​Le Covid-19 souffle sur les braises du conflit social

La CGEM demande au gouvernement de surseoir à la revalorisation du SMIG


T. Mourad
Vendredi 19 Juin 2020

Abdelhamid Fatihi : Il est important de maintenir l’augmentation des salaires prévue par l’accord de 2019

​Le Covid-19 souffle sur les braises du conflit social
Un conflit social entre les centrales syndicales et le patronat semble se profiler à l’horizon. La cause, la demande faite par les patronats d’ajourner la mise en application de l’accord d’augmentation des salaires.
Lors de la session mensuelle consacrée à la politique générale tenue mardi dernier à la Chambre des conseillers en présence du chef du gouvernement Saad Eddine El Otmani, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a demandé officiellement au gouvernement le report de la revalorisation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG).
Dans son intervention lors de cette session, AbdelilahHifdi, président du Groupe parlementaire de la CGEM à ladite Chambre a tout bonnement demandé de suspendre la hausse de 5% du SMIG, prévue initialement le 1er juillet prochain, et de la reporter au 1er juillet 2021.
Il y a lieu de signaler que Mehdi Tazi, vice-président de la CGEM, avait affirmé au début de ce mois sur le plateau de l'émission Confidences de presse, qu' « il ne s'agit pas d'une annulation mais d'un report ». Et d’ajouter : « Ce n'est pas une position opportuniste de la CGEM qui veut profiter de cette crise pour enlever les 5%... pas du tout ! », tout en soulignant que la demande de la CGEM vise à « préserver des emplois ».
Cette demande de la CGEM a suscité l’ire des centrales syndicales qui ont affirmé que ni la crise sanitaire,ni celle économique causées par le Covid-19 ne sauraient justifier un tel report.
« Il n’y a aucune raison qui justifie la demande de la CGEM de suspendre la hausse de 5 % du SMIG », a martelé Abdelhamid Fatihi, secrétaire général de la FDT, dans une déclaration à Libé.
« L’on sait que le SMIG actuel appliqué au Maroc est faible. Pour cela, nous estimons qu’il est important de maintenir la hausse prévue par l’accord de 2019 », a précisé Abdelhamid Fatihi, soulignant que les ouvriers et les salariés sont la catégorie sociale la plus touchée par la crise sanitaire du Covid-19 (chômage partiel, licenciement…), «  pour cela, il ne faut pas que les salariés payent la facture des répercussions de cette crise sanitaire ».
D’autant que les entreprises marocaines, selon ce syndicaliste, ont bénéficié de l’aide de l’Etat et des mesures fiscales et bancaires pour qu’elles puissent faire face à la crise liée au Covid-19.
Il y a lieu de souligner que le ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’administration a lancé un produit « DamaneOxygene » dans le cadre de la mise en œuvre des mesures décidées par le Comité de veille économique, visant l’atténuation des effets de la crise induite par le Covid-19 et ses impacts sur les entreprises par « la mobilisation des ressources de financement en faveur des entreprises dont la trésorerie s’est dégradée à cause de la baisse de leur activité ». Le produit couvre également « 95% du montant du crédit ». Il permet donc aux banques de mettre en place rapidement des découverts exceptionnels pour financer le besoin en fonds de roulement des entreprises cibles. Par ailleurs, ces financements bancaires, qui s’ajoutent aux lignes déjà existantes, couvrent jusqu’à « 3 mois de charges courantes ».
Le secrétaire de l’UMT, MiloudiMoukharik, a, pour sa part, exprimé son refus catégorique de la proposition de la CGEM, soulignant dans des déclarations à des médias marocains que la hausse du SMIG ne concerne que 5 %, et donc il faut l’appliquer dans le délai prévu.
"Se cacher derrière les dommages causés par la crise sanitaire est inacceptable. Beaucoup d'entreprises se trouvent dans une situation stable et la masse salariale est fondamentalement faible », a-t-il affirmé. Et d’ajouter que l’atteinte au SMIG n’est pas justifiée, soulignant que sa centrale syndicale a fait une étude sur les dépenses de personnes qui reçoivent le SMIG et a constaté que ce salaire ne permet auxsmigards de couvrir que les dépenses de 11 jours seulement, tandis qu’ils couvrent le reste du mois via la solidarité familiale.
Entre la proposition des patronats et le refus catégorique des centrales syndicales de cette proposition, le gouvernement reste jusqu’à présent indécis et l’on ne sait pas encore vers qui il va déplacer son curseur.


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