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Pour rendre hommage à cette première participation inédite à plusieurs égards, le Maroc, invité d'honneur et premier pays arabe et africain à participer au Denkmal, a marqué les esprits avec le déploiement d'une kasbah grandeur nature de 50 m2, conçue en terre cuite dans la pure tradition architecturale marocaine.
A l'intérieur, l'exotisme culmine pour les nombreux visiteurs et exposants, plongés dans l'atmosphère marocaine avec les tapis Taznakht, la dinanderie, les tables sculptées en cuivre et en bois, ainsi que le zouaq aux motifs géométriques, symboles du savoir-faire authentique des maâlem marocains. On se croirait presque à Aït Ben Haddou… sans les températures glaciales qui sévissent actuellement en Allemagne.
Si, au premier regard, le décor évoque effectivement Ouarzazate, il s’inspire non moins de Laâyoune, Tanger, Fès ou Marrakech, reflétant la mosaïque culturelle de la civilisation marocaine. Chaque région du Royaume y laisse son empreinte à travers des ornements typiques, témoins d'une histoire multiséculaire aux composantes à la fois arabo-islamique, amazighe et saharo-hassanie.
Pour Kamal Mekouar, co-concepteur de la kasbah et membre de la délégation marocaine au Denkmal-2024, qui était composée d’architectes, d'experts, de bureaux d’études et de contrôle, ainsi que de professeurs universitaires, l’idée a été de créer une ambiance conviviale et accueillante où chaque coin de la kasbah évoque une région différente du Maroc.
D’un point de vue technique, il explique dans une déclaration à la MAP que la kasbah est construite avec des matériaux durables et résistants aux intempéries, comme du bois hydrofuge et de la terre cuite végétale. Ce procédé vernaculaire marocain garantit une fraîcheur en été et un espace tempéré en hiver grâce à une circulation de l'air optimisée, a-t-il indiqué.
Le stand, avec son volume impressionnant et son architecture unique, a captivé les visiteurs, suscitant un vif intérêt et une atmosphère festive qui a favorisé les échanges avec les visiteurs et professionnels européens sur des projets de reproduction de la kasbah dans d’autres lieux en Europe, s’est réjoui M. Mekouar.
L’un des instigateurs du projet, Zouhair Bennani, secrétaire général adjoint de la branche marocaine du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS), a souligné l’importance de conjuguer l’expertise patrimoniale du Maroc avec celle de l'Allemagne afin d'adopter des pratiques de restauration durable et adaptées aux spécificités locales.
A ce titre, un comité interculturel a été mis en place par la partie marocaine, avec le soutien du Denkmal, afin de coordonner la collaboration entre les institutions marocaines et allemandes, et de favoriser la réflexion, notamment sur la valorisation du patrimoine par de nouveaux usages, les innovations dans les matériaux locaux, ainsi que la réglementation et le savoir-faire en construction parasismique en terre.
Si la kasbah de Leipzig a conquis le cœur des visiteurs et des exposants européens, ajoutant une touche singulière à cette 15e édition de la biennale, certains ont fait du Maroc leur terre d’adoption pour explorer de plus près les spécificités de son savoir-faire architectural, les assimiler, en assurer la transmission et les exporter en Allemagne et en Europe.
C’est le cas de Tatjana Barbara Barzi-Vogt et de Manfred Fahnert, deux passionnés de l'héritage architectural marocain, notamment de la maîtrise de la terre cuite et des constructions en adobe et en pisé, qui, depuis plusieurs années, ont jeté leur dévolu sur des régions comme Agdez et l’arrière-pays d’Essaouira.
"Je suis allée au Maroc pour la première fois à l'âge de 21 ans et je suis rapidement tombée amoureuse du pays. J’y retourne régulièrement depuis, inspirée par la beauté des paysages, la créativité de la culture marocaine et la mentalité des habitants", a confié à la MAP Mme Barzi-Vogt, spécialiste en communication et cheffe de projet basée à Berlin.
Ce lien personnel et émotionnel avec le Maroc l’a menée à s’investir dans des projets liés au patrimoine marocain et à la construction en terre, veillant à ce que cet héritage technique soit transmis et partagé au-delà des frontières marocaines, notamment auprès d’étudiants internationaux.
Après Zouhair et Barbara, le comité interculturel est complété par Manfred Fahnert, fils adoptif de la région d'Agdez, où, depuis plus de vingt ans, il a appris aux côtés des maâlem la maîtrise de la terre cuite, jusqu’à en devenir l’un des spécialistes les plus reconnus en Allemagne.
Tout au long du Denkmal (7-9 novembre 2024), M. Fahnert était à l'œuvre avec sa truelle et son grattoir, dans un espace adjacent à la "kasbah de Leipzig", réalisant, sous les yeux émerveillés des visiteurs, une kasbah miniature typique d'Agdez.
Aujourd’hui, s’il est un rêve que l’homme aimerait voir se réaliser, c’est celui de créer une école de construction en terre dans la région, qui a conquis son cœur, Agdez, afin d’accueillir des apprentis artisans du monde entier et de les former aux techniques traditionnelles de l’art architectural marocain.
Par Zin El Abidine Taimouri (AFP)