Une délégation ittihadie menée par le Premier secrétaire Driss Lachguar et le président du Conseil national de l’USFP Habib El Malki s’est rendue à la Galerie des Archives du Maroc à Rabat où est organisée, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi, une exposition retraçant le parcours du regretté Abdelwahed Radi.
Cette exposition documentaire « Abdelwahed Radi (1935-2023) : un éminent témoin de son époque » a été réalisée à partir de la donation par le défunt de l’ensemble de milliers de ses documents personnels retraçant un parcours exceptionnel réalisé au gré des grandes étapes de l’histoire contemporaine du Maroc.
Nous publions ci-dessous l’hommage rendu à Ssi Abdelwahed Radi par son ami Hassan El Khattar.
« Depuis que mon ami A. Radi nous a quittés, je n’ai lu et entendu que des éloges à son égard pour sa sagesse, son parcours politique et sa stature d’homme d’Etat. Les hommages que je viens d’entendre aujourd’hui par ses compagnons et amis me vont droit au cœur. Ils sont très émouvants pour moi qui l’ai côtoyé durant plus de 60 ans et vécu avec lui des moments de joie et des moments de peine et tout ce que ses réalisations lui ont coûté comme sacrifices et abnégation.
J’ai fait la connaissance de Ssi Abdelwahed il y a 65 ans, en juillet 1958, lors du 3ème Congrès de l’UNEM à Tétouan. Ce congrès s’est déroulé en présence et sous la supervision de Mehdi Ben Barka. M. Radi était de toute évidence parmi les étudiants les plus proches de Mehdi, à l’instar de Driss Cheghrouchni et Abderramane Kadiri. Celui-ci a été élu président, M. Radi et moi, sommes élus membres de la commission administrative de l’Union.
C’est ce qui m’a permis de revoir Ssi Abdelwahed en 1959 puis en 1960 dans des réunions de l’UNEM et de l’UNFP.
Nous nous sommes alors perdus de vue quelques années, parce qu’on étudiait dans des villes françaises différentes. De retour au Maroc, j’ai passé plusieurs années dans le sud marocain.
Nous nous sommes retrouvés en 1968 par hasard dans une réception donnée par le directeur du projet Sebou en l’honneur de M. Georges Oved. Nous y étions conviés avec nos épouses, lui en tant que professeur de psychologie sociale, chef du département d’histoire de sociologie et de psychologie à la Faculté des lettres, et moi en tant que directeur général d’un bureau d’études hydro agricoles et économiques « La Somet» . Nous avons ressenti de suite une affinité et une sympathie mutuelle et avons décidé de nous revoir dès que possible.
Depuis ce jour, nous avons échangé des visites régulières qui sont devenues rapidement quasi hebdomadaires. C’était tout à fait naturel car nos épouses, toutes deux Françaises, s’entendaient à merveille, portaient le même prénom (Genevieve) et nos enfants avaient sensiblement le même âge.
Pendant de longues années, nous avons passé ensemble les fêtes et les anniversaires des enfants et fait de nombreux voyages de vacances.
Je l’ai donc vu vivre en famille dans un cadre d’une grande simplicité et qu’il a d’ailleurs tenu à garder presque inchangé toute sa vie. La décoration ostentatoire n’a jamais été sa priorité.
Je l’ai souvent accompagné dans sa ferme et dans sa commune lors de campagnes électorales. Dès qu’il arrivait sur sa terre, je constatais chez lui, une métamorphose immédiate.
Son accent devenait très proche de celui de ses administrés et il communiquait avec eux avec leur vocabulaire. Il devenait un agriculteur à part entière.
Quand il était à la campagne, je le sentais apaisé; il faut dire que cette campagne, qu’il avait fui quand il était enfant, pour aller suivre des études a Salé puis à Rabat est devenue progressivement son lieu de détente et son refuge pour se ressourcer.
Durant toutes ces années, Ssi Abdelwahed était toujours amical, bienveillant et à l’écoute et partageait avec moi ses préoccupations, ses analyses politiques et ses perspectives.
Il y avait entre nous une fraternité et une confiance totale ainsi qu’une affection.
Il me racontait les anecdotes de ce qu’il avait vu ou remarqué dans les cérémonies officielles et dans les parties de chasse Royales mais jamais les secrets politiques de ses discussions avec SM Hassan II et A. Bouabid. Il m’a permis ainsi de bénéficier de son expérience et de son savoir et c’est sous son impulsion que je me suis présenté aux élections locales en 1992 et aux législatives en 1997.
