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Des menaces confirmées par d’autres sources qui ont révélé que certains observateurs redoutent un exode massif vers l’Europe de migrants irréguliers d’Afrique noire ou de Syrie, voire même des pays maghrébins . Pareille opération sera organisée par des trafiquants "pour la plupart d’anciens miliciens du régime. Des risques dont le Daily Telegraph s’est fait l’écho en se basant sur le document d'un think tank anglais qui a indiqué que le groupe terroriste Etat islamique espère "inonder le nord de la Libye de ses soldats pour leur permettre ensuite de traverser la Méditerranée en se faisant passer pour de simples migrants irréguliers".
Mais faut-il vraiment croire les chiffres avancés par les milices de Daech en Libye ? De fait, la manipulation et le trafic des statistiques sont monnaie courante dans le domaine de la migration et chaque partie les gonfle ou les réduit selon ses propos intérêts. Pour certains spécialistes, les chiffres en question sont à prendre avec des pincettes, notamment dans un pays où il n’existe ni système de recensement des entrées et des sorties du territoire, ni procédure fiable d’enregistrement des migrants irréguliers, encore moins une estimation sérieuse de la population migrante.
Ces mêmes spécialistes avancent que cette manipulation des chiffres ne date pas d’aujourd’hui. Khadhafi a déjà joué à ce jeu en amplifiant l’importance du « danger migratoire » en rendant publics des chiffres énormes de migrants en transit en Libye et en accréditant l’hypothèse d’une probable survenue d’une vague déferlante de migrants qui envahirait l’Europe. Des thèses fortement manipulées pour instrumentaliser les opinions publiques et pousser l’Europe à consentir davantage d’aides financières. Une déformation de la réalité qui perdure et que les Etats et les médias européens accréditent encore.
Les spécialistes vont plus loin. Ils estiment que ces chiffres restent peu probables vu la situation instable en Libye et ses répercussions sur les migrants. En fait, un grand nombre d’entre eux cherche à quitter ce pays devenu de plus en plus dangereux. Ils sont souvent victimes de traitements brutaux, dégradants et attentatoires aux conventions internationales et régionales de protection des droits de l’Homme ratifiées par la Libye.
La Fédération internationale des droits de l’Homme a noté lors de ses missions dans ce pays que la guerre civile a provoqué la fuite des populations étrangères devenues plus que jamais vulnérables en raison des violences, de la perte de leurs emplois et de l’insécurité ambiante. L’Organisation internationale des migrations (OIM) a indiqué en 2011, que 778.981 migrants ont fui le pays et plus de 96% d’entre eux ont franchi les frontières terrestres de la Libye (en majorité vers la Tunisie et l’Egypte) et été rapatriés vers leurs pays d’origine. Seulement 4% d’entre eux seraient arrivés par bateaux sur les côtes européennes.