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Abdelouahed Mountassir est plus qu’un architecte reconnu de la place. Il est le nouveau consul honoraire d’Allemagne
à Casablanca. Nommé récemment lors d’une grande cérémonie présidée par Ulf-Dieter Klemm,
ambassadeur d’Allemagne
à Rabat, le nouveau consul honoraire,
qui vient renforcer
le réseau
diplomatique
allemand au Royaume, nous
a ouvert ses portes pour une longue interview. Une
interview au cours de laquelle il a parlé des relations
bilatérales entre l’Allemagne
et le Maroc,
de son agenda
économique
et culturel et de sa double fonction
d’architecte et de consul honoraire. Entretien.
Libé : Tout d’abord, qu’est-ce qu’un consul honoraire ?
Abdelouahed Mountassir : Pour résumer, le poste de consul honoraire n’est pas politique. Son rôle est d’assurer des tâches plutôt administratives concernant soit des ressortissants allemands, soit des Marocains ayant des relations avec l’Allemagne. Il permet aussi de favoriser les relations entre les deux pays dans divers secteurs, notamment économiques, culturels et sociaux. Mais je dirais qu’au niveau de Casablanca, ma tâche primordiale, outre le volet administratif, est d’assurer une assistance continue aux investisseurs allemands résidents ici et de fournir l’aide et le conseil nécessaires aux hommes d’affaires marocains désirant établir des relations commerciales ou autres avec l’Allemagne. J’assiste aussi toutes les délégations des hommes d’affaires allemands qui viennent au Maroc, plus précisément à Casablanca, dans le cadre des échanges économiques entre les deux pays ou à titre personnel. D’autre part, il est de mes prérogatives d’organiser des événements culturels et artistiques auxquels je pourrais inviter des artistes et des intellectuels allemands. Et faire également l’inverse en invitant des artistes et des intellectuels marocains à assister aux grands festivals, galeries d’art, manifestations culturelles et artistiques en Allemagne. En tant que consul honoraire, je joue le rôle de catalyseur des relations bilatérales entre les deux pays afin d’assurer un échange fructueux dans les domaines culturels, économiques et sociaux. Et ce, en collaboration avec les institutions marocaines telles les Chambres de commerce, professionnelles, les Centres régionaux d’investissements, les services culturels et la Chambre de commerce allemande basés à Casablanca. Tout cela sous la tutelle de l’ambassade d’Allemagne à Rabat bien évidemment.
Peut-on dire que votre récente nomination répond aux exigences économiques et aux multiples appels des hommes d’affaires marocains et allemands, fortement présents à Casablanca, qui ont trop souffert depuis la fermeture du Consulat suite à la chute du Mur de Berlin?
Effectivement, Casablanca est le cœur économique du pays. La majorité des hommes d’affaires allemands y sont installés. Même les investisseurs marocains qui travaillent ou qui sont en quête de collaboration avec les hommes d’affaire allemands y sont installés. Ce qui fait de la ville, un point d’échanges économiques incontournable. C’est d’ailleurs la plateforme la plus importante des relations économiques, culturelles et sociales entre les deux pays. D’où l’importance de la présence d’une représentativité à l’échelle locale en vue de réaliser davantage de proximité. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ma nomination a eu lieu. Surtout que les businessmen, les étudiants et les ressortissants allemands à Casablanca ont trop souffert de la fermeture du consulat d’Allemagne qui leur offrait tous les services nécessaires sans pour autant être obligés de se rendre à l’ambassade à Rabat. Je rappelle, à cet égard, que cette fermeture qui a eu lieu suite à la chute du Mur de Berlin n’avait pas un caractère politique. Elle entrait dans le cadre de la gestion des ressources humaines du ministère des Affaires étrangères d’Allemagne qui s’est trouvé soudainement obligé d’augmenter le nombre de ses diplomates dans les dizaines de nouveaux pays après le démantèlement du bloc soviétique. Il était illogique de garder une ambassade à Rabat et une autre à Casablanca alors que les deux villes sont pratiquement à une heure de route. En plus, le fardeau financier était énorme pour la diplomatie allemande. Une fois les choses stabilisées et vu les appels incessants des hommes d’affaires des deux pays, les officiels allemands ont jugé nécessaire d’ouvrir un consulat honoraire à Casablanca, d’où ma nomination.