J’étais à ses côtés quand il a été élu président de la Chambre des représentants et j’ai eu l’immense joie et le privilège d’en informer immédiatement Ssi Abderrahmane El Youssoufi. Cette élection était le signal et la clé pour l’avènement de l’alternance.
Cette exposition documentaire « Abdelwahed Radi (1935-2023) : un éminent témoin de son époque » a été réalisée à partir de la donation par le défunt de l’ensemble de milliers de ses documents personnels retraçant un parcours exceptionnel réalisé au gré des grandes étapes de l’histoire contemporaine du Maroc.
Nous publions ci-dessous l’hommage rendu à Ssi Abdelwahed Radi par son ami Hassan El Khattar.
« Depuis que mon ami A. Radi nous a quittés, je n’ai lu et entendu que des éloges à son égard pour sa sagesse, son parcours politique et sa stature d’homme d’Etat. Les hommages que je viens d’entendre aujourd’hui par ses compagnons et amis me vont droit au cœur. Ils sont très émouvants pour moi qui l’ai côtoyé durant plus de 60 ans et vécu avec lui des moments de joie et des moments de peine et tout ce que ses réalisations lui ont coûté comme sacrifices et abnégation.
Hassan El KhettarCet hommage me rappelle celui qui lui a été rendu en novembre 2018 par le ministre de la Justice Mohamed Aujar et par tous les hauts magistrats qui ont organisé une journée en hommage à M. Abdelwahad Radi et lui ont offert un tableau signé par tous, en reconnaissance de tout ce qu’il a réalisé pour la justice et pour les magistrats. Je pense que c’était un événement exceptionnel et inédit; il est rare en effet qu’un hommage soit rendu à un ministre 7 ans après son départ par celui qui lui a succédé et qui n’est pas de son parti et par l’ensemble des magistrats et cadres du ministère. Cet hommage s’est déroulé également en présence de M. André Azoulay, Conseiller de SM le Roi.
Je suis très fier d’avoir été l’ami de ce grand homme
dont le nom restera gravé dans l’Histoire du Maroc
J’ai fait la connaissance de Ssi Abdelwahed il y a 65 ans, en juillet 1958, lors du 3ème Congrès de l’UNEM à Tétouan. Ce congrès s’est déroulé en présence et sous la supervision de Mehdi Ben Barka. M. Radi était de toute évidence parmi les étudiants les plus proches de Mehdi, à l’instar de Driss Cheghrouchni et Abderramane Kadiri. Celui-ci a été élu président, M. Radi et moi, sommes élus membres de la commission administrative de l’Union.
C’est ce qui m’a permis de revoir Ssi Abdelwahed en 1959 puis en 1960 dans des réunions de l’UNEM et de l’UNFP.
Nous nous sommes alors perdus de vue quelques années, parce qu’on étudiait dans des villes françaises différentes. De retour au Maroc, j’ai passé plusieurs années dans le sud marocain.
Nous nous sommes retrouvés en 1968 par hasard dans une réception donnée par le directeur du projet Sebou en l’honneur de M. Georges Oved. Nous y étions conviés avec nos épouses, lui en tant que professeur de psychologie sociale, chef du département d’histoire de sociologie et de psychologie à la Faculté des lettres, et moi en tant que directeur général d’un bureau d’études hydro agricoles et économiques « La Somet» . Nous avons ressenti de suite une affinité et une sympathie mutuelle et avons décidé de nous revoir dès que possible.
Depuis ce jour, nous avons échangé des visites régulières qui sont devenues rapidement quasi hebdomadaires. C’était tout à fait naturel car nos épouses, toutes deux Françaises, s’entendaient à merveille, portaient le même prénom (Genevieve) et nos enfants avaient sensiblement le même âge.
Pendant de longues années, nous avons passé ensemble les fêtes et les anniversaires des enfants et fait de nombreux voyages de vacances.
Je l’ai donc vu vivre en famille dans un cadre d’une grande simplicité et qu’il a d’ailleurs tenu à garder presque inchangé toute sa vie. La décoration ostentatoire n’a jamais été sa priorité.
