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Le ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime a expliqué que le Fonds en question ne dispose que de son budget initial, à savoir les 1,3 milliard de DH alloués annuellement et que 50 MMDH seront versés ultérieurement par les ministères concernés avant de les transférer vers les services extérieurs et les régions ciblées tout en précisant qu’il faut attendre la mise sur pied d’un programme détaillé des projets concernés par ces 50MMDH qui ne seront pas dépensés d’une seule traite. En d’autres termes, le Fonds ne constituera qu’une plateforme de coordination des actions de différents intervenants et que les fonds collectés seront acheminés vers les projets concernés.
Evoquant le sort des ressources financières allouées à ce Fonds pour les années précédentes, le ministre a indiqué qu’entre 2013 et 2016, son département, chargé de la gestion de 60% du budget du Fonds, a consacré un milliard aux projets de désenclavement des campagnes qui ont permis la mise en place de 2.000 km des routes rurales. Quant aux projets d’aménagement hydro-agricole, ils ont bénéficié de 765 millions de DH, les projets du troisième pilier, à savoir les plantations, l’équipement et la valorisation, ont bénéficié de 729 millions de DH et le projet de développement des zones oasiennes et de l’arganier de 262 millions de DH. Le ministère de l’Agriculture a consacré, par ailleurs, 537 millions de DH à la lutte contre la sécheresse et déboursé 195 millions de DH pour affronter les dégâts des inondations.
Pourtant, la réponse du ministre ne semble pas avoir convaincu les députés qui estiment que le ministre a esquivé les vraies questions comme celle des critères de choix des régions bénéficiaires et celle de l’exclusion de certaines régions comme Fkih Ben Salah. C’est le cas également pour les modalités de financement et de gestion des 50 MMDH en question. Seront-ils mis à la disposition du seul ministère de l’Agriculture ? Seront-ils versés en tranches étalées sur plusieurs années ? Et qu’en est-il de la position du gouvernement concernant certains présidents de régions qui ont fait le panégyrique de cette manne lors de leurs campagnes électorales et qui ont commencé à faire des promesses à leurs administrés la concernant ?
Et last but not least, qu’en est-il de l’urgence de la situation d’autant qu’une étude du ministère de l'Intérieur avait révélé que 28.000 douars vivent dans la précarité soit 30% de la population globale ? En effet, la situation du monde rural frise la catastrophe. Un rapport de l'Unicef a, dans ce sens, mis en lumière le fait que le monde rural est le premier à souffrir de la pauvreté. Laquelle touche 22% des familles rurales contre 7,9% des familles urbaines et périurbaines, selon le Hau-commissariat au plan (2004). Le taux de pauvreté est même supérieur à 30% dans plus du quart des communes rurales et dépasse les 40% dans une centaine d’entre elles.
Le même rapport a également rappelé qu’au plan sanitaire, les femmes rurales enregistrent un taux de mortalité maternelle de 267 pour 100.000 naissances vivantes, contre 187 pour 100.000 en milieu urbain.
Les soins prénatals, qui se résument souvent à une seule visite médicale au cours de la grossesse (au lieu des trois recommandées), ne concernent que 48% des femmes rurales, contre 89% des citadines. Lorsqu’elles accouchent, seules 38% des femmes rurales sont assistées par un personnel formé, contre 83% en milieu urbain. Etroitement liée à l’état de santé de la mère, la mortalité néonatale (enfants de moins de 28 jours), est dramatiquement élevée : 33‰ en milieu rural, contre 24‰ en milieu urbain. De même, la mortalité infantile (enfants de moins d’un an) atteint 55‰ en milieu rural, alors qu’elle se limite à 33‰ en milieu urbain. De plus, 16% des enfants ruraux de 12 à 23 mois n’ont pas achevé leur vaccination et plus de 11% des enfants ruraux souffrent de malnutrition aiguë. Ces indicateurs de santé alarmants s’expliquent en partie par l’accès limité des populations rurales aux infrastructures de santé publique. Notamment à cause de facteurs socioéconomiques (pauvreté, manque d’instruction, défiance à l’égard des services publics, etc.) et géographiques. Près d’un tiers (31%) des familles rurales vivent, en effet, à plus de dix kilomètres d’un service de santé de base et 35% d’entre elles souffrent d’un enclavement saisonnier.
Sur le plan de l’éducation, la situation du monde rural est également très critique, explique l'Unicef si on la compare à celle des zones urbaines. En 2005-2006, le taux d’inscription des enfants de quatre et cinq ans dans le préscolaire ne dépassait pas 35% alors que la moyenne nationale s’élevait à 60%. La même année, le taux net de scolarisation des filles dans le primaire (6-11 ans) s’élevait à 87,1% en milieu rural, contre 92,9% en milieu urbain. Au collège, le taux net de scolarisation des enfants de 12 à 14 ans se limitait à 53,9% en milieu rural alors qu’il atteignait 91% en milieu urbain. Pour les filles, l’écart était encore plus marqué: une fille rurale avait deux fois moins de chances qu’une fille urbaine d’accéder au collège. Au total, plus des trois quarts des enfants de 9 à 14 ans qui ne vont pas à l’école sont issus du milieu rural dont une majorité des filles. Que faut-il attendre encore pour réagir?