Quel est donc votre apport aux relations entre les deux pays ? Et comment envisagez-vous de développer les échanges avec l’Allemagne ?
Les relations bilatérales entre le Maroc et l’Allemagne ont toujours été importantes. Il suffit de rappeler que l’Allemagne occupe la troisième place après la France et l’Espagne dans les échanges économiques du Royaume. L’Allemagne est aussi un partenaire privilégié du Maroc dans presque tous les secteurs d’activités. Il suffit de rappeler que les touristes allemands sont en tête des clients dans plusieurs villes, notamment à Agadir. Dans le secteur agroalimentaire, les industriels marocains sollicitent beaucoup le savoir-faire et l’expertise de leurs homologues allemands.
J’ouvrirais la parenthèse pour vous rappeler l’importance de l’Allemagne dans un secteur que je maîtrise en ma qualité d’architecte, celui du bâtiment en général. Les Allemands sont une source d’inspiration importante pour leurs homologues marocains, surtout dans l’urbanisme. Les architectes allemands sont très avancés dans leurs recherches dans ce créneau que nous devons encourager davantage au Maroc. Idem en ce qui concerne les technologies de traitement de déchets et dans le domaine de l’architecture passive méconnue chez nous. Des compétences qu’il faut acquérir en organisant des séminaires et des salons pour vulgariser davantage ce savoir-faire devenu indispensable pour nos villes qui, hélas, n’ont plus d’identité architecturale forte et qui, avec leurs blocs de béton, poussent comme des champignons sans le moindre respect de l’esthétique et surtout dans l’irrespect total du volet urbanistique. C’est d’ailleurs mon premier challenge. Je travaillerais dans ce sens afin de rapprocher plus les meilleures compétences architecturales et les promoteurs immobiliers des deux pays pour réfléchir ensemble sur le futur de nos villes et l’aménagement de l’espace dans le respect total des normes en vigueur et des nouvelles technologies.
D’autre part, je ferais connaître davantage le design marocain en Allemagne surtout que plusieurs designers marocains y sont méconnus. Dans presque tous les grands boulevards allemands, des fresques et des décors marocains sont exposés. Il ne faut donc pas nier le charme des motifs des décors marocains qui commencent à intéresser non seulement le citoyen allemand, mais aussi le monde entier. Donc, il est temps de trouver une plateforme d’échanges de savoir-faire et de compétences dans différents créneaux entre les professionnels des deux pays. Et ce, dans presque tous les secteurs d’activités.
Il est dans mon programme d’action également de vulgariser encore plus la culture et l’art marocain en Allemagne dans le cadre de festivals et autres manifestations organisées. Et pourquoi pas ne pas en créer quelques-unes pour inaugurer de nouveaux supports d’échanges bilatéraux.
Vous êtes à la fois architecte et consul honoraire. Comment gérez-vous ces deux vies ?
(Sourire) Evidemment. Je fais quelques sacrifices dans ma vie privée pour m’arranger. Surtout que ma nouvelle tâche demande elle aussi d’être disponible pour répondre aux besoins des résidents allemands et également des Marocains sollicitant un service administratif ou à la recherche de collaborations avec leurs homologues allemands. Mais, je suis très chanceux dans ce sens, car ma femme m’assiste beaucoup. D’ailleurs, j’aimerais rappeler qu’elle a travaillé longtemps au Consulat de Casablanca fermé il y a plusieurs années ; donc elle maîtrise bien les rouages du travail. Il est de sa mission de reprendre son rôle dans la diplomatie allemande par la force des choses. Mon homologue à Agadir a recruté une Allemande pour certaines tâches administratives mais moi, j’ai la chance d’avoir ma femme qui s’y connaît bien, surtout qu’elle est allemande. Et sa grande contribution me permet d’équilibrer entre les deux vies, celles d’architecte et de diplomate. Bien évidemment, nous sacrifions tous les deux quelques-unes de nos activités privées pour être à la hauteur des attentes de mon nouveau poste, tout en gardant mon image de marque et ma bonne réputation auprès de mes clients en tant qu’architecte.
