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Et selon certaines sources médiatiques, les premières têtes auraient déjà commencé à tomber comme à la DGSN où plusieurs sécuritaires auraient été démis de leurs fonctions pour cause d’enrichissement illégal.
Les mêmes sources ont précisé que ces enquêtes pourraient viser, dans un deuxième temps et préalablement à la tenue des prochaines élections législatives, des leaders politiques, des syndicalistes et des acteurs associatifs.
Les autorités marocaines sont-elles en train de lancer une opération «mains propres», à l’instar de l’opération coup de poing menée en Italie de 1982 à 1992 ? Si oui, pourquoi maintenant ? Pourquoi les autorités semblent-elles découvrir, aujourd'hui, le phénomène tant décrié de la corruption des élites ? Qu’en est-il des centaines de pages de rapports établis par les juges de la Cour des comptes ? L’état de la corruption est-il si grave au point de susciter une telle purge ? Mieux, quelles seront les garanties assurant la transparence et l’intégrité des commissions chargées de mener ces enquêtes ? Le Maroc ne risquera-t-il pas de reproduire le scénario de la campagne d'assainissement de 1995 orchestrée par Driss Basri, ex-ministre de l’Intérieur, pour régler ses comptes avec des industriels et autres hommes d'affaires marocains ? Le gouvernement ne compte-t-il pas se servir de l’opération actuelle pour régler lui aussi ses comptes avec ses adversaires politiques d’autant que le chef de l’Exécutif ne cesse de les accuser de corruption et d’enrichissement illégal ? En fait, pas plus tard qu’avant-hier et lors de la réunion du comité national du PJD, Benkirane a accusé Hamid Chabat, secrétaire général du Parti Istiqlal et Ilyas El Omari, secrétaire adjoint du PAM, d’enrichissement illicite. Il les a même accusés d’être devenus des milliardaires du jour au lendemain.
Autres questions et pas des moindres, quel sort sera réservé aux fortunes suspectées ? Seront-elles saisies par l’Etat ou le gouvernement va-t-il se contenter de fermer les yeux à leur propos ? Et que risqueront les contrevenants en fait ? Une simple radiation de la Fonction publique ou des poursuites pénales ? A toutes ces questions, la réponse semble difficile à trouver. En fait, si la corruption et l’enrichissement illégal gangrènent la société marocaine, la lutte contre ces deux fléaux ne passe pas par des mesures politiciennes et médiatiques. L’échec de l’opération « Mains propres » lancée au début des années 1990 en Italie en dit long.
Le Maroc a besoin de plus qu’une simple chasse aux sorcières à connotation électoraliste. Il a besoin de mesures radicales pour moraliser la vie politique et non de mesurettes isolées, maladroites et inadaptées et qui peuvent certes alimenter le discours populiste du gouvernement, mais dont les conséquences pourraient se révéler incalculables dans un avenir prévisible. De fait, il n’y a rien à attendre de patent d’un gouvernement qui, sous le slogan électoral de la lutte contre toutes les formes de prévarication, n’a fait que s’en tenir à son inamovible et sempiternelle devise : « Dieu pardonnera ce qui est advenu ». Les hommes politiques qui se respectent ne le devraient pas puisqu’ils doivent faire respecter la loi et veiller à ce qu’elle soit appliquée à tous avec la même rigueur, sans exclusion ni exclusive. Est-ce le cas pour l’équipe Benkirane ?