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La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton effectue depuis hier lundi et jusqu'au 14 août une tournée dans sept pays d'Afrique subsaharienne, où l'influence de la Chine s'est fortement accrue ces dernières années.
L'ancienne First Lady devra trouver les mots justes pour convaincre ses interlocuteurs qu'elle n'est pas venue seulement pour leur faire la leçon, trois semaines après l'appel à davantage de responsabilité et moins de corruption lancé par Barack Obama lors de sa visite au Ghana.
Il s'agira du plus long périple d'Hillary Clinton depuis sa nomination à la tête de la diplomatie américaine en début d'année, et certainement l'un des plus délicats.
Le président américain a beau dire que le continent africain constitue l'une des priorités de sa politique étrangère, cette profession de foi laisse sceptique bon nombre de responsables de la région, qui voient l'énergie et l'argent dépensés par la Maison blanche dans des gros dossiers tels que la crise économique, l'Afghanistan ou le Proche-Orient.
En outre, les chefs d'Etat et de gouvernement du continent noir attendent plus que des promesses. Ils veulent des engagements précis et chiffrés en matière d'investissements.
"J'ai vraiment le sentiment, lorsque j'interroge les gens en Afrique, que l'Amérique et l'Afrique se parlent mais ne s'entendent pas", analyse Bronwyn Bruton, du Conseil des relations internationales.
"Il existe côté africain une forte demande en investissements, par opposition au développement et aux sermons. C'est vraiment là-dessus que doit porter l'effort de l'administration Obama, surtout si elle veut concurrencer la Chine", ajoute-t-il.
Peu regardant sur les références démocratiques des pays concernés, Pékin a effectué une percée remarquable en Afrique, en investissant massivement, notamment dans les ressources minérales et le pétrole, pour étancher la soif énergétique d'une économie en pleine expansion.
Pour Johnnie Carson, le 'M. Afrique' du département d'Etat, parler d'une rivalité entre les Etats-Unis et la Chine sur le terrain africain relève d'un "paradigme de la Guerre froide".
Mais, ajoute-t-il, "j'espère que les Etats-Unis ne cherchent à donner des leçons à personne".
"Je pense qu'il est important de respecter les gouvernements africains et leurs dirigeants, de travailler avec eux pour résoudre les problèmes et les défis auxquels ils sont confrontés", souligne le secrétaire d'Etat-adjoint aux Affaires africaines.
Sur les sept pays choisis par Hillary Clinton, trois - le Nigeria, l'Afrique du Sud et l'Angola - figurent parmi les premières puissances économiques du continent. La secrétaire d'Etat se rendra aussi au Liberia, au Kenya, au Cap Vert et en République démocratique du Congo
(RDC).
"Les relations avec ces trois pays ont été vraiment négligées ces huit ou dix dernières années", note Jennifer Cooke, directrice du programme Afrique au Centre d'études stratégiques et internationales. L'Angola, notamment, s'est hissé au rang des pays qui comptent en Afrique grâce à son pétrole, et Washington peut tenter là-bas de contrecarrer la présence grandissante de la Chine. Les Etats-Unis importent 7,0% de leur pétrole d'Angola.
En Afrique du Sud, Hillary Clinton pourrait accentuer la pression américaine sur les dirigeants de Pretoria au sujet du Zimbabwe. Walter Kansteiner, ancien spécialiste de l'Afrique au sein de l'administration Bush, juge favorablement la politique africaine d'Obama, mais estime qu'elle doit faire preuve de plus de fermeté vis-à-vis du gouvernement sud-africain. "Je pense que nous (l'administration Bush) avons trop souvent laissé la bride sur le cou à Pretoria sur le Zimbabwe. (L'ancien président sud-africain) Thabo Mbeki nous avait dit qu'il allait s'en occuper et n'a rien fait", rappelle-t-il.