciation des carrières. N’ayant eu dans le passé aucun lien avec tout ce qui peut corrompre, Benkirane s’est installé dans le confort de la non composition, dans le passé, avec l’ordre établi. Les discours et toutes les voix basses, aiguës et graves se doivent d’affronter la réalité et de se confronter au temps politique en fin de mandat. Le bilan politique est malheureusement moins lisible qu’un bilan comptable et financier. Le discours et la finesse des moyens de communication ne peuvent remplacer les performances en matière économique et sociale. Le passif du bilan de l’exercice précédant la prise du pouvoir ne peut éluder l’obligation de résultat au titre des exercices ultérieurs. Avec ou sans voix, Abdelilah Benkirane et ses alliés sont sommés de présenter de bons comptes de clôture d’ici cinq ans.
L’impact de la communication politique, de ses messages, de ses images et de sa voix relève de l’éphémère. Communiquer sur les intentions et les programmes dépend, entre autres, de certains dons naturels ou acquis et permet de réaliser des gains temporaires. La réalité finit par rattraper les bons communicateurs. Les prières pour les bienfaiteurs publics sont exhaussées dès lors qu’ils atteignent des objectifs liés au bien-être ici-bas.
Nulle peur et pas de trac, le chef du gouvernement prend finalement une place dans la mémoire auditive des Marocains. Sa voix est désormais reconnaissable et ses intonations captables. En un mois, il s’est publiquement exprimé plus que tous les autres Premiers ministres durant plusieurs législatures. L’expérience des Marocains avec les voix des personnalités enregistre un penchant naturel vers les voix relevant du domaine artistique. Doukkali, Belkhiat, et autres chanteurs du chaabi et du rap sont reconnaissables à travers toutes les stations de notre paysage radiophonique pluriel. Seul un concours pour la meilleure acuité auditive peut nous faire redécouvrir les voix des prédécesseurs de Benkirane. Ce n’est ni l’amnésie, ni le manque d’intérêt pour la politique qui rend la reconnaissance des voix de nos responsables politiques très difficile. Le manque d’autonomie, le respect des styles protocolaires et «le trop de pâte (aajina) dans le ventre» (référence aux actes délictueux commis par certains communicants) contribuent à ranger méticuleusement la voix dans les tiroirs de l’oubli.
Les Marocains, comme d’autres peuples, ont toujours une attirance pour les discours bien prononcés et pour les dons exceptionnels des orateurs. Les sites Internet enregistrent toujours un nombre impressionnant de visites portant sur la voix et les discours d’Hassan II. Les voix graves et aiguës des leaders historiques tels Ben Barka, Allal El Fassi, Ali Yata et Abderrahim Bouabid étaient familières aux Marocains et reconnaissables bien que portées par les ondes souvent brouillées. La rhétorique portée par la voix à l’occasion d’événements politiques graves était empreinte de rigueur, d’enthousiasme et de nette expression des positions et des antagonismes. Les années soixante et soixante-dix ont marqué les esprits par des choix politiques exprimés dans la douleur et dans les couloirs sombres de derb Moulay Chrif et autres lieux sinistres liés aux années de plomb. La voix a été au centre de la contestation, elle a dérangé et fini par porter l’espoir du changement pour l’introniser sur le piédestal du nouveau millénaire. La voix est toujours là pour injecter la dose nécessaire au corps marocain pour qu’il puisse reprendre le pouvoir du changement et rendre l’avenir plus perceptible au commun des Marocains. Une équipe canadienne du département de psychologie, neurosciences et sciences comportementales de l’Université McMaster (Hamilton, Ontario) s’est intéressée aux indices aidant à choisir le leader naturel et sa relation avec la voix. Elle a conclu qu’une voix désagréable réduisait l’attractivité des politiciens. Certaines études faisant référence à la théorie de l’évolution ont montré que les indices aidant à choisir le leader naturel résidaient dans la hauteur de sa voix. Cette hauteur a certainement une influence sur la manière dont le public percevait les hommes politiques. Quelles qualités attribue-t-on à un baryton et à un ténor et lequel des deux a le plus de chances d’être élu, si l’on ne se fie qu’à sa voix ? La recherche de l’impact politique des voix est prometteuse. Elle dépassera sûrement les champs de la sociologie politique pour inviter les physiciens à la prospection des secrets des cordes vocales et de leur relation avec l’itinéraire plus au moins réussi de certains leaders politiques. La voix grave promet, selon certaines expériences aux Etats-Unis. Elle permet le plus de succès à son détenteur en matière politique.
L’âge est souvent lié à la politique et à la voix. Les régimes totalitaires ont souvent sacralisé la vieillesse en la dotant du pouvoir de la sagesse. Les septuagénaires ont souvent meublé les cabinets de notre Primature. L’âge de Benkirane est peut-être un atout susceptible de lui permettre une certaine ardeur vocale et politique dans le traitement des dossiers. Il a exprimé une volonté incomparable en matière de liquidation des normes de mauvaise gestion, de corruption et de situations de rente. Ces prédécesseurs et notamment Abderrahmane El Youssoufi ont parlé de moralisation sans se doter de moyens pour la traduire en actes crédibles aux yeux des Marocains. La jeunesse à elle seule ne peut, hélas, permettre l’aisance discursive du chef du gouvernement. L’itinéraire de la personne et les conditions liées au contexte sont un facteur de différenciation des carrières. N’ayant eu dans le passé aucun lien avec tout ce qui peut corrompre, Benkirane s’est installé dans le confort de la non composition, dans le passé, avec l’ordre établi. Les discours et toutes les voix basses, aiguës et graves se doivent d’affronter la réalité et de se confronter au temps politique en fin de mandat. Le bilan politique est malheureusement moins lisible qu’un bilan comptable et financier. Le discours et la finesse des moyens de communication ne peuvent remplacer les performances en matière économique et sociale. Le passif du bilan de l’exercice précédant la prise du pouvoir ne peut éluder l’obligation de résultat au titre des exercices ultérieurs. Avec ou sans voix, Abdelilah Benkirane et ses alliés sont sommés de présenter de bons comptes de clôture d’ici cinq ans.
L’impact de la communication politique, de ses messages, de ses images et de sa voix relève de l’éphémère. Communiquer sur les intentions et les programmes dépend, entre autres, de certains dons naturels ou acquis et permet de réaliser des gains temporaires. La réalité finit par rattraper les bons communicateurs. Les prières pour les bienfaiteurs publics sont exhaussées dès lors qu’ils atteignent des objectifs liés au bien-être ici-bas.