Quel était votre sentiment quand on vous a appris que vous avez été nommé consul honoraire d’Allemagne à Casablanca ? Surtout que vous êtes un homme très modeste et qui ne préfère pas trop s’afficher dans les journaux et revues professionnels.
Ma nomination est avant tout un honneur pour moi, surtout qu’elle est validée par le Président allemand en personne.
C’est aussi un nouvel engagement envers mes deux pays qui m’ont tant donné : le Maroc où sont mes origines et l’Allemagne que je fréquente énormément depuis que j’ai connu ma femme. L’Allemagne m’a beaucoup donné dans ma formation d’architecte. J’habite Berlin également. Ma culture est à la fois allemande et marocaine. C'est-à-dire j’ai toujours été partagé entre les deux. Ma nomination a eu lieu suite à une candidature. J’ai reçu la visite de Monsieur l’ambassadeur qui m’a affirmé que j’étais en lice pour le poste de consul honoraire d’Allemagne à Casablanca. Il y avait, je crois, deux autres candidatures, mais les officiels ont voulu que je sois leur diplomate sur place. J’ignore toujours les raisons de cette décision, mais je crois qu’ils ont étudié minutieusement tous les profils des candidats avant de décider. Une décision qui a pris plus d’une année.
Ma joie était de courte durée vu le poids de la responsabilité. Je suis un homme méticuleux qui ne laisse rien au hasard et je refuse de travailler dans l’anarchie. Donc je savais, dès le premier jour de ma nomination, que ma tâche ne serait pas facile. Je dois fournir le maximum pour être à la hauteur des attentes des usagers du nouveau consulat casablancais et pour ne pas décevoir les responsables qui m’ont honoré par cette responsabilité. Tout ceci ne m’empêche pas de penser à de nouvelles formules de travail pour booster les échanges fructueux des businessmen des deux pays.
Comment envisagez-vous le futur des relations économiques bilatérales entre les deux pays ?
L’avenir des relations économiques bilatérales ne peut être que radieux. L’Allemagne est un pays très développé dans tous les secteurs. L’expertise de ses professionnels et leur savoir-faire sont un atout majeur pour le développement de l’économie marocaine. Les Allemands ne croient pas à l’obstacle de la langue et les Marocains parlent l’Allemand facilement. Il suffit juste d’encourager davantage les Allemands à venir nous faire bénéficier de leurs compétences et profiter également de notre savoir-faire. C’est un échange win-win où les deux parties seront gagnantes.
Que faire alors pour les encourager ?
Il faut persévérer et créer de nouvelles niches de travail. Je crois que le terrain est favorable pour davantage d’échanges surtout que les relations politiques sont très stables entre les deux pays. Certes il y a des créneaux qu’il faut développer et mettre au diapason des attentes des professionnels, mais cela ne représente guère un obstacle qui risquerait de retarder ou même d’entraver cette grande fraternité entre les professionnels des deux pays.
Revenons à l’architecture. Où en êtes-vous actuellement ?
J’ai eu l’occasion de travailler depuis la création de mon cabinet sur différents projets. Ce qui m’a permis d’acquérir une expérience riche et diversifiée. En ce moment, je consacre mes recherches et mes travaux à des conceptions qui cadrent plus avec le volet urbanistique favorable que je défends beaucoup. Surtout que nous avons des architectes compétents, mais nous n’avons pas d’urbanistes capables de penser la ville comme il se doit. Et c’est ce point qu’il faut développer en symbiose tout en adaptant l’habitat à l’espace public. Et ce, afin de favoriser l’épanouissement de l’homme et son intégration dans la ville. Et comme je le dis toujours : ce n’est pas avec les belles façades qu’on peut rendre les gens heureux. C’est pourquoi je ne parle plus d’architecture mais d’urbanisme. Et dans mon nouveau poste de consul honoraire, j’œuvrerai dans le sens de vulgariser cette vision auprès des professionnels.
Et là, je rappelle que le ministère doit revoir les normes en vigueur. Le problème ne réside pas dans les superficies mais dans l’aménagement de l’espace et sa cohabitation avec l’espace extérieur. Et pour finir, je dirai que dans une ville bien conçue, on a un équilibre social.