Je l’ai souvent accompagné dans sa ferme et dans sa commune lors de campagnes électorales. Dès qu’il arrivait sur sa terre, je constatais chez lui, une métamorphose immédiate.
Son accent devenait très proche de celui de ses administrés et il communiquait avec eux avec leur vocabulaire. Il devenait un agriculteur à part entière.
Quand il était à la campagne, je le sentais apaisé; il faut dire que cette campagne, qu’il avait fui quand il était enfant, pour aller suivre des études a Salé puis à Rabat est devenue progressivement son lieu de détente et son refuge pour se ressourcer.
Durant toutes ces années, Ssi Abdelwahed était toujours amical, bienveillant et à l’écoute et partageait avec moi ses préoccupations, ses analyses politiques et ses perspectives.
Il y avait entre nous une fraternité et une confiance totale ainsi qu’une affection.
Il me racontait les anecdotes de ce qu’il avait vu ou remarqué dans les cérémonies officielles et dans les parties de chasse Royales mais jamais les secrets politiques de ses discussions avec SM Hassan II et A. Bouabid. Il m’a permis ainsi de bénéficier de son expérience et de son savoir et c’est sous son impulsion que je me suis présenté aux élections locales en 1992 et aux législatives en 1997.
J’étais à ses côtés quand il a été élu président de la Chambre des représentants et j’ai eu l’immense joie et le privilège d’en informer immédiatement Ssi Abderrahmane El Youssoufi. Cette élection était le signal et la clé pour l’avènement de l’alternance.
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J’ai pu ainsi me rendre compte pendant 5 ans de son art de diriger cette institution, de sa maîtrise dans la présidence des séances plénières et son endurance à présider certaines séances jusqu’à des heures tardives sans se lasser tout en prenant des notes sur tout ce qui se disait..
Et bien que très occupé, il est resté accessible et me donnait les conseils dont j’avais besoin dans un monde nouveau pour moi.
En 2010, il a fait appel à moi pour rejoindre son cabinet afin de concevoir et réaliser l’extension de la Chambre des représentants et, parallèlement, j’étais chargé des relations extérieures et préparais les réunions et assistais à tous ses entretiens avec des personnalités ou délégations étrangères.
J’ai pu me rendre compte de son savoir- faire diplomatique et l’étendue de sa culture et j’ai compris pourquoi il consacrait la majorité de ses temps libres à la lecture, tant à son domicile qu’en voiture ou en avion, il avait toujours un livre ou une revue à la main. Quand il regardait la télé chez lui, c’est pour voir les infos ou la chaîne histoire.
Lors des missions à l’étranger, son temps libre était souvent consacré à la lecture ou à la visite des libraires pour consulter des livres et en acheter.
Mais dès que les réunions officielles étaient terminées, il prenait le premier avion disponible pour rentrer. Il n’avait pas de temps à perdre pour faire du tourisme.
Il était d’une grande intégrité et n’intervenait que pour des causes justes ou pour les intérêts de sa région ou de sa commune, jamais pour lui ou sa famille.
Il était juste, il faisait des propositions pour des postes du ressort du président de la Chambre des représentants, il choisissait toujours la personne ayant les compétences requises indépendamment de sa couleur politique. C’est ce qui explique en partie le respect dont il bénéficie de la part des autres partis.
En octobre 2011, il s’est présenté à l’élection à la présidence de l’UIP à la demande des pays arabes dont c’était le tour d’en prendre la présidence et qui voyaient en lui le candidat idéal pour faire avancer la démocratie parlementaire dans le monde. L’élection devait être une simple formalité.
Mais à la dernière minute, le très influent secrétaire général de l’Union, un Suédois, a sorti de son chapeau une candidate indonésienne qui n’était pas soutenue par le parlement de son propre pays qui avait envoyé une lettre de soutien à M. Radi. Elle a fait campagne sur le thème l’égalité homme / femme,
l’un des thème stratégiques de l’UIP, confortée par un discours du Secrétaire général de l’ONU présent à la séance inaugurale.
Après un travail colossal de la délégation marocaine et certains pays amis d’Amérique latine, en particulier l’Uruguay, le vote a commencé dans une atmosphère tendue. Nous étions tous très fébriles, mais le principal intéressé, M. Radi, m’a impressionné par son calme et son détachement donnant l’impression de ne pas être concerné et suivant calmement le déroulement du vote. J’ai pu encore une fois me rendre compte de sa force de caractère, de son calme légendaire et de son optimisme.
