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La lune de fiel entre l’Association marocaine des droits humains (AMDH) et le gouvernement Benkirane continue de plus belle. Dimanche 15 février, les forces de l’ordre font l’assaut du siège central de l’AMDH. La scène est ubuesque et se déroule au cœur de la capitale. Il est environ 17 heures. Selon les témoignages des activistes de cette ONG de défense des droits humains, dans le viseur de Mohamed Hassad, le ministre de l’Intérieur, une quarantaine d’éléments de la police ont violemment investi les locaux. Une membre de l’ADMH aurait même été brutalisée par les forces de l’ordre qui l’auraient immobilisée à terre, indique un communiqué de l’Association marocaine des droits humains. «Cette militante qui détenait les clés a été bousculée. Les policiers l'ont mise par terre, quatre ou cinq bonshommes les genoux sur la poitrine lui ont enlevé les clés, et sont rentrés à l'intérieur pour appréhender les journalistes et saisir tout le matériel", a déclaré sur les ondes de RFI Taïb Madmad, le secrétaire général de l’ONG.
Les forces de l’ordre ont investi l’immeuble où se trouve le siège de l’AMDH dans la matinée du dimanche. Ce n’est qu’en fin d’après-midi que la décision de passer à l’action a été prise. L’intervention brutale et musclée avait pour but de procéder à l’arrestation de deux journalistes français, en tournage au Maroc. « Auparavant, une dizaine de policiers en civil ont frappé à la porte de l’association et ont exigé qu’on leur remette les journalistes en question. Ce que nous avons refusé de manière catégorique », précise un activiste présent sur les lieux. Les journalistes français finiront, de leur propre gré, par suivre les forces de l’ordre. La suite rappelle des pratiques que l’on croyait révolues. Leur matériel sera saisi sur ordre du parquet et eux seront expulsés. Deux communiqués officiels signés du ministère de la Communication et de la wilaya de Rabat sont dans la foulée publiés pour expliquer l’inexplicable et justifier l’injustifiable. “Ni le ministère de la Communication, ni aucun service qui en relève ou sous sa tutelle n’a accordé d’autorisation de tournage à une chaîne française pour la réalisation d’un reportage, conformément aux dispositions de la loi 20-99 relative à l’organisation de l’industrie cinématographique”, souligne le département aux destinées duquel préside l’islamiste Mostafa El Khalfi.
Expulsés 24 heures après
la visite-réconciliation
de Cazeneuve
Quant aux autorités de la wilaya de la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, elles enfoncent un peu plus le clou du ridicule et de l’inadmissible en annonçant l’expulsion du Maroc « à partir de ce dimanche, de deux ressortissants français qui résidaient dans un hôtel à Rabat ». Les raisons de cette expulsion sont loin d’être convaincantes. Les autorités évoquent des agissements suspects sans pour autant les expliciter. « Cette décision intervient suite à des agissements suspects et illégaux des intéressés en violation de la réglementation en vigueur en matière de reportage de presse et est conforme aux dispositions de la loi N. 02.03 relative à l’entrée et au séjour des étrangers au Royaume du Maroc », fait valoir la wilaya de la capitale.
Faux, rétorque Paul Moreira, le patron de la boîte de production pour laquelle travaillent les deux professionnels. Les journalistes qui préparent un documentaire sur le Mouvement du 20 février dont c’est le cinquième anniversaire auraient demandé depuis plusieurs semaines une autorisation à Rabat, sans avoir de réponse. Ce qui leur avait fait croire, fait-il valoir, qu'ils pouvaient travailler dans la légalité ».
L’expulsion aura lieu ce même dimanche, 24 heures après la visite-réconciliation avec Rabat du ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.
"Expulsion des journalistes de Premières lignes après celle des reporters de France 24. Pourquoi le Royaume est-il aussi nerveux ?", twittait Paul Moreira dimanche soir.
Ce lundi 16 février, le bureau central de l’AMDH a fermement condamné la l’intrusion dans ses locaux ainsi que la brutalité policière, dénonçant une violation des libertés publiques et une atteinte aux défenseurs des droits de l’Homme. A l’évidence, les libertés et en particulier celles de presse et d’expression font peur à Benkirane et à son gouvernement.