à Casablanca. Nommé récemment lors d’une grande cérémonie présidée par Ulf-Dieter Klemm,
ambassadeur d’Allemagne
à Rabat, le nouveau consul honoraire,
qui vient renforcer
le réseau
diplomatique
allemand au Royaume, nous
a ouvert ses portes pour une longue interview. Une
interview au cours de laquelle il a parlé des relations
bilatérales entre l’Allemagne
et le Maroc,
de son agenda
économique
et culturel et de sa double fonction
d’architecte et de consul honoraire. Entretien.
Libé : Tout d’abord, qu’est-ce qu’un consul honoraire ?
Abdelouahed Mountassir : Pour résumer, le poste de consul honoraire n’est pas politique. Son rôle est d’assurer des tâches plutôt administratives concernant soit des ressortissants allemands, soit des Marocains ayant des relations avec l’Allemagne. Il permet aussi de favoriser les relations entre les deux pays dans divers secteurs, notamment économiques, culturels et sociaux. Mais je dirais qu’au niveau de Casablanca, ma tâche primordiale, outre le volet administratif, est d’assurer une assistance continue aux investisseurs allemands résidents ici et de fournir l’aide et le conseil nécessaires aux hommes d’affaires marocains désirant établir des relations commerciales ou autres avec l’Allemagne. J’assiste aussi toutes les délégations des hommes d’affaires allemands qui viennent au Maroc, plus précisément à Casablanca, dans le cadre des échanges économiques entre les deux pays ou à titre personnel. D’autre part, il est de mes prérogatives d’organiser des événements culturels et artistiques auxquels je pourrais inviter des artistes et des intellectuels allemands. Et faire également l’inverse en invitant des artistes et des intellectuels marocains à assister aux grands festivals, galeries d’art, manifestations culturelles et artistiques en Allemagne. En tant que consul honoraire, je joue le rôle de catalyseur des relations bilatérales entre les deux pays afin d’assurer un échange fructueux dans les domaines culturels, économiques et sociaux. Et ce, en collaboration avec les institutions marocaines telles les Chambres de commerce, professionnelles, les Centres régionaux d’investissements, les services culturels et la Chambre de commerce allemande basés à Casablanca. Tout cela sous la tutelle de l’ambassade d’Allemagne à Rabat bien évidemment.
Peut-on dire que votre récente nomination répond aux exigences économiques et aux multiples appels des hommes d’affaires marocains et allemands, fortement présents à Casablanca, qui ont trop souffert depuis la fermeture du Consulat suite à la chute du Mur de Berlin?
Effectivement, Casablanca est le cœur économique du pays. La majorité des hommes d’affaires allemands y sont installés. Même les investisseurs marocains qui travaillent ou qui sont en quête de collaboration avec les hommes d’affaire allemands y sont installés. Ce qui fait de la ville, un point d’échanges économiques incontournable. C’est d’ailleurs la plateforme la plus importante des relations économiques, culturelles et sociales entre les deux pays. D’où l’importance de la présence d’une représentativité à l’échelle locale en vue de réaliser davantage de proximité. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ma nomination a eu lieu. Surtout que les businessmen, les étudiants et les ressortissants allemands à Casablanca ont trop souffert de la fermeture du consulat d’Allemagne qui leur offrait tous les services nécessaires sans pour autant être obligés de se rendre à l’ambassade à Rabat. Je rappelle, à cet égard, que cette fermeture qui a eu lieu suite à la chute du Mur de Berlin n’avait pas un caractère politique. Elle entrait dans le cadre de la gestion des ressources humaines du ministère des Affaires étrangères d’Allemagne qui s’est trouvé soudainement obligé d’augmenter le nombre de ses diplomates dans les dizaines de nouveaux pays après le démantèlement du bloc soviétique. Il était illogique de garder une ambassade à Rabat et une autre à Casablanca alors que les deux villes sont pratiquement à une heure de route. En plus, le fardeau financier était énorme pour la diplomatie allemande. Une fois les choses stabilisées et vu les appels incessants des hommes d’affaires des deux pays, les officiels allemands ont jugé nécessaire d’ouvrir un consulat honoraire à Casablanca, d’où ma nomination.