Il a été effectivement élu avec une large avance et n’a pas tenu rigueur au Secrétaire général. Il a travaillé avec lui main dans la main pendant trois ans et a fait avancer l’Union interparlementaire et élargi son influence dans les pays arabes et aux Nations unies. Il a fait adopter l’arabe comme langue officielle à côté du français et de l’anglais et amélioré la communication et les relations avec les Parlements arabes. A la fin de sa mission, M. Radi a été désigné Président d’honneur, titre qu’il gardé jusqu’à sa mort.
Nous avons tenu des assemblées dans différents pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud et du Nord et au Canada. Celle-ci tenue en 2012 a connu un incident qui a failli annuler l’assemblée. Car contrairement à ses engagements, le gouvernement canadien a refusé le visa à certaines délégations arabes. Et malgré nos démarches, le président du sénat canadien s’est défilé. M. Radi, qui ne transige pas sur les principes, n’a rien dit et a attendu la réception des présidents des délégations par le gouverneur général du Canada, représentant de la reine d’Angleterre, pour dénoncer dans son allocution le manquement de la parole donnée du gouvernement canadien. Et c’est à la suite de cette réaction que personne n’attendait, que le problème a été réglé.
Cela me rappelle l’incident survenu il y a quelques années sur France 24 quand une journaliste a demandé à M. Radi de confirmer les critiques de l’Etat marocain faites par un autre invité. M. Radi a rétorqué qu’il n’était pas disposé à critiquer son pays dans télévision regardée dans le monde entier rappelant que l’opposition, il l’avait pratiquée à l’intérieur pendant 40 ans jusqu’à l’Alternance quittant le plateau de l’émission et laissant tout le monde interloqué.
J’aimerais dire quelques mots à propos de l’USFP, car depuis 1975, j’ai participé à tous les congrès dont la plupart étaient présidés par SsI Abdelwahed. Il était apprécié et respecté par tous principalement à cause de son autorité naturelle, de son humilité, de son accessibillité et de sa communication avec tous les militants.
Je me rappelle de la période difficile de son mandat à la tête du parti, une période de turbulences qu’il a gérée pendant qu’il était ministre de la Justice. Mais il était heureux d’avoir réalisé l’essentiel pendant ce mandat et d’avoir mené le bateau à bon port en 2012 après la réussite de sa mission.
Je ne l’ai jamais vu aussi ému, presqu’aux larmes qu’au moment de faire ses adieux au 9ème Congrès, et faire son testament aux générations futures, avec un message optimiste pour l’avenir du Parti .
Mais après avoir veillé personnellement à une élection démocratique et régulière du nouveau premier secrétaire, et après avoir assisté personnellement très tard dans la nuit au comptage des voix pour être sûr de la validité des résultats, il a annoncé le nom du vainqueur et félicité son successeur . Je peux témoigner de tout cela car j’étais à ses côtés à ce moment-là.
En conclusion,
M. Radi était un militant et un patriote éclairé. Il n’avait pas d’objectifs personnels ni plan de carrière ni d’aspiration à exercer le pouvoir.
Il s’était fixé depuis longtemps des règles de conduite après une mûre réflexion et un grand travail d’introspection et il les a appliquées tout au long de sa vie
guidé par son patriotisme et par les valeurs que lui ont inculqué les leaders du Mouvement national et à leur tête Mehdi et Abderrahim Bouabid, puis Abderrahmane El Youssoufi. Conforté par la confiance de SM Hassan II et celle de SM Mohammed VI, il a consacré sa vie à la construction d’un Maroc régi par les institutions, la démocratie, la liberté et la justice sociale, sans jamais postuler à quoi que ce soit, sans jamais être en compétition avec les militants ou dirigeants de son parti, mais grâce à son travail sans relâche, sa détermination, sa sagesse, sa patience, sa sincérité et son intégrité, il a pu accéder aux plus hautes fonctions du législatif, de l’exécutif et du judiciaire.
Son action au sein du parti et son rôle de conciliateur et d’unificateur mais aussi son action en tant qu’acteur politique ont permis à l’USFP de jouer un rôle déterminant dans l’alternance et dans la transition démocratique couronnée par la Constitution de 2011.
Il a pu ainsi réaliser en douceur durant son parcours politique et son mandat de premier secrétaire tout ce à quoi aspiraient les fondateurs du Mouvement national.
