2013 sera-t-elle l’année du changement au Maghreb ?


Par Rachid Wahib *
Jeudi 10 Janvier 2013

2013 sera-t-elle l’année du  changement au Maghreb ?
Aborder les problèmes du Maghreb en ce début de nouvelle année, c’est d’abord formuler des vœux pour que s’amorce enfin entre les cinq Etats du Grand Maghreb, cette union dont la perspective figure dans tous les discours officiels, mais qui, jusqu’ici, ne s’est guère inscrite dans les faits. 2012 fut même une  année morose pour le Maghreb. On constate, certes, que s’ébauchent de temps à autre des rapprochements entre tel ou tel pays. Mais l’expérience prouve qu’ils sont généralement superficiels ou circonstanciels, qu’ils relèvent de la tactique au lieu de répondre à une volonté commune de travailler à l’unification au-delà des dissemblances idéologiques, des griefs et des rancœurs.
L’année 2013 apportera-t-elle des réponses à toutes nos attentes et à nos espérances ? Permettra-t-elle de dissiper le flou qui continue d’entourer la vie politique, économique et sociale en Tunisie et en Libye ? La nouvelle année viendra-t-elle éloigner définitivement l’ogre qui ne cesse de menacer le processus de transition démocratique et, partant, la sécurité, l’unité et la stabilité de ces deux pays, en l’occurrence la violence politique et le terrorisme ?
Après une année en Tunisie, difficile, agitée et ponctuée de nombreuses crises, on a eu l’impression que le pays ressemble à un bateau ivre. Plus d’une année après l’élection du 23 octobre 2011, ni la nouvelle Constitution du pays n’a été élaborée, ni les instances qui devraient régir les prochaines élections, le système judiciaire ou le secteur de l’information ne sont devenues opérationnelles. L’économie du pays n’a pas réussi à retrouver son rythme normal, les régions intérieures n’ont pas observé un début de changement et la situation sociale ne s’est pas améliorée de façon optimale...
Au regard de ce constat peu reluisant, nous formulons l’espoir pour que l’année 20132 soit meilleure que la précédente.
Notre premier vœu est de voir les instances prendre la mesure de la gravité de la situation, assumer leurs responsabilités et se mettre rapidement à l’ouvrage par l’élaboration de la nouvelle Constitution. Une Constitution qui soit le fruit d’un large consensus entre toutes les forces politiques et sociales nationales tunisiennes. Une loi fondamentale qui ne doit pas approfondir les divisions entre les Tunisiens, mais plutôt les rassembler autour d’un projet commun. Un projet qui est censé donner corps à l’Etat civil et démocratique, aux libertés et aux droits auxquels tous les Tunisiens ont toujours aspiré. En dépit de toutes les dissensions, les polémiques et les querelles qui ont jusqu’ici bloqué ce processus, il est encore possible de rattraper le temps perdu et de rectifier le tir en recentrant le débat sur des objectifs communs et des ambitions communes et qui expurgerait ce projet de toute approche partisane ou idéologique. Dans cette phase décisive que le pays connaît, il faut admettre qu’il est encore en période de transition et de construction de la nouvelle démocratie. Pour cela, la voie est balisée dans la mesure où «il n’y a qu’une façon d’apprendre, c’est par l’action».
On souhaite que 2013 pour la Tunisie comme la Libye, et c’est notre deuxième vœux, vienne exaucer une attente de plus en plus pressante: l’organisation des élections dans leurs délais. Même si aucune date définitive n’est encore annoncée, l’organisation des élections présidentielles et législatives est de nature à ouvrir de nouvelles perspectives devant les deux pays, à chasser le doute et le flou, à restaurer la confiance et à mettre fin à un attentisme que les milieux politiques, économiques et sociaux ont de plus en plus du mal à supporter. Cela présuppose l’achèvement dans les délais impartis de la rédaction puis de l’adoption de la nouvelle Constitution et, surtout, la fixation d’une feuille de route définitive et consensuelle sur les prochaines échéances politiques.
L’intérêt  de ces pays réside dans leur stabilité et leur sécurité qui restent tributaires de la disposition des uns et des autres à parvenir à un compromis qui les sortirait de l’engrenage des polémiques et des surenchères politiques improductives.
Le troisième vœu se rapporte à la capacité de ces  pays, en cette période de fortes turbulences, de juguler la violence politique et le terrorisme. Des phénomènes qui constituent désormais une menace réelle pour la sécurité de ces pays en préservant leur unité et leurs intérêts vitaux. L’émergence de groupes terroristes  se réclamant d’Al-Qaïda au Maghreb islamique et la multiplication des incidents, du Sud au Nord, et des cas de saisie d’armes et de munitions, exigent plus que jamais un engagement fort et un traitement efficace qui mettraient ces groupes hors d’état de nuire.
Notre quatrième vœu est d’ordre économique pour le Grand Maghreb.
Puisse les pays retrouver, en cette nouvelle année, le chemin d’une croissance soutenue, solidaire et durable et de la paix sociale. Le défi est de taille, dans la mesure où le secteur productif national fait face à une crise aiguë et à des pressions énormes tant au plan intérieur qu’extérieur. Pour pouvoir espérer une relance effective de l’activité, une évolution significative de l’investissement, une amélioration notable de la productivité, une impulsion réelle de l’effort de création d’emplois et une bonne résistance aux chocs exogènes, une seule condition devrait être satisfaite : restaurer la confiance. Cette dernière sera tributaire de la nature et de la qualité du signal que la sphère politique sera en mesure d’émettre.
Enfin, le cinquième vœu pour 2013 se rapporte à l’efficacité de l’action gouvernementale de tous les pays du Maghreb. On espère ainsi que le feuilleton du remaniement ministériel, longtemps annoncé mais non encore opéré, trouve vite son épilogue. Que de temps perdu dans des questions superflues, alors que les projets publics inscrits au calendrier peinent à démarrer, et les programmes, devant répondre à des attentes, parfois urgents, dans ces différents pays du Maghreb, sont encore en souffrance dans les tiroirs en raison de la complexité des procédures politiques et administratives !
Le temps est venu des résolutions pour la nouvelle année, un moment propice à la réflexion. Si l’année écoulée n’a pas été vraiment bonne, il est temps d’espérer que la prochaine sera meilleure pour l’ensemble des pays du Maghreb. Puisse Dieu guider nos dirigeants et nos peuples sur la bonne voie.
*Maghrebinfo




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