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Force est de le reconnaître, la déclaration annuelle du Réseau amazigh pour la citoyenneté sur la situation des droits linguistiques et culturels amazighs au Maroc durant l’année 2014 donne toutes les raisons de s’inquiéter.
« L’année 2014 a connu de nombreuses violations des droits de l'Homme. Des violations qui portent atteinte de manière directe ou indirecte aux droits linguistiques et culturels des Amazighs au Maroc. 2014 s’est notamment distinguée par la violation du droit d'organisation. Il faut ici rappeler que le ministère de l'Intérieur a lancé une attaque contre des associations de la société civile à travers une campagne mettant en doute l'intégrité de leur patrimoine. Ce même département sécuritaire a porté atteinte directement au droit d'organisation et d'encadrement des citoyens. Azetta amazigh n'a pas échappé à cette campagne à l'instar de l'Association marocaine des droits de l'Homme. Nous avons été interdits d’organiser une session de formation à Oujda le 12 avril 2014, et ce, bien que les responsables du Réseau Azetta aient rempli toutes les conditions juridiques. De même Azetta amazigh a été privée d’apposer des affiches d’information, à l’occasion de son 4ème congrès tenu à Rabat. Ce qui constitue une violation flagrante du droit d'expression et un bannissement des rôles de la société civile. Il peut sembler paradoxal que le ministre de l'Intérieur ait entamé sa campagne enragée immédiatement à l’issue du dialogue national sur la société civile », soutient l’activiste amazigh et avocat dans le civil, A. Arrehmouch.
Toujours pas de loi organique pour définir le caractère officiel de la langue amazighe
Les militants imazighen n’en finissent pas d’égrener la longue liste des discriminations dont ils font l’objet. La consécration de l’identité amazighe du Maroc par la Constitution adoptée en 2011 n’est, font-ils valoir, que formelle. Et si l’amazigh a été proclamé, au même titre que l’arabe, langue officielle d’un Royaume qui a choisi la réconciliation avec toutes les composantes de son identité, la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe est loin d’être effective. « Nous attendons toujours la promulgation de la loi organique définissant la mise en œuvre de l’amazigh en tant que langue officielle. Aucune instance compétente n'a pour l’heure dévoilé sa conception d’une telle loi comme elle n’a pas suscité de débat ni mené une réflexion à ce sujet. Plus inquiétant encore, le gouvernement et le Parlement ont écarté la proposition civile relative à la loi organique en question formulée par «Azetta amazigh. Aujourd’hui gouvernement et majorité veulent fuir leurs responsabilités en essayant de faire passer l’officialité de la langue amazighe pour une question de souveraineté, histoire de refiler la patate chaude au Palais», explique le coordinateur du Réseau Azetta.
Les activistes imazighen le rappellent avec amertume : l’arsenal juridique actuellement en vigueur porte toujours les manifestations de discrimination et d'exclusion à l'encontre de la langue amazighe. « L’année 2014 n'a enregistré l’abrogation d’aucun de ces textes, mais au contraire, les départements gouvernementaux se sont efforcés de promulguer des textes et des lois aggravant l'impact de la discrimination et de l'exclusion. De plus, l'Etat a ignoré certains champs nécessitant des législations qui seront en faveur de la langue amazighe », peut-on lire dans le rapport annuel sur la situation des droits linguistiques et culturels amazighs au Maroc.
Des revendications qui n’ont pas pris une ride
La conclusion tombe comme un couperet : l'Etat ne remplit pas ses promesses et ses obligations internationales dans le domaine des droits linguistiques et culturels amazighs. De l’interdiction des prénoms amazighs à l'absence de programmes gouvernementaux d'alphabétisation en langue amazighe en passant par celle de la langue amazighe dans les activités culturelles scolaires, les défaillances sont nombreuses et témoignent de la même politique de discrimination.
Et en ce 66ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’Homme, les revendications du peuple amazigh n’ont pas pris une ride : lever l'injustice constitutionnelle sur la langue et l’identité amazighes, mettre en place des institutions fortes capables de réhabiliter, de fortifier, et de protéger la langue amazighe, « nettoyer » l'arsenal juridique de tous les textes qui accentuent la discrimination contre les Amazighs, réexaminer toutes les politiques et procédures qui visent l’expropriation des terres et des ressources naturelles propres aux groupes et tribus.
Le gouvernement les entendra-t-il ? Prêtera-t-il l’oreille aux doléances des activistes imazighen ? Pas sûr surtout si l’on sait qu’en trois ans de pouvoir, le chef du gouvernement n’a jamais reçu les représentants d’associations amazighes.