Je suis donc très fier d’avoir été l’ami de ce grand homme d’Etat dont le nom restera gravé dans l’histoire du Maroc.
Et bien que très occupé, il est resté accessible et me donnait les conseils dont j’avais besoin dans un monde nouveau pour moi.
En 2010, il a fait appel à moi pour rejoindre son cabinet afin de concevoir et réaliser l’extension de la Chambre des représentants et, parallèlement, j’étais chargé des relations extérieures et préparais les réunions et assistais à tous ses entretiens avec des personnalités ou délégations étrangères.
J’ai pu me rendre compte de son savoir- faire diplomatique et l’étendue de sa culture et j’ai compris pourquoi il consacrait la majorité de ses temps libres à la lecture, tant à son domicile qu’en voiture ou en avion, il avait toujours un livre ou une revue à la main. Quand il regardait la télé chez lui, c’est pour voir les infos ou la chaîne histoire.
Lors des missions à l’étranger, son temps libre était souvent consacré à la lecture ou à la visite des libraires pour consulter des livres et en acheter.
Mais dès que les réunions officielles étaient terminées, il prenait le premier avion disponible pour rentrer. Il n’avait pas de temps à perdre pour faire du tourisme.
Il était d’une grande intégrité et n’intervenait que pour des causes justes ou pour les intérêts de sa région ou de sa commune, jamais pour lui ou sa famille.
Il était juste, il faisait des propositions pour des postes du ressort du président de la Chambre des représentants, il choisissait toujours la personne ayant les compétences requises indépendamment de sa couleur politique. C’est ce qui explique en partie le respect dont il bénéficie de la part des autres partis.
En octobre 2011, il s’est présenté à l’élection à la présidence de l’UIP à la demande des pays arabes dont c’était le tour d’en prendre la présidence et qui voyaient en lui le candidat idéal pour faire avancer la démocratie parlementaire dans le monde. L’élection devait être une simple formalité.
Mais à la dernière minute, le très influent secrétaire général de l’Union, un Suédois, a sorti de son chapeau une candidate indonésienne qui n’était pas soutenue par le parlement de son propre pays qui avait envoyé une lettre de soutien à M. Radi. Elle a fait campagne sur le thème l’égalité homme / femme,
l’un des thème stratégiques de l’UIP, confortée par un discours du Secrétaire général de l’ONU présent à la séance inaugurale.
Après un travail colossal de la délégation marocaine et certains pays amis d’Amérique latine, en particulier l’Uruguay, le vote a commencé dans une atmosphère tendue. Nous étions tous très fébriles, mais le principal intéressé, M. Radi, m’a impressionné par son calme et son détachement donnant l’impression de ne pas être concerné et suivant calmement le déroulement du vote. J’ai pu encore une fois me rendre compte de sa force de caractère, de son calme légendaire et de son optimisme.
Il a été effectivement élu avec une large avance et n’a pas tenu rigueur au Secrétaire général. Il a travaillé avec lui main dans la main pendant trois ans et a fait avancer l’Union interparlementaire et élargi son influence dans les pays arabes et aux Nations unies. Il a fait adopter l’arabe comme langue officielle à côté du français et de l’anglais et amélioré la communication et les relations avec les Parlements arabes. A la fin de sa mission, M. Radi a été désigné Président d’honneur, titre qu’il gardé jusqu’à sa mort.
Nous avons tenu des assemblées dans différents pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud et du Nord et au Canada. Celle-ci tenue en 2012 a connu un incident qui a failli annuler l’assemblée. Car contrairement à ses engagements, le gouvernement canadien a refusé le visa à certaines délégations arabes. Et malgré nos démarches, le président du sénat canadien s’est défilé. M. Radi, qui ne transige pas sur les principes, n’a rien dit et a attendu la réception des présidents des délégations par le gouverneur général du Canada, représentant de la reine d’Angleterre, pour dénoncer dans son allocution le manquement de la parole donnée du gouvernement canadien. Et c’est à la suite de cette réaction que personne n’attendait, que le problème a été réglé.
