​L’Institut Elcano met en relief l’insoutenabilité de la présence espagnole à Sebta et Mellilia

Le rapport «Regard sur le Sud : de la Méditerranée au Sahel» rendu public en présence de Pedro Morenés


Mourad Tabet
Jeudi 11 Décembre 2014

​L’Institut Elcano met en relief l’insoutenabilité de la présence espagnole à Sebta et Mellilia
L’Institut espagnol Elcano a rendu public, mardi dernier en présence du ministre de la Défense, Pedro Morenés, un rapport intitulé «Regard espagnol sur le Sud : de la Méditerranée au Sahel».
Ce rapport qui met en garde contre l’insoutenabilité économique, démographique et identitaire de Sebta et Mellilia à moyen terme, rappelle que, durant plusieurs siècles, ces deux présides occupés formaient une communauté mono-ethnique, de petite taille, composée de militaires, de leurs familles et d’un petit secteur de service. Il rappelle également qu’il a interdit à la population marocaine d’y résider jusqu’en 1868. Depuis lors, celle-ci a crû progressivement. Mais à partir des années 60, son taux de croissance s’est accéléré. 
Selon le premier et unique recensement de cette population daté de 1987, les musulmans constituaient 32% de la population de Mellilia (17.000 personnes) et 18% de la population de Sebta (12.000 personnes). En 1986, la majorité des musulmans résidant dans les deux présides occupés y sont nés (75% dans le cas de Sebta et 70% dans celui  de Mellilia), mais n’avaient pas la nationalité espagnole.
Le rapport évoque également ce qu’il appelle «la marocanisation» de la population de ces deux villes qui est essentiellement due à l’augmentation du nombre de mariages et de la natalité. En effet, les deux présides enregistrent le taux de mariages le plus élevé d’Espagne. Il s’élève à 5,6 à Sebta et 4,3 à Mellilia par an pour 1.000 habitants, alors que la moyenne espagnole est de 3,5. En 2011, 75% des enfants nés à Mellilia sont de pères espagnols qui portent des noms arabes (70% en 2007). 
Selon les statistiques de 2013, 22% de la population de cette ville est née au Maroc, alors que ce taux était de 16% en 2006. Par contre, 10% des habitants de Sebta sont nés au Maroc (7% en 2006).
Ce changement démographique présente trois dangers, selon Elcano. Le premier consiste en un risque de conflit social car «la structure économique des deux villes ne permet pas l’intégration de cette  population dans des conditions acceptables». Le rapport ajoute, par ailleurs, que les taux de chômage enregistrés à Sebta (38%) et à Mellilia (32%) sont les plus élevés d’Espagne. La marginalisation sociale frappe de plein fouet la population musulmane qui enregistre le taux de chômage le plus élevé, réside dans des habitats insalubres et connaît des taux élevés d’échecs scolaires.
Le deuxième danger est la ségrégation sociale entre les populations musulmane et espagnole. A titre d’exemple, la population d’origine marocaine est  concentrée dans certains quartiers, alors que la population espagnole l’est dans d’autres. Les enfants de cette dernière fréquentent des écoles privées, alors que ceux issus de parents musulmans sont scolarisés dans les écoles publiques. «La coexistence entre les populations musulmane et hispanique n’est pas toujours facile, et cette dernière préfère parler de coexistence plus que d’intégration pour définir cette relation. Le lien social entre les deux communautés est faible, comme l’atteste cette séparation résidentielle et scolaire», souligne le rapport d’Elcano. Le même document écarte, par ailleurs, le fait que la population d’origine marocaine épousera, à court terme, les revendications du Maroc sur les deux présides, soit pour des raisons de prestations sociales, soit à cause de son poids politique limité. Cependant, cette donne pourrait changer à long terme à cause de l’augmentation du poids politique des minorités qui passent d’une position de quémandeurs de concessions des partis majoritaires à celle où elles pourraient défendre les symboles de l’identité musulmane, amazighe ou marocaine. Ce qui pourrait provoquer, selon la même source, «une tension centre-périphérie semblable à celle qui existe entre le gouvernement central espagnol et plusieurs communautés autonomes». 


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