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Dans l'immédiat, ce sont plutôt les désagréments liés aux travaux qui exaspèrent les automobilistes piégés dans des bouchons encore plus longs que d'habitude ou les piétons, qui après avoir pataugé dans la neige boueuse pendant le long hiver moscovite, doivent se frayer un chemin entre tas de sable et barrières.
Vladimir Moltchanov, 19 ans, tout en se plaignant de la circulation ralentie, prend son mal en patience : "La ville se transforme et devient de plus en plus belle". "Les rues qui sont finies sont magnifiques", renchérit Maxime Lagvienko, un informaticien de 28 ans. "Même en tant qu'automobiliste, je me rends bien compte que le centre doit être pour les piétons et les cyclistes".
Selon le cabinet d'urbanisme Strelka, qui joue un rôle de conseil auprès des autorités, près des trois quarts des Moscovites sont favorables aux travaux actuels. "Il n'y a pas eu de réaménagement urbain depuis les jeux Olympiques de Moscou en 1980. Il y a beaucoup à faire", assure à l'AFP Alexeï Mouratov, consultant de cet institut.
Le maire de Moscou Sergueï Sobianine a remporté un deuxième mandat en 2013 contre l'opposant Alexeï Navalny après une campagne centrée sur l'amélioration de la qualité de vie dans la capitale russe, une ville riche mais célèbre pour ses embouteillages sans fin et sa pollution.
Depuis, les autorités municipales ont réalisé des investissements massifs dans les infrastructures routières et les transports en commun, y compris pour financer la construction d'une nouvelle ligne de trains de banlieue reliant les zones excentrées via un anneau de 54 kilomètres qui sera opérationnel cet automne.
Les critiques de Sergueï Sobianine, dont l'opposant Alexeï Navalny, accusent toutefois la rénovation de la ville d'être minée par la corruption. Ils regrettent aussi que le projet donne l'occasion à la municipalité de la ville de déloger les vendeurs et les artistes de rue.
Sur l'Arbat, l'une des artères les plus touristiques de Moscou, le musicien Sergueï Sadov raconte avoir été arrêté l'an dernier pendant qu'il jouait de la guitare et accusé de "trouble à l'ordre public". La plupart des autres artistes de rue ont connu des sorts similaires et se sont vu confisquer leurs instruments, affirme-t-il. "Les bureaux de la préfecture sont bondés d'instruments de musique et de portraits", regrette le musicien. "Ils construisent toutes ces rues piétonnes mais elles sont vides".
L'artiste de rue Iakov Poulnov assure que 130 de ses collègues ont néanmoins réussi à persuader les autorités de les laisser occuper une quinzaine d'endroits sur l'Arbat après des mois de négociations. "Pourquoi devrions-nous partir? C'est notre rue", lance Vladimir Dotsoïev, qui dessine des portraits sur la célèbre artère depuis plus de 30 ans. Les artistes de rue affirment que toutes leurs activités doivent désormais être intégrées dans des événements parrainés par la municipalité, tels que le "Festival de la confiture" ou le "Festival des glaces".
A l'inverse, deux festivals de musique alternative d'ampleur ont été annulés à la dernière minute sur décision des autorités.
"On remplace la vraie vie publique par des ornements décoratifs", a regretté l'influent architecte russe Eugène Asse dans une récente interview sur le site Internet d'opposition Open Russia.