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Vainqueur des législatives de fin 2011 dans le contexte du Printemps arabe, le Parti justice et développement (PJD) avait fait de la lutte contre ce phénomène, qui gangrène la société, son cheval de bataille, à l'unisson des nombreux slogans scandés à l'époque par les manifestants du mouvement pro-réformes du 20 Février.
Attendue de longue date, la «Stratégie nationale de lutte contre la corruption» a, pour la première fois, été discutée mi-janvier par le Conseil de gouvernement. Mais ses contours n'ont pas encore été révélés, alors que les échéances électorales approchent à grand pas: scrutins locaux à l'été 2015 puis législatives l'an prochain.
Abdelilah Benkirane, qui remettra en jeu son poste de chef du gouvernement en 2016, se sait attendu sur cette question. En janvier, le patron du PJD a reconnu en public que le gouvernement n'avait «pas pu lutter contre la corruption de la manière souhaitée», tout en affirmant, dans un communiqué, qu’elle amputait le pays de quelque deux points de PIB. Une affirmation qui a mal cadré avec la montée en puissance du nombre d’affaires que la presse nationale a médiatisé.
Au début du mois, dix gendarmes et 15 policiers ont été arrêtés après avoir été filmés, à leur insu, par des citoyens. Les premiers jugements ont donné lieu à des peines de six mois de prison ferme.
Fin janvier, deux agents de police de Casablanca ont été promus pour avoir refusé un pot-de-vin de 100.000 dirhams proposé par un trafiquant de drogue.
Des affaires ont également touché le secteur de la justice, pour lequel un projet de réforme est en cours.
Il y a deux semaines, un juge a été arrêté à Marrakech en flagrant délit, avec sur lui un pot-de-vin. En octobre, un autre juge avait lui aussi été condamné pour corruption. Mais la sentence -deux ans avec sursis- symbolise la relative timidité, à ce jour, de cette lutte.
Le combat contre la corruption «avance, mais lentement», a récemment fait valoir le président de l'Instance centrale de prévention de la corruption (ICPC, officiel), Abdeslam Aboudrar, d'après qui il faudra «10 ans» au Maroc «pour parvenir aux standards internationaux».
S'il reconnaît les difficultés, le gouvernement avait fait montre d’un semblant de bonne volonté en diffusant des clips TV et radio condamanant ce phénomène. Une des images montrait par exemple des billets de banque circulant d'une main à l’autre, avec un panneau d'interdiction dessus.
Mais pour le président de Transparency Maroc, Abdeslam Sadok, le bilan des efforts du gouvernement est «plus que modeste».
Le principal problème consiste toujours, selon lui, en un «manque de volonté politique», illustré par des projets désormais «en deçà des ambitions» initiales.