Cela me rappelle l’incident survenu il y a quelques années sur France 24 quand une journaliste a demandé à M. Radi de confirmer les critiques de l’Etat marocain faites par un autre invité. M. Radi a rétorqué qu’il n’était pas disposé à critiquer son pays dans télévision regardée dans le monde entier rappelant que l’opposition, il l’avait pratiquée à l’intérieur pendant 40 ans jusqu’à l’Alternance quittant le plateau de l’émission et laissant tout le monde interloqué.
J’aimerais dire quelques mots à propos de l’USFP, car depuis 1975, j’ai participé à tous les congrès dont la plupart étaient présidés par SsI Abdelwahed. Il était apprécié et respecté par tous principalement à cause de son autorité naturelle, de son humilité, de son accessibillité et de sa communication avec tous les militants.
Je me rappelle de la période difficile de son mandat à la tête du parti, une période de turbulences qu’il a gérée pendant qu’il était ministre de la Justice. Mais il était heureux d’avoir réalisé l’essentiel pendant ce mandat et d’avoir mené le bateau à bon port en 2012 après la réussite de sa mission.
Je ne l’ai jamais vu aussi ému, presqu’aux larmes qu’au moment de faire ses adieux au 9ème Congrès, et faire son testament aux générations futures, avec un message optimiste pour l’avenir du Parti .
Mais après avoir veillé personnellement à une élection démocratique et régulière du nouveau premier secrétaire, et après avoir assisté personnellement très tard dans la nuit au comptage des voix pour être sûr de la validité des résultats, il a annoncé le nom du vainqueur et félicité son successeur . Je peux témoigner de tout cela car j’étais à ses côtés à ce moment-là.
En conclusion,
M. Radi était un militant et un patriote éclairé. Il n’avait pas d’objectifs personnels ni plan de carrière ni d’aspiration à exercer le pouvoir.
Il s’était fixé depuis longtemps des règles de conduite après une mûre réflexion et un grand travail d’introspection et il les a appliquées tout au long de sa vie
guidé par son patriotisme et par les valeurs que lui ont inculqué les leaders du Mouvement national et à leur tête Mehdi et Abderrahim Bouabid, puis Abderrahmane El Youssoufi. Conforté par la confiance de SM Hassan II et celle de SM Mohammed VI, il a consacré sa vie à la construction d’un Maroc régi par les institutions, la démocratie, la liberté et la justice sociale, sans jamais postuler à quoi que ce soit, sans jamais être en compétition avec les militants ou dirigeants de son parti, mais grâce à son travail sans relâche, sa détermination, sa sagesse, sa patience, sa sincérité et son intégrité, il a pu accéder aux plus hautes fonctions du législatif, de l’exécutif et du judiciaire.
Son action au sein du parti et son rôle de conciliateur et d’unificateur mais aussi son action en tant qu’acteur politique ont permis à l’USFP de jouer un rôle déterminant dans l’alternance et dans la transition démocratique couronnée par la Constitution de 2011.
Il a pu ainsi réaliser en douceur durant son parcours politique et son mandat de premier secrétaire tout ce à quoi aspiraient les fondateurs du Mouvement national.
Je suis donc très fier d’avoir été l’ami de ce grand homme d’Etat dont le nom restera gravé dans l’histoire du Maroc.
Son livre «Le Maroc que j’ai vécu» racontant toute cette épopée, devrait figurer dans toutes les bibliothèques pour permettre aux générations futures de mieux connaître l’histoire de leur pays et de s’inspirer de l’exemple de M. Abdelwahed Radi.
Pendant plus de cinquante ans, j’ai entendu parler de M. et Mme Radi au quotidien, car nos épouses se parlaient tous les jours et donnaient de mes nouvelles et des siennes en temps réel. Leur décès tous les deux à moins d’un an d’intervalle a laissé un énorme vide dans nos vies, mais leur souvenir reste à jamais gravé dans nos mémoires, et sera perpétué j’espère par nos enfants et nos petits-enfants. Que leurs âmes reposent en paix ».
Par Hassan El Khettar
Pendant plus de cinquante ans, j’ai entendu parler de M. et Mme Radi au quotidien, car nos épouses se parlaient tous les jours et donnaient de mes nouvelles et des siennes en temps réel. Leur décès tous les deux à moins d’un an d’intervalle a laissé un énorme vide dans nos vies, mais leur souvenir reste à jamais gravé dans nos mémoires, et sera perpétué j’espère par nos enfants et nos petits-enfants. Que leurs âmes reposent en paix ».
Par Hassan El Khettar