Quel est donc votre apport aux relations entre les deux pays ? Et comment envisagez-vous de développer les échanges avec l’Allemagne ?
Les relations bilatérales entre le Maroc et l’Allemagne ont toujours été importantes. Il suffit de rappeler que l’Allemagne occupe la troisième place après la France et l’Espagne dans les échanges économiques du Royaume. L’Allemagne est aussi un partenaire privilégié du Maroc dans presque tous les secteurs d’activités. Il suffit de rappeler que les touristes allemands sont en tête des clients dans plusieurs villes, notamment à Agadir. Dans le secteur agroalimentaire, les industriels marocains sollicitent beaucoup le savoir-faire et l’expertise de leurs homologues allemands.
J’ouvrirais la parenthèse pour vous rappeler l’importance de l’Allemagne dans un secteur que je maîtrise en ma qualité d’architecte, celui du bâtiment en général. Les Allemands sont une source d’inspiration importante pour leurs homologues marocains, surtout dans l’urbanisme. Les architectes allemands sont très avancés dans leurs recherches dans ce créneau que nous devons encourager davantage au Maroc. Idem en ce qui concerne les technologies de traitement de déchets et dans le domaine de l’architecture passive méconnue chez nous. Des compétences qu’il faut acquérir en organisant des séminaires et des salons pour vulgariser davantage ce savoir-faire devenu indispensable pour nos villes qui, hélas, n’ont plus d’identité architecturale forte et qui, avec leurs blocs de béton, poussent comme des champignons sans le moindre respect de l’esthétique et surtout dans l’irrespect total du volet urbanistique. C’est d’ailleurs mon premier challenge. Je travaillerais dans ce sens afin de rapprocher plus les meilleures compétences architecturales et les promoteurs immobiliers des deux pays pour réfléchir ensemble sur le futur de nos villes et l’aménagement de l’espace dans le respect total des normes en vigueur et des nouvelles technologies.
D’autre part, je ferais connaître davantage le design marocain en Allemagne surtout que plusieurs designers marocains y sont méconnus. Dans presque tous les grands boulevards allemands, des fresques et des décors marocains sont exposés. Il ne faut donc pas nier le charme des motifs des décors marocains qui commencent à intéresser non seulement le citoyen allemand, mais aussi le monde entier. Donc, il est temps de trouver une plateforme d’échanges de savoir-faire et de compétences dans différents créneaux entre les professionnels des deux pays. Et ce, dans presque tous les secteurs d’activités.
Il est dans mon programme d’action également de vulgariser encore plus la culture et l’art marocain en Allemagne dans le cadre de festivals et autres manifestations organisées. Et pourquoi pas ne pas en créer quelques-unes pour inaugurer de nouveaux supports d’échanges bilatéraux.
Vous êtes à la fois architecte et consul honoraire. Comment gérez-vous ces deux vies ?
(Sourire) Evidemment. Je fais quelques sacrifices dans ma vie privée pour m’arranger. Surtout que ma nouvelle tâche demande elle aussi d’être disponible pour répondre aux besoins des résidents allemands et également des Marocains sollicitant un service administratif ou à la recherche de collaborations avec leurs homologues allemands. Mais, je suis très chanceux dans ce sens, car ma femme m’assiste beaucoup. D’ailleurs, j’aimerais rappeler qu’elle a travaillé longtemps au Consulat de Casablanca fermé il y a plusieurs années ; donc elle maîtrise bien les rouages du travail. Il est de sa mission de reprendre son rôle dans la diplomatie allemande par la force des choses. Mon homologue à Agadir a recruté une Allemande pour certaines tâches administratives mais moi, j’ai la chance d’avoir ma femme qui s’y connaît bien, surtout qu’elle est allemande. Et sa grande contribution me permet d’équilibrer entre les deux vies, celles d’architecte et de diplomate. Bien évidemment, nous sacrifions tous les deux quelques-unes de nos activités privées pour être à la hauteur des attentes de mon nouveau poste, tout en gardant mon image de marque et ma bonne réputation auprès de mes clients en tant qu’architecte.
