Sadate est né à Mit Aboul Koum, Al-Minufiyah, en Égypte, dans une famille égypto-soudanaise pauvre, parmi 12 frères et sœurs. Il étudia à l'académie militaire royale au Caire, dont il fut diplômé en 1938 et à l'issue de laquelle il fut affecté au corps des télécommunications. Il rejoint le Mouvement des officiers libres, dont le but était de libérer l'Égypte du contrôle britannique.
En 1942, Sadate fut emprisonné par les troupes britanniques pour les activités qu'il menait contre l'occupation britannique en animant un réseau d'espionnage en faveur de l'Afrika Korps. Après la guerre israélo-arabe de 1948, il participe à la création de l'association clandestine du Mouvement des officiers libres, et participe en 1952 au coup d'État qui détrôna le roi Farouk I. En 1964, après avoir tenu plusieurs postes dans le gouvernement égyptien, il devient président de l'Assemblée nationale, puis nommé le 20 décembre 1969 vice-président par son ami le président Gamal Abdel Nasser. Le 5 octobre, après la mort de Nasser il est désigné par l'Union socialiste arabe - parti unique - comme candidat unique à la présidence de la République arabe unie. Son élection a été entérinée par référendum à près de 90%. Sa désignation par le parti avait surpris les experts qui voyaient comme successeur possible à Nasser le pro-soviétique Ali Sabri, ou le pro-américain Zacharia Mohieddine.
En 1973, Sadate, de concert avec la Syrie, mena l'Égypte dans la guerre de Kippour contre Israël pour essayer de reprendre le Sinaï perdu en 1967 lors de la guerre des Six Jours. Il élabora ainsi une astucieuse manœuvre militaire afin de masquer ses plans : faisant passer ses mouvements de troupes le long du canal de Suez pour des exercices militaires - fréquents à l'époque dans l'armée égyptienne - il se mit dans une position favorable sans éveiller les soupçons israéliens. En parallèle, il s'assura suffisamment de soutien militaire et logistique, sans que ses alliés ne soient au courant du jour où il passerait à l'offensive. Seul Hafez el-Assad, président syrien, fut mis au courant afin de mener une offensive coordonnée avec l'assaut égyptien. Le 6 octobre, alors que Sadate ordonnait le début des hostilités, l'Etat-major israélien fut surpris et dut se rendre à l'évidence : malgré une nette supériorité militaire de Tsahal, les forces égyptiennes étaient décidées à reprendre les territoires perdus en 1967. Et même si l'effet escompté par Sadate fut réussi, les Égyptiens, tout comme les Syriens, ne purent contenir les contre-attaques israéliennes. Finalement, un cessez-le-feu fut négocié par les États-Unis et l'Union des républiques socialistes soviétiques, alliés respectifs d'Israël et de l'Égypte, et des pourparlers de désengagement purent débuter au Kilomètre 101 de la route Le Caire-Suez. Sadate sortait certes perdant sur le plan militaire et territorial, il n'en demeurait pas moins le grand gagnant : il avait prouvé que Tsahal n'était pas invincible - en parvenant à lui faire face quelques jours durant - tout en restaurant l'honneur arabe perdu en 1967 avec une défaite cinglante.
En novembre 1977, Sadate devint le premier dirigeant arabe en visite officielle en Israël, où il rencontra le premier ministre Menahem Begin, et prit la parole devant la Knesset à Jérusalem. Il effectua cette visite après avoir été invité par Begin et rechercha un accord de paix permanent. Beaucoup d'autorités du monde arabe réagirent très défavorablement à cette visite, du fait qu'Israël était considéré comme un Etat voyou et un symbole de l'impérialisme.
(A suivre)