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La désignation de cette date comme Journée internationale de la femme n’a pas été décidée dans le cadre des agendas des festivités relatives aux sujets à intérêts mondiaux de la part des Nations unies, pour bénéficier d’une place importante dans le classement organisationnel.
La référence historique nous interpelle, encore une fois, ce 8 mars.
Tout a commencé le 8 mars 1857 quand des ouvrières du secteur du textile ont manifesté dans les avenues de New York pour revendiquer l’égalité dans le salaire et l’amélioration de leurs conditions de travail.
Ce qui a été une déclaration d’autonomie du mouvement féminin et de sa spécificité. En 1910, le Congrès international des femmes socialistes organisé à Copenhague a proposé aux Nations unies la désignation d’une Journée internationale de la femme.
Le mouvement féminin n’a pas attendu la réponse favorable de l’instance onusienne et a célébré l’occasion pour la première fois le 19 mars 1911 en Autriche, en Allemagne, au Danemark et en Suisse.
Depuis, plusieurs manifestations ont vu le jour dans plusieurs pays comme la Russie en 1913. Il a fallu attendre 1977 pour que les Nations unies désignent le 8 mars, Journée internationale de la femme.
Une grande distance nous sépare des militantes syndicalistes de New York et de la première célébration de cette fête universelle. Il s’agit de la distance du parcours du mouvement féminin de toutes ses composantes politiques, syndicales et associatives basées sur les sacrifices et les luttes pour la déclaration des droits de la femme.
Et si certains avaient qualifié ce mouvement de «féministe», ceci n’a pas empêché que la vérité historique atteste des conditions objectives qui ont fait que les revendications féminines émanent d’un mouvement de femme quand la société a été en panne d’équité.
Personne ne nie l’exploitation dont a souffert la femme –qui perdure- dans toutes les sociétés, à savoir l’exploitation économique, sociale et sexuelle. Ce qui a été toujours qualifié par certains, chez nous, comme étant un aspect social ordinaire de chaque société. Et pourtant cette dernière évolue constamment dans le sens d’adopter des paramètres humains, d’équité et de justice.
Sur ce, les militantismes du mouvement féminin, à tous les niveaux, devraient suivre les voies du militantisme social et politique afin de trouver une place censée garantir à la femme une reconnaissance de ses droits.
Le mouvement féminin marocain n’est pas isolé de cette tendance universelle. Nous n’avons pas besoin d’interpeller l’Histoire du moment que cela a donné naissance au parcours de notre mouvement d’aujourd’hui.
Mais je juge symbolique de rappeler la parole d’Abdallah Laroui lors d’une conférence sur l’enseignement au début des années 80. Laroui a considéré que trois paramètres ont favorisé le développement de la société occidentale : «la pluie, la liberté de la femme et la démocratie».
Des ressources naturelles, une mutation sociale et un cadre politique en parfaite symbiose nous permettent de nous interroger sur la situation de la femme marocaine en ce 8 mars. Ainsi, la liberté de la femme est liée à la démocratie. De ce fait, nous pouvons dire que la liberté de la femme est une composante élémentaire pour le projet de la société démocratique.
De notre point de vue, la question est toute simple pour formuler au préalable des interrogations innocentes sur la possibilité de la concrétisation de ce projet à travers des paramètres du handicap social. Est-il possible d’écarter la femme de la participation à ce projet en tant que sujet social ou comme acteur politique?
La femme marocaine en tant que sujet pose la problématique dans la politique sociale du fait qu’elle est considérée comme illustration sociale de la démocratie. Nombreuses sont d’ailleurs les doléances relatives à ce domaine. Les principes de la parité, de l’égalité des chances et du bannissement de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes nécessitent une politique sérieuse. Les programmes devant faire face à la marginalisation et la précarité sociale dont souffre la femme marocaine doivent être une priorité, dans les secteurs de l’enseignement, la formation, l’emploi et la santé.
Ce sont là les conditions nécessaires pour que la femme surmonte les entraves et que l’édification démocratique, dans son aspect social, soit harmonieuse et complète. Les aspects de la marginalisation et de la précarité dont souffre la femme ne favorisent pas cet édifice qui ne peut se réaliser en ignorant lesdits aspects vu leurs dimensions et influences sociales.
Qu’est-ce qui a donc dicté le principe du quota si ce n’est ce retard historique véhiculé par les aspects précités ?
Comment peut-on mettre en application le principe de l’égalité des chances ? Si on ne pose pas ses conditions sociales, l’intervention de l’instance législative reste hors de propos. Et la situation sociale de la femme fonctionnaire est fort éloquente.
De ce fait, l’adoption des lois sur la base de l’égalité ne suffit pas. C’est un acquis, certes, mais la concrétisation de ce principe aux niveaux économique, social et politique requiert des mesures traduisant une volonté politique, adoptant l’approche genre et consolidant l’égalité.
Ceci nous amène à parler de la femme en tant qu’acteur politique, puisque dans la pratique sa participation constitue sans conteste l’un des piliers fondamentaux de la société démocratique. Etre acteur politique passe inéluctablement par l’action de surmonter les obstacles et de faire face aux résistances hostiles à cette participation. Cette action semble être nécessaire pour cette adhésion, d’où ce lien incontournable entre les solutions apportées à la situation sociale de la femme et sa participation dans l’action politique. Un lien enrichi par les expériences sociétales et les références des droits humains. Est-il nécessaire de parler des deux pactes internationaux de 1966 relatifs aux droits économiques, sociaux et culturels et aux droits civils et politiques dès lors que les droits de l’Homme sont indissociables.
Trouver des solutions à la situation de la femme nécessite la réunion de toutes les conditions à sa participation politique. Dans ce cadre, le principe du quota semble indispensable en vue d’accélérer cette opération de la participation politique, un tribut dont s’acquitte la société en raison de l’exclusion et du préjudice causé à la femme pendant longtemps. Ce principe de quota ne peut être interprété autrement, car il est exigé par le projet de la société démocratique. Il ne peut être commenté comme devant affecter la parité et l’égalité des chances, puisque ce principe n’est en fin de compte qu’un moyen de parvenir à cette parité souhaitée.
La question de la femme doit absolument figurer dans l’agenda des réformes souhaitées le plus tôt possible, que ce soit au niveau de sa situation sociale ou de sa participation politique.
C’est ce qui répond de manière anticipée aux aspirations de la société pour ne pas manquer un autre rendez- vous historique et porter un autre préjudice à la femme.
* Secrétaire nationale du Secteur féminin de l’USFP