-
Annulation des accords Maroc-UE: Dépassée et sans impact la décision de la CJUE
-
L’USFP réitère sa position constante de soutien au droit du peuple palestinien à l’établissement de son Etat indépendant et appelle à la protection de l’intégrité territoriale du Liban
-
Le chef du gouvernement représente SM le Roi au XIXème Sommet de la Francophonie
-
Le Groupe des amis du multilatéralisme se réunit à Stockholm pour repenser l'avenir de la coopération internationale
-
Ahmed Lahlimi Alami fait le point sur le RGPH 2024
L’événement est important. Ce ne sont pas de simples assises ; encore moins une journée d’études. Les organisateurs convoquent à des états généraux, c'est-à-dire à un exercice XXL où les grandes orientations de la culture au Maroc vont être décidées. Des recommandations ont d’ailleurs été émises au terme de cette journée où se sont retrouvés le ban et l’arrière-ban culturels de chez nous. Des propositions aux différentes parties prenantes -ministères de la Culture, de l’Education, des Finances, du Tourisme, de l’Industrie... mais aussi aux artistes, acteurs culturels, organisations de la société civile, médias- ont été faites pour que la culture soit un facteur de développement humain, de cohésion sociale et de développement économique. C’est la même itération qui a traversé ce 12 novembre les états généraux de la culture au Maroc, le nécessaire travail en commun entre les institutions publiques, les acteurs culturels et la société civile.
Et s’il faut rendre grâce à l’Association «Racines» qui a œuvré pour procéder à un travail d’inventaire et de diagnostic de la culture en terre marocaine pour rendre possible la tenue de ces états généraux, cela témoigne, dans le même temps, de l’incapacité du gouvernement Benkirane à imaginer, installer et mettre en branle une politique culturelle.
«Le projet, né en septembre 2012 de la volonté commune d’acteurs culturels et de chercheurs, intervient à un moment où le ministère marocain de la Culture et les autorités publiques, nationales et locales, affichent une volonté de mise en place d’une politique culturelle clairement définie en terme d’objectifs », tempèrent toutefois ceux et celles de l’association organisatrice de cette manifestation.
Que fait le ministère
de la Culture ?
Il n’empêche, la discrétion voire le retrait du département de la culture pose question. L’exercice de diagnostic des arts et de la culture ne devait-il pas être effectué par les services de Amine Sbihi? L’évaluation des politiques culturelles passées ne devait-elle pas être le fait du ministère de la Culture? Ce département ne doit-il pas être au cœur de la réflexion relative aux pistes possibles de développement d’un champ culturel bouillonnant qui éclot dans tous les sens? « Il appartient aux pouvoirs publics, donc au ministère de la Culture d’élaborer ce qu’il convient d’appeler la carte culturelle du pays. Les structures, les espaces dédiés, les ressources humaines, le statut et les droits des créateurs, le financement de la culture, bref les conditions d’une créativité libre doivent être rendus possibles par le travail de ce département qui est responsable de la politique culturelle du pays ! », s’exclame cet acteur culturel de la place.
Hommes et femmes de culture sont les premiers à le proclamer. La culture est l’âme de la démocratie. La diversité culturelle conjuguée à la liberté de créer loin du « religieusement correct » sont les fondements d’une politique culturelle inscrite dans le cadre d’un projet de société moderniste et démocratique.
« Rien n’est jamais irréversible en démocratie et rien n’est jamais complètement acquis non plus. Le Maroc n’a pas encore complètement franchi le gué. De nombreuses lois doivent voir le jour pour donner corps à l’esprit de la nouvelle Constitution. Et c’est justement au Parlement, haut lieu de la législation, que la bataille de la démocratie et de la modernité se jouera. Toute la question réside dans le degré de tolérance, d’ouverture et de démocratie dont font montre les forces politiques en présence. C’est la marque de fabrique de notre pays. Ces forces sont-elles capables de s’arrimer à l’universalisme, la caractéristique principale de la démocratie dont la culture est un vecteur fondamental ? Voici la vraie question», soutient ce membre de l’Union des écrivains du Maroc.
«Modernité», un gros
mot pour le PJD
C’est un homme de gauche, Amine Sbihi, qui occupe le portefeuille de la Culture au sein du gouvernement Benkirane. Faut-il encore en faire une lecture politique «positive» sur le mode d’un PPS sauvegardant les acquis démocratiques et modernistes ? Pas vraiment. Le ministre de la Culture s’accroche plus au devoir de solidarité avec le gouvernement auquel il appartient qu’à la promotion d’une culture libre, innovante, inspirée. «A l’évidence, ce responsable de gauche appartenant à un Exécutif conservateur n’a pas su, n’a pas pu s’inspirer de la devise de l’ancien premier ministre français, le socialiste Lionel Jospin qui affirmait dans sa déclaration de politique générale que la culture est l’âme de la démocratie », commente ce célèbre plasticien.
Principale force de la coalition gouvernementale, les islamistes du PJD creusent lentement mais sûrement leur sillon. Si les déclarations intempestives sur l’art propre, la création halal et autres festivals œuvre de Satan sont moins audibles, le projet reste le même. Derrière la bannière du patrimoine et de la culture authentique, le parti islamiste de M. Benkirane entend ne laisser aucune place à l’art qui innove, crée, fusionne, ne s’interdit aucune inspiration ni influence. Dans sa déclaration gouvernementale devant le Parlement, le chef du gouvernement n’a jamais prononcé le mot « modernité ». Etats généraux de la culture ou pas, c’est un signe qui ne trompe pas.