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«Sitôt informée de la création dudit bureau, l’administration a procédé aux licenciements de ses membres ainsi que d’autres salariés dont le seul crime est d’être d’anciens syndicalistes. Le pire, c’est que le management a justifié ces licenciements par des motifs fictifs comme l’incompétence de certains ouvriers alors qu’ils ont plus de 10 ans d’expérience ou par l’incitation à la violence au sein de l’entreprise comme ce fut le cas pour moi et pour une autre ouvrière», nous a déclaré Mohamed Charki, membre d’un syndicat avant de poursuivre : «Mais, l’administration de ECI ne s’est pas s’arrêtée là. Elle a fait appel aux services d’une société de sécurité privée afin de contraindre le personnel licencié à ne pas rejoindre son poste de travail. Les agents de cette dernière n’ont pas hésité à tabasser sauvagement ces travailleurs licenciés dont certains ont été transportés à l’hôpital dans un état critique sous le regard bienveillant des agents de l’autorité locale. Pis, cette même entreprise n’a pas hésité à proférer des menaces à l’encontre des autres ouvriers afin de les contraindre à se désolidariser avec nous, ce qui constitue une violation flagrante de la Constitution marocaine, de la législation du travail en vigueur et des principes stipulés dans les conventions internationales relatives aux droits humains, économiques et sociaux».
Mais pourquoi cet acharnement contre un droit garanti autant par le texte constitutionnel que par la loi ? «ECI ne veut pas de bureau syndical parce qu’elle ne veut pas engager de dialogue responsable sur les revendications des salariés afférentes essentiellement au respect de la législation du travail en vigueur», nous a révélé notre source. D’après elle, les violations et atteintes du Code du travail sont légion. «L’entreprise ne rémunère pas correctement les heures travaillées. Elle nous paie 7 h et demie de travail alors qu’on travaille 8 heures par jour. De même que pour les heures supplémentaires et celles effectuées la nuit et les jours de repos hebdomadaire, les ouvriers n’ont droit ni à une majoration ni à une quelconque rétribution. Idem en ce qui concerne le respect des normes de sécurité et de santé au travail puisque les accidents sont fréquents en raison du matériel et des matières utilisés dans la production», nous a indiqué Mohamed Charki.
La politique de recrutement du personnel de l’entreprise a été également pointée du doigt par notre source. Selon elle, cette politique en dit long sur l’indifférence dont le management d’ECI fait montre concernant la protection des droits des travailleurs. «Cette société fraîchement installée dans la zone franche et dont le siège se trouve à Saint-Louis dans le Missouri recrute souvent via des contrats d’intérim ou ANAPEC qui ne garantissent en rien la stabilité de l’emploi puisque leur durée de vie ne dépasse pas les 6 mois pour le premier type et deux ans pour le second. Pire, ces contrats permettent d’éviter de s’acquitter des charges sociales. D’ailleurs, plusieurs ouvrières ne sont enregistrées ni auprès de la CNSS ni auprès d’une quelconque mutuelle».
Contactée par nos soins, l’entreprise en question n’a pas jugé utile de répondre à nos appels. Un membre du service des ressources humaines de celle-ci n’a pas daigné prendre acte des messages que nous lui avons adressés.
Pourtant, la situation des travailleurs d’ECI n’est pas unique. Un rapport intitulé «Maroc, zones franches, droits des travailleurs et stratégies syndicales» établi par le Bureau international du travail (BIT) a constaté également les pratiques antisyndicales des employeurs de la zone et la passivité de l’administration quant à l’application de la législation en matière de libertés syndicales. En effet, les employeurs ne tolèrent pas la création de bureaux syndicaux dans les entreprises et les autorités administratives n’assument pas leurs responsabilités en matière de respect de la législation du travail.
Les pratiques les plus attentatoires au droit d’organisation demeurent, entre autres, le licenciement des travailleurs syndiqués ou de ceux qui tentent de s’organiser en syndicats; la non-exécution des jugements en faveur des salariés; la limitation de la mobilité des cadres syndicaux à l’intérieur des entreprises et l’interdiction des réunions syndicales à l’intérieur de celles-ci, a révélé l’étude.
Des pratiques qui créent un climat de terreur parmi les salariés de toute la zone puisque les syndicalistes licenciés, étant placés sur des listes noires, se trouvent automatiquement interdits de contracter d’autres emplois dans la zone franche de Tanger.