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Méticuleux, franc et intransigeant. Il choisit bien ses mots. Il saisit bien leur valeur dans le discours. Il a horreur de l’amalgame et du brouillage. Abdelmalek Achahboun est le genre d’intellectuels qui respectent leur mission dans la société. D’où l’insistance du critique à clarifier les concepts, à les assimiler et à en faire bon usage. Voici la traduction de l’arabe d’un entretien accordé à Libé…
Libé : Où en est-on avec les questions de la critique marocaine ?
Abdelmalek Achahboun: Avant d’aborder ce sujet, un avant-propos est nécessaire. Il faut dire que la critique marocaine noue des contacts directs et indirects avec les affluents critiques occidentaux. Ce postulat exprime une identification implicite de l’ensemble des courants critiques mis en œuvre par le critique marocain, dans ses nombreux travaux : idéologique, structuraliste constructiviste, structuraliste, psychologique … Toutes ces tendances sont centrées clairement sur les concepts de l’esthétique de la réception et la critique culturelle … Ce que nous pouvons souligner, dans ce contexte, est que ces nouvelles approches acquièrent de plus en plus leur caractère scientifique, puisqu’elles approchent le texte en fonction de ses composantes intrinsèques, alors que par le passé, l’on abordait cette création, selon l’état de la société, l’identité, l’environnement …
Devant les anciennes et les nouvelles théories, le critique a toujours fait face à la problématique de la méthodologie : sommes-nous pour une seule méthodologie ou plusieurs? Quelles sont les possibilités à même d’adapter les méthodologies occidentales? Quelles sont les limites du projet critique en général?
Où réside donc le problème?
Personnellement, je situe le nœud du problème dans l’absence de toute représentation de ces méthodologies modernes. Les critiques ne les assimilent pas bien, sinon pas encore. Ils ignorent également les fondements théoriques et philosophiques de ces approches, et partant, l’on se trouve face à un dysfonctionnement patent et flagrant. Certains critiques marocains se contentent, en effet, d’un suivisme aveugle cherchant à accompagner les dernières nouveautés en la matière. Ils font état d’un passéisme sans ambition ni vision ou essayent de créer une alchimie incongrue entre le moderne et l’ancien, sans respect de l’esprit de ces courants. Tout cela entraîne un assemblage dénaturé et de mauvais goût.
Que proposez-vous à ce sujet ?
Le critique devrait faire montre d’une grande maîtrise des aspects théoriques, ainsi que de leurs spécificités. Ce qui n’est point suffisant, toutefois. C’est pourquoi, l’on devrait faire appel aux compétences du critique et à son bon sens, afin de percevoir les aspects esthétiques dans les textes créatifs (modernes ou anciens). Il s’agit aussi d’une subtilité artistique grâce à laquelle le critique devrait transmettre aux lecteurs les émotions esthétiques que renferme le texte. Certains critiques ont ainsi pu s’imprégner de cette logique textuelle qui impose ses propres questions, au lieu d’aller les chercher ailleurs.
Comment peut-on promouvoir ce champ d’étude au Maroc ?
Toute réflexion initiée autour de la critique est tributaire aussi du bilan des productions créatives, d’abord, et des méthodologies de lecture, ensuite. L’avenir du discours critique au Maroc devrait être fondé sur une plateforme culturelle, tirant profit de tous les acquis des sciences humaines, pour que cet acte critique esquive l’imitation, le pléonasme et les aberrantes redondances.
Vit-on une crise de lecture au Maroc ?
Certainement. L’écrivain marocain Ahmed Bouzfour avait refusé en 2004 un prix accordé par l’Etat, en guise de protestation contre une situation alarmante à ce sujet. Pourtant, tous les facteurs adjuvants sont là : une quinzaine d’universités, 300 mille enseignantes et un pays qui compte 34 millions d’habitants! Nous contournerons cette situation quand les parents inculqueront l’envie de lire à leurs enfants à travers des réflexes naturels, comme le besoin d’avoir une bibliothèque à la maison, de prendre un livre, entre autres.
L’école comme les enseignants doivent créer ce besoin de lecture chez les élèves, lors d’activités parallèles. Ils se voient ainsi impartis d’une mission essentielle. Le livre et la lecture ne devraient plus être un luxe, mais une nécessité sociétale.
Libé : Où en est-on avec les questions de la critique marocaine ?
Abdelmalek Achahboun: Avant d’aborder ce sujet, un avant-propos est nécessaire. Il faut dire que la critique marocaine noue des contacts directs et indirects avec les affluents critiques occidentaux. Ce postulat exprime une identification implicite de l’ensemble des courants critiques mis en œuvre par le critique marocain, dans ses nombreux travaux : idéologique, structuraliste constructiviste, structuraliste, psychologique … Toutes ces tendances sont centrées clairement sur les concepts de l’esthétique de la réception et la critique culturelle … Ce que nous pouvons souligner, dans ce contexte, est que ces nouvelles approches acquièrent de plus en plus leur caractère scientifique, puisqu’elles approchent le texte en fonction de ses composantes intrinsèques, alors que par le passé, l’on abordait cette création, selon l’état de la société, l’identité, l’environnement …
Devant les anciennes et les nouvelles théories, le critique a toujours fait face à la problématique de la méthodologie : sommes-nous pour une seule méthodologie ou plusieurs? Quelles sont les possibilités à même d’adapter les méthodologies occidentales? Quelles sont les limites du projet critique en général?
Où réside donc le problème?
Personnellement, je situe le nœud du problème dans l’absence de toute représentation de ces méthodologies modernes. Les critiques ne les assimilent pas bien, sinon pas encore. Ils ignorent également les fondements théoriques et philosophiques de ces approches, et partant, l’on se trouve face à un dysfonctionnement patent et flagrant. Certains critiques marocains se contentent, en effet, d’un suivisme aveugle cherchant à accompagner les dernières nouveautés en la matière. Ils font état d’un passéisme sans ambition ni vision ou essayent de créer une alchimie incongrue entre le moderne et l’ancien, sans respect de l’esprit de ces courants. Tout cela entraîne un assemblage dénaturé et de mauvais goût.
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Comment peut-on promouvoir ce champ d’étude au Maroc ?
Toute réflexion initiée autour de la critique est tributaire aussi du bilan des productions créatives, d’abord, et des méthodologies de lecture, ensuite. L’avenir du discours critique au Maroc devrait être fondé sur une plateforme culturelle, tirant profit de tous les acquis des sciences humaines, pour que cet acte critique esquive l’imitation, le pléonasme et les aberrantes redondances.
Vit-on une crise de lecture au Maroc ?
Certainement. L’écrivain marocain Ahmed Bouzfour avait refusé en 2004 un prix accordé par l’Etat, en guise de protestation contre une situation alarmante à ce sujet. Pourtant, tous les facteurs adjuvants sont là : une quinzaine d’universités, 300 mille enseignantes et un pays qui compte 34 millions d’habitants! Nous contournerons cette situation quand les parents inculqueront l’envie de lire à leurs enfants à travers des réflexes naturels, comme le besoin d’avoir une bibliothèque à la maison, de prendre un livre, entre autres.
L’école comme les enseignants doivent créer ce besoin de lecture chez les élèves, lors d’activités parallèles. Ils se voient ainsi impartis d’une mission essentielle. Le livre et la lecture ne devraient plus être un luxe, mais une nécessité sociétale.