​Les grosses failles du contrôle sanitaire au Maroc

Sur 1.503 communes, seules 240 disposent de services appropriés


Hassan Bentaleb
Jeudi 9 Avril 2015

​Les grosses failles du contrôle sanitaire au Maroc
Sommes-nous protégés contre les produits alimentaires périmés ? En effet, sur 1.503 communes que compte le Maroc, seules 240 disposent d’un bureau de contrôle sanitaire chargé  de la  surveillance et du contrôle des denrées  alimentaires d’origine végétale ou animale. Sur 240 bureaux, 70% manquent de ressources humaines, financières  et de matériels, a révélé récemment une source du ministère de l’Intérieur. 
Cette dernière a indiqué que l’année 2014 a été marquée par la saisie et la destruction de 37 tonnes de viandes rouges et blanches et de poissions ainsi que 22.000 litres de lait, de boissons gazeuses et de jus sans parler de 224 tonnes de farine, de boîtes de conserves, entre autres... 
Le représentant du département de l’Intérieur a ajouté également que l’année dernière a connu le retrait d’autorisations à 108 lieux de restauration  et la fermeture de 201 d’entre eux ainsi que l’envoi de 1.308 avertissements.  
Pour Mohamed Dahbi, secrétaire général de l’Union générale des entreprises et professions (UGEP), ces chiffres ne sont que la partie visible de l'iceberg puisqu’ils ne reflètent pas la réalité. « Le chiffre  de 37 tonnes de viandes et poissons avérés avancé par le ministère de l’Intérieur reste improbable car pour Casablanca uniquement,  on compte entre 40.000 et 50.000 tonnes de viandes provenant d’abattage clandestin consommées par la population de la capitale économique, soit plus de 30% de la production annuelle », nous a-t-il précisé. Pour lui, les statistiques du ministère de l’Intérieur restent insuffisantes et  ne sont donc pas fiables  puisque le contrôle sanitaire ne fait pas partie des prérogatives de ce département. « Les seuls chiffres à prendre en compte restent ceux de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires chargé, entre autres, d’assurer la protection sanitaire du patrimoine végétal et animal national et de contrôler les produits végétaux et animaux ou d'origine végétale ou animale, y compris les produits de la pêche, à l'importation, sur le marché intérieur et à l'exportation ainsi que la surveillance sanitaire des animaux,  leur identification et leurs mouvements », nous a-t-il déclaré avant d’ajouter : « L’ONSSPA doit jouer son rôle en exerçant  ses attributions et ses missions explicitement définies par l'article 2 de la loi n° 25-08 portant sa création ». 
Pour sa part, Jamal Abouah, président de l’Association de protection du consommateur,   a estimé que ces chiffres sont effrayants   et démontrent l’indifférence de certains commerçants aux risques et dangers qui menacent la santé des citoyens.  « La liste révélées par le ministère de l’Intérieur est alarmante puisqu’il s’agit des produits alimentaires les plus consommés par les Marocains ». 
Un état de fait dû, selon lui, à un manque criant de contrôle sanitaire. « Comment peut-on envisager de protéger les consommateurs contre les produits alimentaires impropres  avec un seul médecin pour  chaque ville ? C’est une aberration d’autant que ce dernier est appelé à contrôler à lui seul  plus de 2.000 lieux de restauration», nous a déclaré notre source avant d’ajouter : « Quant au monde rural, il n’y a pratiquement pas de contrôle puisqu’il n’y a pas de médecins ». 
Mais, il n’y a pas que le déficit en ressources humaines qui pose problème, les multiplications des intervenants dans le domaine du contrôle rendent cette mission des plus délicates. « Aujourd’hui, la responsabilité de surveillance et de contrôle est éparpillée entre les ministères de l’Intérieur, de la Santé, de l’Agriculture et la Gendarmerie Royale et cela complique davantage la coordination et l’efficacité du travail de tous ces départements. Ceci d’autant plus que ces contrôles opérés sont souvent menés sans  matériels adéquats pour découvrir les fraudes », a-t-il conclu.


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