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Durant les onze premiers mois de 2008, ce réseau relevant de l'Union de l'action féminine a accueilli 3327 cas au sein des différents centres d'écoute dont il dispose à l'échelon nationale. De la même manière qu'il a dispensé pas moins de 495 consultations téléphoniques, soit une moyenne de 45 appels téléphoniques par mois. L'analyse des différents cas recueillis montre que la violence touche plus les femmes analphabètes que les lettrées, et ce, à hauteur de 52%, contre 24% pour les femmes qui ont le niveau primaire, 12% le niveau collégial, 10% le secondaire et 2% pour les femmes ayant un niveau universitaire. Par catégorie socioprofessionnelle, l'on relève que 45% des femmes violentées sont des femmes au foyer, 24% sont des fonctionnaires et 31% exercent des professions libérales dont 11% sont des ouvrières et surtout 20% travaillent en tant que bonnes dans les foyers. En l'absence d'une loi déterminant les conditions de leur travail, les bonnes, y compris les moins âgées d'entre elles, continuent de subir les pires supplices et souffrent de complications physiques et psychiques. Selon le réseau, 5% des cas reçus bénéficient aujourd'hui d'un suivi psychologique.
Les enfants ne sont pas épargnés puisque le réseau a reçu sept situations, parmi eux trois cas, tous de sexe féminin, recueillis par le centre Annajda à Rabat, dont une enfant née en 2005, violée par un voisin, une autre en 1999 a été brûlée dans son école et la dernière, née en 1996, a été harcelée sexuellement et menacée de brûlures. Pour ce qui est des formes de violences perpétrées sur ces femmes, la violence conjugale vient en tête avec 1160 cas, suivie par la violence économique, avec 594 cas, laquelle s'érige en le refus de s'acquitter de la pension alimentaire.
La violence psychique (519 cas), la négligence de la famille (313 cas), l'expulsion du domicile conjugal, ou le refus d'inscrire les enfants sur le livret de l'état civil ou encore la violence sexuelle sont d'autres formes de violences subies par les femmes.
Tout aussi intéressante, l'analyse des caractéristiques de la personne qui violente. Environ 27% de ces hommes sont des salariés, suivis par la catégorie de policiers, les militaires et les gendarmes qui sont responsables de 17% des cas recensés. A ce propos, le réseau met en exergue l'extrême état de terreur vécue par les plaignantes qui doutent de la possibilité de trouver une issue à leurs problèmes, eu égard notamment au pouvoir détenu par les mis en cause. La même théorie du niveau scolaire s'applique pour les «violenteurs», dans la mesure où 36% d'entre aux ont un niveau scolaire qui ne dépasse pas le primaire, 20% le collégial, 22% le secondaire et 7% le supérieur.
L'Union de l'action féminine qui a donné hier un point de presse pour rendre publiques ces données a mis par la même occasion à l'index les problématiques que pose l'application de la moudawana qu'il faut réformer en vue de permettre à la femme de jouir pleinement de ses droits. Il s'agit en l'occurrence de la question de la confirmation du mariage dont le délai fixé au 05 février 2008 par la moudawa, touche à sa fin.
Autres questions, celle du Fonds de solidarité familiale qui tarde à voir le jour, ou encore celle de l'expulsion de l'épouse du foyer conjugal et qui n'est pas encore entourée de toutes les garanties nécessaires visant à éviter à l'épouse une telle indignation. L'UAF demande enfin la fixation de l'âge de mariage de la fille mineure à 17 ans. Le vide actuel laisse en effet la porte ouverte à toutes les exactions, conclut-elle.
Amina SALHI