Quel était votre sentiment quand on vous a appris que vous avez été nommé consul honoraire d’Allemagne à Casablanca ? Surtout que vous êtes un homme très modeste et qui ne préfère pas trop s’afficher dans les journaux et revues professionnels.
Ma nomination est avant tout un honneur pour moi, surtout qu’elle est validée par le Président allemand en personne.
C’est aussi un nouvel engagement envers mes deux pays qui m’ont tant donné : le Maroc où sont mes origines et l’Allemagne que je fréquente énormément depuis que j’ai connu ma femme. L’Allemagne m’a beaucoup donné dans ma formation d’architecte. J’habite Berlin également. Ma culture est à la fois allemande et marocaine. C'est-à-dire j’ai toujours été partagé entre les deux. Ma nomination a eu lieu suite à une candidature. J’ai reçu la visite de Monsieur l’ambassadeur qui m’a affirmé que j’étais en lice pour le poste de consul honoraire d’Allemagne à Casablanca. Il y avait, je crois, deux autres candidatures, mais les officiels ont voulu que je sois leur diplomate sur place. J’ignore toujours les raisons de cette décision, mais je crois qu’ils ont étudié minutieusement tous les profils des candidats avant de décider. Une décision qui a pris plus d’une année.
Ma joie était de courte durée vu le poids de la responsabilité. Je suis un homme méticuleux qui ne laisse rien au hasard et je refuse de travailler dans l’anarchie. Donc je savais, dès le premier jour de ma nomination, que ma tâche ne serait pas facile. Je dois fournir le maximum pour être à la hauteur des attentes des usagers du nouveau consulat casablancais et pour ne pas décevoir les responsables qui m’ont honoré par cette responsabilité. Tout ceci ne m’empêche pas de penser à de nouvelles formules de travail pour booster les échanges fructueux des businessmen des deux pays.
Comment envisagez-vous le futur des relations économiques bilatérales entre les deux pays ?
L’avenir des relations économiques bilatérales ne peut être que radieux. L’Allemagne est un pays très développé dans tous les secteurs. L’expertise de ses professionnels et leur savoir-faire sont un atout majeur pour le développement de l’économie marocaine. Les Allemands ne croient pas à l’obstacle de la langue et les Marocains parlent l’Allemand facilement. Il suffit juste d’encourager davantage les Allemands à venir nous faire bénéficier de leurs compétences et profiter également de notre savoir-faire. C’est un échange win-win où les deux parties seront gagnantes.
Que faire alors pour les encourager ?
Il faut persévérer et créer de nouvelles niches de travail. Je crois que le terrain est favorable pour davantage d’échanges surtout que les relations politiques sont très stables entre les deux pays. Certes il y a des créneaux qu’il faut développer et mettre au diapason des attentes des professionnels, mais cela ne représente guère un obstacle qui risquerait de retarder ou même d’entraver cette grande fraternité entre les professionnels des deux pays.
Revenons à l’architecture. Où en êtes-vous actuellement ?
J’ai eu l’occasion de travailler depuis la création de mon cabinet sur différents projets. Ce qui m’a permis d’acquérir une expérience riche et diversifiée. En ce moment, je consacre mes recherches et mes travaux à des conceptions qui cadrent plus avec le volet urbanistique favorable que je défends beaucoup. Surtout que nous avons des architectes compétents, mais nous n’avons pas d’urbanistes capables de penser la ville comme il se doit. Et c’est ce point qu’il faut développer en symbiose tout en adaptant l’habitat à l’espace public. Et ce, afin de favoriser l’épanouissement de l’homme et son intégration dans la ville. Et comme je le dis toujours : ce n’est pas avec les belles façades qu’on peut rendre les gens heureux. C’est pourquoi je ne parle plus d’architecture mais d’urbanisme. Et dans mon nouveau poste de consul honoraire, j’œuvrerai dans le sens de vulgariser cette vision auprès des professionnels.
Et là, je rappelle que le ministère doit revoir les normes en vigueur. Le problème ne réside pas dans les superficies mais dans l’aménagement de l’espace et sa cohabitation avec l’espace extérieur. Et pour finir, je dirai que dans une ville bien conçue, on a un équilibre social.