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Depuis la diffusion du reportage le 11 décembre dernier, on savait Dr Chraïbi dans le collimateur du ministre de la Santé et qu’il n’allait pas échapper à des représailles. Houcine Louardi avait alors saisi le Conseil de l’ordre des médecins et le doyen de la Faculté de médecine de Rabat pour examiner le non-respect de l’éthique du chef de service de la maternité des Orangers. « J’ai été effectivement entendu par le président du Conseil de l’ordre et les membres du bureau. Ils n’ont strictement rien à me reprocher après m’avoir écouté », fait savoir M. Chraïbi. Ses pairs ne le condamneront pas. C’est le ministre de la Santé qui instruira le procès (d’intention), prononcera la sentence et l’exécutera.
Le sort de celui qui préside aux destinées de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin était visiblement scellé. Six semaines après le reportage d’Envoyé spécial, Chraïbi est limogé. Que lui reproche-t-on exactement ? Spécieuses, les versions ont changé au fil des semaines. La non-autorisation de tournage des équipes de France 2 a été le tout premier grief brandi contre le médecin jugé trop «bavard». Faux, rétorque le mis en cause. Le ministère de la Communication avait en effet délivré toutes les autorisations requises aux journalistes d’Envoyé spécial. Le tournage a d’ailleurs duré 15 jours à l’intérieur même du service que dirige le Dr Chraïbi. Et personne n’est intervenu pour empêcher les caméras de filmer et les journalistes de faire leurs interviews au motif du non-respect de la réglementation en vigueur en matière de tournage.
Les chiffres des
avortements clandestins
Aujourd’hui, ce sont les chiffres sur les avortements clandestins au Maroc qu’il a communiqués sur France 2 qui lui sont reprochés. «On me reproche d’avoir donné des chiffres erronés sur l’avortement clandestin. Que le ministère de la Santé me prouve le contraire en me donnant ses chiffres à lui, s’ils sont officiels. Il faut prouver ce qu’on me reproche. On me reproche également d’avoir filmé des personnes à visage découvert. Contrairement à ce que dit le ministère, nous avons demandé l’autorisation à ces personnes», a déclaré Chafik Chraïbi à nos confrères de H24.
Force est de le reconnaître, le débat sur l’avortement clandestin au Maroc n’a pas été ouvert à l’occasion du reportage de l’émission que présentent Guilaine Chenu et Françoise Joly sur France 2. Fondateur de l’association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin, Chafik Chraïbi a eu le mérite de faire de l’avortement hors milieu médical et donc clandestin une affaire publique qu’il a portée jusqu’au Parlement. Il y a 4 ans, c’est bien le groupe parlementaire du PJD à la Chambre des représentants qui a organisé en partenariat avec l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin une journée d’études sur cette question. Il révélera aussi des chiffres effarants qui témoignent d’une réalité terrible : entre 600 et 800 Marocaines avorteraient clandestinement tous les jours dans des conditions sanitaires effroyables. Et pour cause, le Code pénal sanctionne l’avortement qui n’est autorisé que dans les cas où la vie ou la santé de la mère sont menacées. Pas question au Maroc d’interrompre une grossesse causée par un viol, un inceste et encore quand il s’agit de malformations fœtales graves.
Une page de soutien au Pr Chraïbi a été créée sur les réseaux sociaux. Elle compte déjà plusieurs milliers de membres. C’est la liberté d’expression d’un médecin qui s’élève contre les boucheries provoquées par des avortements pratiqués de manière clandestine qui a été sanctionnée par le ministre de la Santé, un homme issu du peuple de gauche. Sous le gouvernement Benkirane, les atteintes aux libertés individuelles ne se comptent plus.