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La lutte contre le terrorisme a ses statistiques. Et elles sont édifiantes. Depuis 2002, 132 cellules terroristes ont été démantelées et 2720 personnes ont été arrêtées.
119 attentats à l’explosif ont été déjoués. 109 projets d’assassinats et 7 projets d’enlèvement ont été évités alors que 41 attaques à main armée ont été empêchées.
Le combat contre le terrorisme a désormais ses hommes, ses patrons, ses locaux ultramodernes et flambant neufs. C’est à Salé, coïncé entre la prison Zaki, la Cour d’appel et la préfecture, que le Bureau central des investigations judiciaires a pris ses quartiers. La construction de l’édifice a été achevée il y a peu. Dans le quartier, personne ne soupçonnait que le FBI made in Morocco allait s’installer ici, à Hay Salam. Dans le quartier, les jeunes pensaient qu’il s’agissait simplement d’une extension de la prison centrale.
La bâtisse faite de béton, granit et verre est placée sous haute surveillance. Des hommes cagoulés portant casques, lunettes noires et mitraillettes à la main sont partout à l’extérieur et à l’intérieur du siège du bureau central. Des caméras dernier cri, placées sur les toits, scrutent l’horizon. En costume sombre, des officiers sont postés dans les couloirs, d’un étage à l’autre. Bienvenue au Bureau central des investigations judiciaires.
Des armes introduites
depuis Mellilia
Une fois la porte franchie –après plusieurs contrôles et un portique détecteur de métaux- une fontaine et des plantes vertes donnent une (fausse) impression de sérénité. On est dans l’antre de la lutte contre le terrorisme, le crime organisé, le grand banditisme et trafic de drogue. Et pour une fois la discrétion n’est pas de mise. Ce lundi 23 mars 2015, le BCIJ a ouvert ses portes à la presse. Opération médiatique contrôlée où rien n’a été laissé au hasard. Pour son baptême de naissance, le Bureau central des investigations judiciaires a fait fort, recueillant les fruits de cinq mois d’enquête et de surveillance. En rencontrant les journalistes, celui qui préside aux destinées du BCIJ présente aussi et surtout la toute dernière opération de ses hommes : le démantèlement dimanche 22 mars d’une cellule terroriste formée de 13 hommes âgés de 19 à 37 ans. L’opération a eu lieu simultanément dans 8 villes dont Tanger, Agadir, Bejaad, Tiflet, Ain Harrouda et Laâyoune orientale. Dans l’une des planques, à Agadir, les éléments des forces spéciales font des découvertes qui en disent long sur les projets des présumés jihadistes marocains, ceux-là mêmes qui avaient prêté allégeance au calife de l’Etat islamique, Al Baghdadi.
Abdelhak Khiame fait l’inventaire des pièces à conviction qui devaient être soumises à l’analyse scientifique. « 400 cartouches, six pistolets de marques différentes de type Beretta, Star, Zovika et Browning, une quarantaine de menottes en plastique, une bouteille de poison, 18 téléphones portables, des ordinateurs, des clés USB, des jumelles. Les armes ont été introduites depuis Mellilia », indique le haut responsable sécuritaire.
Des petits-fils d’Ibn Tachfine
qui ont fait allégeance
à Al Baghdadi
En garde à vue depuis dimanche, les 13 présumés terroristes –leurs familles ont été officiellement informées de leur arrestation et ils ont été examinés par un médecin qui leur a délivré des certificats médicaux attestant de leur bonne santé- affichent fièrement leur appartenance à Daesh. D’ailleurs, les membres de cette cellule agissaient directement sous les ordres des dirigeants de l’EI.
Quant à leur profil, il raconte l’histoire presque ordinaire de jeunes Marocains qui ont fait allégeance à l’Etat islamique après avoir d’abord été proches d’Al Qaïda. La cellule terroriste nourrissait le projet d’instaurer « une wilaya de l’Etat islamique fi bilad Al Maghrib Al Aqsa, Ahfad Youssef Ibn Tachfine (l'Etat islamique au Maroc, les petits-fils de Youssef Ibn Tachfine), Sur tous les fronts, ici et là-bas, ils sont aussi à l’origine du recrutement et de l’envoi en Syrie et en Irak de 108 volontaires jihadistes marocains, bénéficiant d’un financement étranger, en provenance notamment de France et d’Espagne.
Femmes et enfants
partis du Maroc vers
l’Etat islamique
« Pour moi, ce sont d’abord des professionnels du crime », commente le patron du BCIJ. Et pour cause. Particulièrement imprégnés des méthodes Daesh, les 13 présumés jihadistes comptaient les reproduire sur le sol marocain. Dans leurs macabres desseins, enlèvement, décapitations, égorgements de personnalités politiques et civiles et de militaires. Seule l’identité de l’activiste amazigh Ahmed Assid a été révélée à la presse. A Bejaad, les marabouts de Bouabid Cherki et ses fils allaient être détruits.
Reste enfin des interrogations toujours sans réponse. Comment Daesh réussit-il à endoctriner de jeunes Marocains ? Comment ces jeunes d’ici basculent-ils vers l’extrémisme, le terrorisme, la barbarie ? Au nom de quelle idéologie vont-ils combattre aux frontières de la Syrie et de l’Irak ? 1355 combattants marocains sont présents dans la zone de conflit syro-irakienne. 246 d’entre eux sont morts sur le front en Syrie. Daech peut aussi compter sur 500 combattants marocains actifs dans ses rangs. L’Etat islamique ne recule devant rien : 135 enfants et 185 femmes ont quitté le Maroc pour la Syrie et l’Irak.